Les plus anciennes tombes musulmanes de France découvertes à Nîmes

Des fouilles ont permis de découvrir trois tombes musulmanes à Nîmes, dans le Gard, de loin les plus anciennes découvertes en France et qui sont les premiers indices de la présence de communautés de musulmans dans le sud du pays au début du Moyen-Age.

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"On savait que les musulmans sont venus en France au VIIIe siècle mais on n'avait jusqu'alors aucune trace matérielle de leur passage", explique l'anthropologue Yves Gleize, de l'Institut français de recherches archéologues (INRAP), principal auteur de cette recherche publiée mercredi aux Etats Unis dans la revue Plos One.

Rites funéraires musulmans


On disposait de quelques pièces de monnaie et de fragments de céramique, signes d'échanges commerciaux mais rien de plus, précise-t-il, et ce contrairement à la Péninsule Ibérique au sud des Pyrénées qui a été sous occupation arabe pendant des siècles.
En l'occurrence, les trois tombes ont été excavées près d'une grande avenue de Nîmes à l'occasion de la construction d'un parking souterrain. Elles montrent clairement des rites funéraires musulmans : les corps de trois hommes étaient placés sur le côté, la tête regardant dans la direction de la Mecque.

Les tombes musulmanes les plus anciennes


Des analyses des ADN prélevés sur des dents et les os indiquent qu'ils étaient d'origine nord-africaine. Ils étaient âgés respectivement de 20 à 29 ans pour l'un, d'une trentaine d'années pour le deuxième, et de plus de 50 ans pour le troisième. Ils n'avaient aucune trace de blessure.
La datation radiométrique des ossements les fait remonter entre les VIIe et IXe siècles, précisent les chercheurs. Jusqu'à présent, la plus ancienne sépulture musulmane découverte en France, à Marseille, datait du XIIIe siècle.

Probablement des squelettes de Berbères


Une autre mise au jour à Montpellier pourrait remonter au XIIe siècle. Selon ces anthropologues, toutes ces données laissent penser que ces trois squelettes appartenaient à des Berbères enrôlés dans l'armée du califat d'Omeyyades durant la conquête arabe en Afrique du Nord au VIIIe siècle.
Les lignées génétiques maternelles et paternelles des trois squelettes sont relativement rares dans la population française moderne, soulignent-ils. Par rapport à la Péninsule Ibérique ou à l'Italie, il est clair que l'impact génétique de l'occupation arabe est bien moindre en France, pointent les chercheurs.

"Une occupation musulmane au VIIIe siècle dans le sud de la France"


Pour Yves Gleize, "l'analyse archéologique, anthropologique et génétique de ces sépultures du début de l'époque médiévale à Nîmes fournit des preuves matérielles d'une occupation musulmane au VIIIe siècle dans le sud de la France". Cependant il n'est pas possible avec ces indices de savoir quelle était la taille de ces communautés dont la présence est aussi attestée dans des textes anciens qui relatent la présence de musulmans à Nîmes entre 719 et 752.
Mais ils ne sont pas restés très longtemps. Charles Martel a pris le contrôle de la ville en 737, cinq ans après la victoire décisive de Poitiers contre les Sarrasins, la détruisant peut-être pour punir la population qui avait accepté la protection des musulmans, supputent ces anthropologues.

Coexistence des Musulmans et Chrétiens


Signe d'une possible co-existence de ces musulmans avec les populations autochtones, les trois tombes étaient relativement proches de sépultures chrétiennes. Et toutes ces tombes se trouvaient à l'intérieur d'une enceinte romaine qui devait délimiter une communauté urbaine, précisent les chercheurs. Plusieurs historiens ont avancé l'hypothèse qu'à Narbonne, qui a été un temps sous domination musulmane au début du Moyen-Age, les populations locales ont peut-être accepté une sorte de protection pour en échange pouvoir préserver leurs lois et leurs traditions.
La découverte des sépultures de Nîmes paraît conforter cette hypothèse d'une relation plus complexe entre les communautés musulmane et chrétienne au début du Moyen-Age, estime Yves Gleize.
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