Policiers tués à Magnanville : deux proches du tueur devant la justice antiterroriste

Deux hommes, proches de Larossi Abballa, le jihadiste qui a tué un policier originaire de Pézenas et sa compagne dans les Yvelines, devaient être présentés samedi aux juges antiterroristes dans l'enquête sur cette nouvelle attaque au nom du groupe Etat islamique. Ils sont en garde à vue. 

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En garde à vue depuis mardi matin, les deux hommes, 27 et 29 ans, sont connus de l'antiterrorisme français. Ils avaient été condamnés avec Abballa en septembre 2013 au procès d'une filière d'envoi de jihadistes au Pakistan, selon l'AFP.

Cinq jours après ce double assassinat de policiers, qui a ravivé la menace terroriste alors que la France accueille l'Euro de football, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire, notamment pour "assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique (...) et complicité" et "séquestration (...) d'un mineur de moins de 15 ans", en lien avec une entreprise "terroriste".

Le parquet a requis la mise en examen des deux suspects, mais pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle, ne retenant pas à ce stade le crime de complicité d'assassinat. Le parquet a demandé qu'ils soient placés en détention provisoire,

La garde à vue d'un troisième homme, âgé de 24 ans, a été levée sans poursuite à ce stade de l'enquête, a précisé le parquet.

Lundi, peu après 20 heures, Abballa, 25 ans, a tué à coups de couteau Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police adjoint du commissariat des Mureaux, devant son pavillon à Magnanville, près de Paris.

Il a ensuite séquestré à l'intérieur de la maison sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, qu'il a égorgée, et leur petit garçon de trois ans, retrouvé dans un état de "sidération". Abballa, qui a déclaré avoir prêté allégeance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), a été tué par les policiers d'élite.

L'émotion est encore très vive à Pézenas, ville dont Jean-Baptiste Salvaing était originaire.

L'EI, qui a exhorté à de nombreuses reprises ses partisans à tuer des policiers et des militaires dans les pays de la coalition engagée contre ses positions en Syrie et en Irak, a revendiqué ce double homicide. Le mode opératoire répond aussi à des consignes de l'organisation: passer à l'action de manière isolée et avec n'importe quelle arme disponible.

Filière pakistanaise 


Le jour du double assassinat, sept mois jour pour jour après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France, qui ont fait 130 morts le 13 novembre, également revendiqués par l'EI, un jeune homme converti à l'islam et radicalisé était arrêté à Carcassonne, dans l'Aude, soupçonné de préparer une attaque contre des touristes étrangers.

Au sujet de l'attaque de Magnanville, le principal objectif de l'information judiciaire ouverte samedi est de tenter de comprendre comment et avec quelles éventuelles complicités Larossi Abballa, qui avait monté une petite entreprise de livraison de sandwiches halal, a pu préparer son crime.


Les questions

Comment a-t-il ciblé puis repéré sa victime? Abballa et le commissaire se connaissaient-ils à cause de précédentes affaires ? Le jihadiste était connu des services de police dans les Yvelines où il a toujours vécu et a été condamné à deux reprises pour un vol et un recel, alors que Jean-Baptiste Salvaing a fait une bonne partie de sa carrière dans le département.

Quant aux deux hommes déférés samedi, sont-ils seulement soupçonnés d'avoir apporté une aide logistique au tueur, sans connaître son projet, ou ont-ils participé à sa préparation?

Au procès de la filière pakistanaise, ils avaient tous deux été condamnés à cinq ans de prison et présentés comme les lieutenants du chef de ce groupe, MohamedNiaz Abdul Raseed, un ressortissant indien.

Le groupe s'était donné pour but de favoriser le recrutement en France, la formation physique et idéologique et l'envoi au Pakistan de jeunes volontaires pour le jihad armé.

Larossi Abballa jouait alors les seconds rôles et avait été condamné à trois ans de prison dont six mois avec sursis, une peine couverte par sa détention provisoire.
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