Procès en appel à Montauban d'Edith Scaravetti : la place des violences conjugales dans l'enquête

Comme en première instance, les policiers chargés de l'enquête sur la disparition puis le meurtre de Laurent Baca évoquent largement les violences qu'aurait subi Edith Scaravetti de la part de son compagnon. Celles-ci ont-elles constitué un mobile ? Ou sont-elles inventées ?

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Pendant dix ans de vie commune, Edith Scaravetti n'a rien dit des violences - psychologiques et physiques - qu'elle subissait de la part de son compagnon, Laurent Baca. Elles auraient pourtant débuté au début de leur histoire, alors qu'elle est enceinte de leur premier enfant.

Mais elle se tait. Par honte peut-être. Par peur d'ennuyer les autres, croit-on comprendre. 

Lorsqu'elle se rend au commissariat du Mirail à Toulouse, le 11 août 2014, pour signaler la disparition de Laurent Baca, elle évoque brièvement une dispute. Mais elle ne parle pas de violences.
Il faudra plusieurs auditions et des témoignages de tiers pour que la parole se libère. Il faudra surtout la découverte du corps de Laurent Baca, caché dans un coffre de béton dans les combles de la maison familiale, et l'aveu de "l'accident" par Edith Scaravetti, pour que l'on comprenne le fonctionnement de ce couple.

"Pourquoi vous ne dites pas dès le début que vous avez été battue ?", s'étonne le président de la cour d'assises de Haute-Garonne. "Parce que je pouvais pas l'admettre", répond faiblement Edith Scaravetti.

Pourtant, elle finit par parler aux enquêteurs. Les insultes, les humiliations, les gifles, les coups, les menaces... Sans parler des exigences sexuelles. Quand elles ne sont pas satisfaites, il arrive à Laurent Baca d'envoyer l'accusée quasiment nue dormir sous la pergola, dans le jardin, selon les déclarations de cette dernière. Une fois, il l'aurait fait monter dans le grenier avant de l'asperger de ciment. Deux scènes qu'elle raconte aux enquêteurs, les mettant en parallèle de ce qu'elle a fait subir au cadavre de son compagnon. 

Laurent Baca a un problème d'addiction à l'alcool, même ses proches le reconnaissent. Ivre, il a des accès de violence connus. C'est durant ces épisodes que sa colère se dirige contre sa compagne, d'après les déclarations d'Edith Scaravetti. La famille de cette dernière en atteste, au point qu'un de ses frères avait coupé les ponts pour cette raison mais aucun membre de cette famille n'avait imaginé ce qu'elle relate. 

Cet été 2014 au cours duquel Laurent Baca va trouver la mort, le couple est, aux dires des trois policiers venus témoigner à la barre ce mardi 14 mai 2019, "conflictuel, au bord de la rupture". Laurent Baca a découvert une amitié naissante, peut-être le début de ce qui aurait pu être une liaison mais n'en est pas une, entre Edith et un animateur du CLAE de leurs enfants. Il en prend évidemment ombrage.

La jeune femme ne supporte plus qu'il boive. Au mois de juillet 2014, elle part quelques jours chez son père avec les enfants. Puis chez sa mère. Mais elle revient toujours. Laurent Baca n'est pas prêt à une séparation. En outre, leur maison appartient à la famille d'Edith Scaravetti mais lui y a investi de l'argent, notamment en effectuant d'importants travaux. Aucun des deux ne veut la céder. 

Finalement, après une semaine de vacances avec les enfants pour laquelle elle accepte de l'accompagner et qui se passe bien, le couple semble se rabibocher, d'après leurs proches. Mais une énième crise vient fragiliser cette réconciliation : Edith Scaravetti, épuisée, avale du Valium pris chez une des personnes dont elle s'occupe. Elle fait un malaise. Il faut l'emmener aux urgences. Le lendemain, elle doit passer des examens médicaux. C'est Laurent Baca qui fait les navettes pour l'emmener et s'occuper des enfants. Et cela l'agace, selon l'accusée et des témoins. On est le 5 août 2014. La veille de sa mort...

Alors, une énième dispute a-t-elle entraîné le drame que l'on sait ? Edith Scaravetti indique avoir été réveillée à trois heures du matin par la victime qui lui reproche violemment ses méthodes d'éducation vis-à-vis de leurs trois enfants. Il s'empare de la carabine 22 long rifle qu'elle a cachée car il a déjà tiré auparavant dans le lit où elle se trouvait (les policiers retrouvent la douille dans le matelas sans pouvoir dire depuis quand elle s'y trouve). Elle l'entraîne au rez-de-chaussée pour l'éloigner de la chambre des enfants, il place le canon de l'arme sur sa propre tempe, avant de la défier de tirer. Elle s'empare de la carabine par la crosse et le coup part. Accidentellement, dit-elle...

D'autres faits ont permis aux policiers d'établir que la mort de Laurent Baca est intervenue dans un contexte de violences conjugales. Les témoignages de quelques amis et collègues d'Edith qui ont vu des marques de coups sur son corps, ces lettres (LB) gravées au couteau sur une fesse.

Mais le comportement de la jeune femme après la disparition - la dissimulation, les mensonges, le déni - reste mystérieux. "Cela aurait été un tout autre procès si elle avait appelé le 17, ce soir-là", reconnaît un officier de police judiciaire chargé de l'enquête...

NDLR : pour rappel, Edith Scaravetti, jugée en première instance en 2018 par la cour d'assises de Haute-Garonne, a été condamnée à trois ans de prison pour homicide par imprudence, la cour retenant comme plausibles ses déclarations. Ayant effectué trois ans de détention préventive, elle est donc ressortie libre de ce premier procès. 


 

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