L'avocat général de la cour d'assises du Gard avait requis une peine de 12 ans de réclusion criminelle contre l'auteur du tir mortel. Le verdict des jurés est plus mesuré puisque le berger de 59 ans est finalement condamné à 7 ans de prison. Il peut toutefois faire appel de cette décision.
La cour d'assises du Gard a condamné, mardi, à Nîmes, à 7 ans d'emprisonnement, le "vigile" auteur du coup de feu qui a tué un homme qui avait pénétré dans le champ de cannabis qu'il gardait au bord de l'A.54 en octobre 2011.
L'avocat général Christophe Raffin avait requis une peine de 12 ans de réclusion à l'encontre d'Ahmed Ali Nehari, 59 ans, pour "violence volontaire ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner".
Dans son réquisitoire, le magistrat avait fustigé les "dénégations et les déclarations peu convaincantes" de l'accusé qui a nié garder le champs de cannabis de son patron tout en admettant s'être occupé des plans au moins à deux reprises. En outre, il a toujours démenti avoir visé quiconque. Mais "prendre une arme et tirer, c'est prendre le risque de tuer", avait affirmé M. Raffin.
L'expertise balistique a démontré que la balle a ricoché sur le grillage de la clôture avant d'atteindre mortellement Imade Matlili, 27 ans, à la gorge.
"L'accusé a-t-il pris les armes pour défendre sa famille? A-t-il pris les armes pour défendre sa patrie? Non, il a pris les armes pour défendre son juteux commerce de plans de cannabis", a fait valoir Me Khadija Aoudia, pour la famille de la victime.
"Prendre un fusil pour protéger des moutons? C'est insensé! Et je n'y crois pas une seconde", a renchéri Me Rémy Nougier, toujours pour la partie civile,
Reportage : P.Barbes et D.Pardanaud
Les faits se sont produits le 9 octobre 2011 à la hauteur de la bande d'arrêt d'urgence de l'A.54 sur la communes de Caissargues
M. Nehari avait tiré avec une carabine 22 LR après avoir surpris quatre hommes en train de s'introduire sur un terrain qu'il gardait, un lieu partagé d'élevage de moutons et de culture de nombreux plans de cannabis.
Lors de l'instruction, le "gardien-vigile" a reconnu avoir tiré à deux reprises, en l'air puis vers les canisses mais sans viser quiconque. Il a invoqué une "situation hostile", la peur pour expliquer le fait qu'il n'ait pas tiré en l'air la seconde fois.
L'expédition avait été montée par l'un des trois copains de la victime informé de la présence de cannabis. Ils voulaient cueillir du cannabis pour leur consommation personnelle voire pour la vente.
Sortie de prison en août 2010 après avoir purgé une peine de 10 ans de prison pour un braquage, la victime Imade Matlili faisait l'objet d'une interdiction de séjour dans le Gard.
Les avocats de M. Nehari ont plaidé un "effroyable concours de circonstances".
"Je vous demande de dire qu'il n'a pas commis, dans ce contexte très particulier, de violences", a dit Me Philippe Expert, sans demander l'acquittement de son client, incarcéré depuis trois ans, un homme marié, 3 enfants, sans histoires jusque-là.
2e et dernier jour du procès
Les jurés doivent se prononcer sur le caractère intentionnel ou non, du geste.
Violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. C’est l’accusation qui pèse sur cet homme de 59 ans, sans histoire. Personne ne l’aurait cru capable d’un tel acte. Il a d’ailleurs demandé pardon à la famille de la victime. Il voulait juste faire fuir les trois jeunes qui essayaient de franchir le grillage d’enceinte.
La partie civile n’a pas la même lecture des faits. L’accusé, dit elle, aurait pu se contenter de tirer en l’air. Cet homme est entièrement responsable de ce qu’il a fait. Il avait des intérêts à défendre. Il y avait sur le terrain 152 plants de cannabis.
Le jeune de 27 ans, tué ce jour là, avait été condamné dans le passé à 11 ans de réclusion pour le braquage d’un bureau de tabac et était interdit de séjour dans le Gard.