Pyrénées-Orientales : incertitudes sur la saison estivale en Pays Catalan

Alors que les professionnels du tourisme se démènent pour accueillir avec un maximum de sécurité les vacanciers, l’incertitude demeure à quelques jours du début des vacances scolaires sur le taux de fréquentation cet été en l’absence des touristes étrangers.
 

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Imprévisible, tel est le maître-mot qui qualifie la saison touristique qui débute timidement en Pays Catalan comme sur l’ensemble de la région Occitanie. Cet été, la clientèle s’annonce « inédite » et principalement française. Les professionnels du secteur sont inquiets.
 

Littoral catalan : lancement de saison tardif et incertitudes

Traditionnellement début juin sonne le début de la saison touristique. Chaque été, le département des Pyrénées-Orientales voit sa population multipliée par deux, voire par trois, à la faveur d’un tourisme de masse qui, selon l’agence de développement touristique, peut atteindre des sommets. On compte jusqu’à 1,5 millions de personnes, locaux et vacanciers, certains mois d'août.  Mais cette année, après des ponts de mai ratés, l’été démarre timidement avec, tout de même, un intérêt notable de la clientèle française. Cela sera-t-il suffisant pour sauver la saison ? Difficile pour l’instant de se prononcer. La station balnéaire de Canet-en-Roussillon fait partie des destinations phares du département. Propriétaire d'un camping 5 étoiles, Roger Pla veut rester confiant.

Les six lignes téléphoniques du camping sont saturées en permanence, mais c’est beaucoup de demande d’informations sur les mesures de sécurités sanitaires mises en place et surtout l’accès aux différentes prestations de loisirs. Le mois de juin, habituellement prisé par la clientèle allemande et anglaise, est perdu. Mais nous gardons confiance pour cet été. Nous avons fait le choix de ne pas baisser les tarifs au prix d’une offre dégradée inimaginable pour notre structure. Les clients présents rassurent leurs amis, c’est encourageant.


Rappelant la diversité, la richesse naturelle, culturelle et humaine du Pays Catalan, Marc Médina, Président de l’Office de Tourisme communautaire Perpignan Méditerranée confirme une aide exceptionnelle de 50 000€ pour développer des campagnes promotionnelles.

Je veux croire que la crise sanitaire et le confinement ont accentué les prises de conscience et confirmé la tendance de nos concitoyens à se tourner vers un tourisme plus responsable, plus durable, plus riche de sens, plaçant l’humain au cœur de l’expérience.

Pénurie de travailleurs saisonniers dans l’hôtellerie


A cette absence de touristes étrangers s'ajoute, pour les professionnels de l'hôtellerie, la difficulté à trouver du personnel saisonnier.  Gérald Conte est propriétaire d’un hôtel à Canet-en-Roussillon. D’habitude, dans son établissement, trois personnes sont en charge du ménage dans les chambres. Cette année, Charline est toute seule, faute de saisonnier. Pour l’employée comme pour le responsable, la situation devient critique.

Le problème de l’hôtellerie en général c’est qu’on travaille aussi le weekend et le soir. Beaucoup de personnes ne souhaitent pas travailler ces jours-là.

De plus cette année, la crise du covid 19 et le port du masque obligatoire sont un motif de découragement suplémentaire pour les candidats en raison de la chaleur. Brice Sannac gère un hôtel face à la plage des Elmes sur la commune de Banyuls-sur-Mer. Chez lui, trois postes n’ont toujours pas trouvé preneur et les clients sont de retour.

C’est un frein au développement de notre chiffre d’affaire. Si on manque de personnel, nous ne pourrons pas accueillir tous les clients qui se présenteront dans nos établissements. Les équipes sont déjà à flux tendu. Ils font déjà beaucoup d’heures supplémentaires et les équipes se fatiguent plus vite. Nous craignons de ne pas arriver à la fin de la saison à ce rythme-là.

Brice a fait le calcul : selon lui, de juillet à septembre, chaque saisonnier en moins fait perdre entre 80 000€ et 120 000€ à l’hôtel. Autre frein pour les recruteurs, l’allongement des allocations accordées par Pôle emploi face à la cride du covid.  C’est en tout cas le sentiment de Florence Bellais, présidente des hôteliers UMIH ( Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie ) des P.O.

Il vaut mieux rester au chômage, encaisser les allocations et attendre que ça se passe. C’est malheureux d'entendre des gens vous dire que s'ils viennent travailler, ils perdent de l'argent. 

Les aides financières exceptionnelles ayant pris fin au 31 mai, les hôteliers ont, toutefois, encore l’espoir de recruter des saisonniers.

Céret : Musée d’art moderne fermé, Galerie Odile Oms en mode résistance

Pas de féria ni de ronde cérétane cette année à Céret. Un manque à gagner conséquent pour les commerçants déjà privés de fête de la cerise au mois de juin, comme en témoigne Angélique Vidal qui tient une petite épicerie en face de la Mairie.

C’est un gros manque à gagner pour Céret, pour les restaurateurs, les cafetiers, les gens qui ont des locations et pour moi, qui fait habituellement 10% de mon chiffre d’affaire le weekend de la fête de la cerise.

 

Quant au musée d’art moderne, fer de lance de l’attractivité de la ville, il est fermé depuis des mois pour travaux et ne rouvrira pas cet été.  Pour la période, les ruelles du centre-ville sont étrangement calmes. Céret, qui fut autrefois le refuge des artistes tels Pablo Picasso, Chaïm Soutine ou encore Marc Chagall, s’apprête à vivre un été bien difficile. Le musée attire en moyenne 70 0000 visiteurs chaque année et, il y a une quinzaine d'année, jusqu’à 145 000 pour des expositions de prestiges.
A quelques dizaines de mètres du musée, Odile Oms refuse de céder à la fatalité. Un trait de caractère qui a permis à la petite galerie éponyme de résister aux multiples tourmentes ces dix-huit dernières années.

On est restés plus de 2 mois fermés. Ça a été une période très difficile et la reprise s’annonce compliquée. On ne sait pas quel est le public qui va venir dans notre département cet été. Cela ne nous a pas empêché de monter une très belle exposition. On espère attirer du monde, mais rien n'est sur. 

 

Entièrement dédiée à l’art moderne et à l’art contemporain, Odile Oms accuse le choc de plus de deux mois de fermeture, mais a décidé de faire ce qu’elle fait de mieux : montrer la réflexion et le travail des artistes. Exemple, avec sa nouvelle exposition,  « Il vient » de  Renée Guisset, qui nous régaler les mirettes avec son interprétation du combat du pot d’argile face au pot de fer. Une exposition qui offre la simplicité créative de l’art brut et qui s’élève, en toute humilité, face à la démesure de la course financière, au productivisme et au gigantisme industriel.

Ce qui nous a intéressés dans le travail de René Guisset, c’est la pauvreté des matériaux utilisés. Aujourd’hui, où on parle du monde d’après, c’est intéressant de voir qu’avec très peu de choses, on peut faire de réelles œuvres artistiques.

Une exposition forte de sens, qui trouvera, on le souhaite son public. A voir jusqu’au 19 septembre.

 
 

Fenouillèdes : le train rouge à nouveau sur les rails


Enfin, autre signe d'espoir, dans le territoire le plus au Nord des PO., le train rouge reprend fièrement du service. Ce 30 juin, les premiers passagers ont enfin pu embarquer à bord de ce train touristique centenaire. De la gare de Rivesaltes, jusqu'à Axat, dans l'Aude, ce dernier circule à nouveau sur les 60 kilomètres d'une ancienne voie de chemin de fer.  Il sillonne les vignobles avec en toile de fond le Château Cathare de Quéribus, la Tour del Far ou le viaduc de Lapradelle-Puy Laurens … Pour Agnès, agent d’accueil, c’est un grand soulagement.

On est contents. Le public est au rendez-vous. D’autant qu’il a fait très beau, très chaud. On reprend nos marques avec en plus les visières, le port du masque. Mais après c’est comme d’habitude, on commente le parcours et on répond aux questions. Le but est que l’ambiance reste conviviale comme elle l’a toujours été.

 
 
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