Catalogne : une sixième dirigeante indépendantiste catalane quitte l'Espagne

Une sixième dirigeante indépendantiste de Catalogne, Anna Gabriel, a quitté l'Espagne pour échapper à une éventuelle incarcération et s'est installée en Suisse d'où elle a assuré mardi être privée d'un procès équitable.

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"Comme je n'aurai pas un procès équitable chez moi, j'ai cherché un pays qui puisse protéger mes droits", a-t-elle déclaré au quotidien suisse le Temps dans un entretien publié mardi.


Anna Gabriel était convoquée mercredi par la Cour suprême à Madrid et risquait d'être placée en détention, comme quatre autres séparatistes incarcérés depuis plus de trois mois.
Selon la justice, elle aurait appartenu à un "comité stratégique" chargé de mener la Catalogne vers l'indépendance.

Dans cet entretien, la responsable juge excessives les enquêtes policières et judiciaires et les inculpations visant des centaines de personnes pour leur rôle dans la tentative de sécession du mois d'octobre en Catalogne.

"C'est une persécution politique (...) ce n'est pas un tribunal impartial", a aussi déclaré à la télévision suisse RTS, dans un français presque parfait, l'ex-porte-parole du groupe parlementaire de la CUP (Candidature d'unité populaire, extrême gauche indépendantiste).


Anna Gabriel compare la situation en Catalogne à "ce qui se passe en ce moment en Turquie" où plus de 55.000 personnes, dont des journalistes, députés et militants, ont été arrêtés après la tentative de coup d'Etat en 2016.

Le ministre espagnol de la Justice Rafael Catala a pour sa part estimé que Mme Gabriel a fait preuve d'une "irresponsabilité gravissime".

Demande d'asile ?


Anna Gabriel a précisé qu'en cas de demande d'extradition de l'Espagne, elle n'écartait pas la possibilité de demander l'asile politique à la Suisse.
Le 1er octobre, les indépendantistes ont organisé en Catalogne, en dépit de son interdiction par la Cour constitutionnelle, un référendum d'autodétermination émaillé de violences policières.
Puis, affirmant l'avoir emporté avec 90% des voix et 43% de participation, ils avaient exigé un "dialogue" à Madrid sur l'autodétermination et ont fini par déclarer l'indépendance le 27 octobre.

La déclaration sans lendemain a entraîné la mise sous tutelle de la région par Madrid.
Le parti de Mme Gabriel, une professeure de droit née en 1975, est la plus petite des trois formations indépendantistes mais aussi la plus virulente, prônant la désobéissance civile et une rupture unilatérale.
Or les appels à la résistance passive ont déjà été assimilés par le juge en charge du dossier à des actes pouvant entrainer des violences. Elle risquait donc à ce titre un placement en détention provisoire.

Belgique et Suisse... pour échapper à la justice espagnole


En quittant l'Espagne, Anna Gabriel, marche dans les pas de cinq autres indépendantistes. Le président catalan destitué Carles Puigdemont et quatre ex-"ministres" régionaux, installés en Belgique.
Tous sont visés par des poursuites pour "rébellion, sédition et malversation de fonds", passibles de peines allant jusqu'à 30 ans d'incarcération.

Cette enquête vise l'ensemble du noyau dur séparatiste, une trentaine de personnes, dont quatre sont encore en détention provisoire, depuis plus de trois mois, notamment l'ancien vice-président Oriol Junqueras.
Pour deux d'entre eux, les dirigeants d'associations indépendantistes Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, l'ONG Amnesty juge ces incarcérations excessives.

En Catalogne, après la tentative de sécession, de nouvelles élections régionales, organisées, le 21 décembre ont vu indépendantistes et partisans de l'Espagne terminer au coude à coude.
Si les premiers ont conservé leur majorité de 70 députés sur 135, grâce à une pondération des voix profitant aux provinces les plus séparatistes, ils sont depuis des semaines embourbés dans des négociations sur la conduite à adopter après les incarcérations et "exils" volontaires de leurs leaders.

Puigdemont, dirigeant d'"Ensemble pour la Catalogne", liste la plus votée, entend être investi président à distance, mais la Cour constitutionnelle a interdit cette option et prévenu que ceux qui la rendraient possible seraient passibles de poursuites.

Le deuxième groupe indépendantiste, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), insiste lui sur la nécessité de doter rapidement la Catalogne d'un gouvernement.


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