Les Gorges de la Fou dans les Pyrénées-Orientales retrouvent mois après mois un aspect de plus en plus sauvage. Le site touristique très fréquenté auparavant est fermé au public depuis l'éboulement d'une partie de la falaise en 2018. Ce qui ne fait pas les affaires des commerçants d'Arles-sur-Tech et du Haut-Vallespir.
Depuis cinq ans, les gorges sont laissées à l'abandon. Les cailloux jonchent le sol, la mousse envahit les cordes de la passerelle et les rochers tombés de la falaise font plier les filets de protection.
Ce canyon naturel de 1 739 mètres creusé dans la roche calcaire, parfois large de moins d'un mètre, a longtemps constitué l'attraction la plus populaire du Vallespir, jusqu'à l'effondrement d'une partie de la montagne en octobre 2018.
La tempête Gloria au secours des gorges
L'éboulement s'était produit à 600 mètres de l'entrée. Bloquant tout passage vers le fond des gorges.
"Tout est tombé dans le torrent et sur la passerelle. Des tonnes de terre, les arbres, les rochers... Tout était bouché", se souvient Claude Ferrer, président de la communauté de communes du Haut-Vallespir de retour sur les lieux de l'accident cinq ans après.
Et aujourd'hui, miraculeusement ou presque, les gorges ont retrouvé leur aspect naturel, plus de stigmates de l'éboulis, juste un foisonnement de végétation et de verdure partout, la fraîcheur en plus.
Lors de la tempête Gloria, en janvier 2020, le coup d'eau a tout balayé sur son passage, tout débouché. Il ne reste plus rien jusqu'en bas. L'eau coule parfaitement et les gorges sont à nouveau accessibles. L'œuvre de la nature...
Claude Ferrer, président de la communauté de communes du Haut-Vallespir.
Repenser la nature comme une découverte touristique
Mais rouvrir les gorges les plus étroites du monde au public relève d'un véritable défi, technique et financier.
"L'idée est d'abord de pouvoir faire visiter les 700 premiers mètres des gorges. Ils sont exploitables assez rapidement. Ensuite, on aimerait mettre en place une visite virtuelle. Mais il faut surtout sécuriser le site" explique David Planas, maire d'Arles-sur-Tech.
Avant la fermeture, les gorges recevaient jusqu'à 80 000 visiteurs par an. Mais aujourd'hui, le chiffre d'affaires des commerçants alentours a chuté.
Ça a été une dégringolade depuis 2018. J'ai divisé mon chiffre d'affaires par trois. Je suis passée de 20 à 25 couverts le midi à 6 en moyenne et le soir, de 20 on passe à quatre. Et les touristes qui viennent voudraient visiter les gorges.
Frédérique Chaumet, propriétaire d'une pizzeria d'Arles-sur-Tech
Le 24 août 2023, un bureau d'études sera désigné pour évaluer le coût de remise en état des gorges. Il y a cinq ans, il était estimé entre 18 et 25 millions d'euros pour purger la montagne, couper les arbres, refaire des filets et réaménager l'accès et le cheminement du public notamment avec des passerelles en verre et des aires de repos. Le tout pour 1h30 de découverte.
Un investissement lourd mais tous les acteurs espèrent accueillir le public à nouveau d'ici à l'été 2026.