Atmosphère de recueillement, très tôt ce samedi, dans les Pyrénées-Orientales. Des paroles d'exilés de force, Espagnols, Juifs, Allemands ou Harkis ont été lues de nuit, dans l'ancien camp d'internement de Rivesaltes, accompagnées d'un violoncelle jusqu'au lever du soleil. 

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Ce sont des récits d'exil que le public est venu écouter dans la nuit. Des récits de ces Espagnols, Juifs, Tziganes, Allemands ou Harkis, qui sont tous passés par ce camp de Rivesaltes, entre les années 30 et les années 70, dans les Pyrénées-Orientales.

Des écrits qui racontent le malheur, les pleurs, la misère. Des parcours de déracinés recueillis et retranscris simplement, sans fard, par les équipes du Mémorial de Rivesaltes.

Ces histoires ont été lues devant 80 personnes de 5 heures du matin jusqu'au lever du soleil, accompagnées par le son d'un violoncelle.

Un moment très puissant à Rivesaltes, relaté par Marc Tamon et Xavier Armengaud :


Des paroles d'exilés de force ont été lues jusqu'à l'aube dans l'ancien camp de Rivesaltes. Des écrits poignants accompagnés par un violoncelle. ©F3LR



L'histoire du camp de Rivesaltes
NAISSANCE D’UN CAMP D’INTERNEMENT en Février 1939

Dans les Pyrénées-Orientales, ils sont plus de 260 000 réfugiés espagnols à s’entasser dans trois ensembles de camps
provisoires, dont les plus importants sont aménagés sur les plages d’Argelès, de Saint-Cyprien et du Barcarès.
Le château de Collioure abrite un « camp spécial », à fonction disciplinaire pour les internés jugés dangereux pour la sécurité
nationale (le camp du Vernet d’Ariège lui succèdera à partir de décembre 1939).

Octobre 1939

Premiers indices de l’aménagement d’un camp militaire, le «camp Joffre», sur le territoire des communes de Rivesaltes et de Salses-le-Château. Il est prévu de bâtir seize îlots, désignés par des lettres de l’alphabet, pour y installer toutes les fonctions d’un ensemble militaire, avec une vocation de dépôt, d’instruction et par la suite de centre de transit pour les troupes coloniales (sénégalais, malgaches, indochinois, guinéens…)

Juin 1940

Situé en zone non occupée, le camp de Rivesaltes se trouve sous la tutelle du gouvernement de Vichy.

Décembre 1940

Le directeur général de la sûreté nationale demande au préfet que les étrangers « indésirables » soient rassemblés à Rivesaltes.
Une partie du camp est mise à disposition à cet effet, le reste conservant sa fonction militaire.

Janvier 1941

Une compagnie de travailleurs étrangers constituée de Républicains espagnols arrive sur le camp pour l’aménagement de sept îlots.

14 janvier 1941

Arrivée des premiers internés issus des camps d’Agde (34), des plages, du camp de Gurs (64). Ouverture officielle du « Centre d’hébergement de Rivesaltes », ainsi nommé après hésitations sur son appellation.

1942 : UN TOURNANT TRAGIQUE

21 août 1942 : Le « Centre d’hébergement de Rivesaltes » devient un camp spécial et prend le nom de « Centre inter-régional de
rassemblement des Israélites ».

26 août 1942: À 5 h du matin est lancée une opération de rafle des Juifs étrangers de la zone non occupée.
Près de 6500 Juifs étrangers sont rassemblés au camp de Rivesaltes et concentrés sur deux îlots spéciaux (dont l’îlot F). Ils représentent désormais la majorité de la population du camp.
Des commissions de criblage sont chargées de sélectionner les « partants ».

Neuf convois seront organisés entre août et octobre 1942: 2313 hommes, femmes et enfants quitteront le centre de rassemblement de Rivesaltes pour Auschwitz, via Drancy.

L’OCCUPATION ALLEMANDE

22 novembre 1942 :Le camp d’internement ferme : les internés sont dirigés vers d’autres camps du sud de la France.
Le camp Joffre est occupé sans discontinuité par l’armée allemande jusqu’à la libération, et retrouve les fonctions «classiques» d’un camp militaire en servant au cantonnement et à l’instruction de troupes d’infanterie dont les unités concourent à la défense côtière.

APRÈS LA LIBÉRATION

19 août 1944 Libération du département des Pyrénées-Orientales

Septembre 1944 :Création d’un« Centre de séjour surveillé de Rivesaltes » pour l’internement de collaborateurs, de coupables de marché noir et
de réfugiés clandestins espagnols. Le centre est dissout le 25 décembre.

Avril 1945: Création d’un «Dépôt de prisonniers de guerre de l’Axe N°162 » pour les combattants ennemis (majoritairement des Allemands,
mais également des Autrichiens et des Italiens) capturés par l’armée française, britannique et américaine.

Le nombre de prisonniers augmente très rapidement (jusqu’à plus de 10000) : leurs conditions de captivité se dégradent vite et entraînent de nombreux décès en 1945.

La situation s’arrange à partir de juin 1946, en raison de leur placement comme travailleurs à l’extérieur du camp.
La libération des derniers prisonniers début 1948 entraîne la dissolution du dépôt.

À partir de janvier 1954

Le camp de Rivesaltes a retrouvé en intégralité sa vocation militaire. Il sert successivement de centre de formation professionnelle
accélérée, puis de centre mobilisateur pour l’envoi de recrues en Algérie et, à partir de 1958, de centre militaire de formation professionnelle pour les français musulmans du contingent.

Janvier 1962 – mai 1962

Transformation de quatre îlots du camp de Rivesaltes en centrepénitentiaire : on y trouve en majorité des combattants du Front
de Libération Nationale (FLN). 

À partir de mai 1962 : Transferts de tirailleurs algériens dans le camp militaire et de leurs familles dans un village civil.

LES HARKIS DANS LE CAMP DE RIVESALTES

Septembre 1962 :Le camp de Rivesaltes est choisi comme lieu de transit pour les ex-supplétifs dits « Harkis » et leurs familles : opérations de
transferts en provenance d’Algérie, des camps de Bourg-Lastic et du Larzac.
Les travaux prévus sur six îlots (divisés en dix « villages ») ne débutent qu’en décembre. Aussi, dans un premier temps, des tentes militaires sont-elles installées pour pallier le manque delogements.

Aux difficultés matérielles et à la promiscuité s’ajoutent la détresse morale et la douleur de l’exil. Le vent et le froid de l’hiver 1962 rappellent tragiquement la précarité des installations.

Avec le relogement des familles dans les baraques, la vie s’organise progressivement. Malgré le caractère supposé temporaire de la situation et une
prise de conscience générale, le « reclassement » des anciens supplétifs et leurs familles est difficile.

Nombre d’entre eux sont orientés vers les mines, la sidérurgie etles industries du nord de la France, ou progressivement répartis entre
- des ensembles immobiliers en zones urbaines spécialement conçus pour leur accueil,
- 75 hameaux de forestage répartis essentiellement dans le sud, le sud-est (dont un sur le camp de Rivesaltes) et la Corse,
- des cités d’accueil pour ceux désignés par les pouvoirs publics comme « irrécupérables ».

Le camp de transit de Rivesaltes, qui aura vu passer près de 21000 Harkis et leurs familles, ferme officiellement en décembre 1964.

Un village civil subsiste cependant jusqu’en mars 1965.

Les dernières familles quitteront le hameau de forestage de Rivesaltes pour être relogées à la cité du Réart (Rivesaltes) en 1977.
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