Dans un entretien à l’AFP, Albert Rivera, le chef du parti Ciudadanos, créé pour lutter contre l’indépendantisme en Catalogne, estime que les séparatistes n’auront que l’indépendance en tête s’ils parviennent à former un gouvernement
Les indépendantistes en Catalogne pourraient faire un "pas en arrière", pour ensuite "gagner de la force", estime dans un entretien avec l'AFP le chef du parti libéral Ciudadanos, principal force d'opposition aux indépendantistes, critiquant "l'immobilisme" du gouvernement espagnol.
"Que personne ne s'y trompe. Le séparatisme catalan va faire un demi pas en arrière pour prendre des forces", a déclaré Albert Rivera, au moment où une partie des indépendantistes a annoncé avoir renoncé à toute rupture unilatérale avec l'Espagne, après la tentative du 27 octobre.
Les formations indépendantistes qui dominent le parlement catalan - avec 70 sièges sur 135 - tentent de trouver le moyen de former un gouvernement, alors que leur chef de file Carles Puigdemont est à Bruxelles et son ex-numéro deux, Oriol Junqueras, en prison.
Ciudadanos, parti créé en 2006 à Barcelone pour lutter contre l'indépendantisme et la corruption, est le premier parti catalan en voix (25,4%) et en sièges (36), mais n'a pas les appuis nécessaires pour former un gouvernement dans la région.
Il est actuellement le quatrième parti d'Espagne mais a le vent en poupe dans les sondages. Une enquête d'opinion sondage du Centre d'investigations sociologiques (CIS) publiée lundi lui donne 20,7% des intentions de vote, à la troisième place, devant Podemos (gauche radicale), soit son meilleur score dans un sondage de cet institut.
"Bataille" à venir
"Si (les séparatistes catalans) arrivent à former un gouvernement, l'indépendance restera leur cause. Ils ne chercheront pas à réduire les listes d'attentes des services publics, à améliorer l'économie ou les infrastructures", a accusé M. Rivera.
"L'Espagne comme pays et l'Europe comme continent et comme union doivent se préparer à une bataille politique et intellectuelle contre le nationalisme", car, c'est, de manière générale, un "problème européen", a-t-il ajouté.
Le défi posé par les indépendantistes va devenir "chronique" en Catalogne a-t-il ajouté, en estimant que la situation est comparable à celle de l'Ecosse - où les unionistes l'ont emporté de justesse lors d'un référendum en 2014 – voire à celle du Québec où deux référendums d'autodétermination ont été organisés.
M. Rivera, 38 ans, soutient la politique de fermeté de M. Rajoy en Catalogne mais dénonce son absence d'initiative politique.
"Au-delà de l'application de la loi, quelles réformes va-t-il proposer (...), comment séduire les Catalans qui ne veulent pas être séparatistes?", a-t-il demandé, en estimant que le projet des conservateurs était "épuisé".
"Le PP est un parti de plus en plus immobiliste, conservateur, qui a perdu (l'électorat) de centre", a-t-il estimé.
Rivera, l'anti-indépendantiste catalan inspiré par Macron
Albert Rivera, chef de file en Espagne du parti libéral et anti-indépendantiste Ciudadanos, a le vent en poupe dans les sondages et rêve de détrôner Mariano Rajoy pour s'allier en Europe à Emmanuel Macron, un de ses modèles avec Justin Trudeau.A 38 ans, ce juriste de formation, ancien champion de natation, imagine devenir le premier Catalan à diriger l'Espagne depuis le rétablissement de la démocratie (après la mort du dictateur Franco en 1975).
"Je veux gouverner l'Espagne aussi comme catalan", lance-t-il, "pour avoir une vision claire de ce qu'il faut faire" dans la région face à l'indépendantisme.