Principal coprévenu du perpignanais Jonathan Guyot, Farid Kharraki a continué jeudi à accuser le policier d'avoir "sorti" les 52 kg de cocaïne des scellés de la police en 2014, à l'audience. Le procès pour vol de cocaïne au Quai des Orfèvres se poursuit jusqu'au 17 mars.

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Principal coprévenu de Jonathan Guyot, Farid Kharraki a continué jeudi à accuser le policier perpignanais d'avoir "sorti" les 52 kg de cocaïne des scellés de la police en 2014, ce dernier y voyant une "tactique" de celui qu'il présente comme son informateur pour assurer sa "sécurité" quand il sortira de prison.

Mercredi, Farid Kharraki, 35 ans, a créé la surprise en accusant directement Jonathan Guyot, pour la première fois. A l'audience jeudi, il a raconté comment il en est venu à traiter avec le policier de la brigade des stupéfiants.

Kharraki, alias "Robert", voulait se venger d'un équipe de trafiquants qui l'avait "volé". Mais l'affaire n'a pas abouti, car, selon lui, cette équipe de trafiquants "travaillait" avec l'Octris, un autre service de police contre le trafic de stupéfiants, dans la tourmente, au sein d'une affaire de liens troubles avec ses indicateurs.


c'était comme si on se fournissait chez un grossiste
 

"Robert" dit avoir dans un premier temps trafiqué du cannabis fourni par Guyot, "c'était comme si on se fournissait chez un grossiste". Au total 90 kg en "six mois", sur lesquels il a "pris 100.000 euros" et par ailleurs donné 50.000 à Jonathan Guyot, "faut bien le payer!"


Pour ce qui est de la cocaïne, Farid Kharraki dit avoir servi d'intermédiaire pour écouler la drogue "sortie" selon lui par Jonathan Guyot, et ce contre une commission de 200.000 euros.

Quant au destinataire final, "pour ma sécurité, je ne peux pas aller plus loin", dit Kharraki. En tout cas, assure-t-il, ce n'est pas Moussa Bouzembrak, poursuivi devant le tribunal mais absent et sous le coup d'un mandat d'arrêt.

Selon Kharraki, Guyot lui avait dit qu'il allait avoir une "grosse quantité" de cocaïne qui allait être détruite, qu'il fallait vite trouver "quelqu'un pour les écouler".

"D'informateur à trafiquant"


Pour Farid Kharraki, "c'est sûr", le brigadier n'a pas pu agir seul pour faire sortir la cocaïne du mythique 36, quai des Orfèvres.

Deux autres policiers ont été mis en examen dans cette affaire, mais ont finalement bénéficié d'un non-lieu. Une note retrouvée en possession de Jonathan Guyot et une feuille de comptes comportent des initiales qui peuvent correspondre à des collègues du policier.

Les calculs arrivaient à 48,5 correspondant au poids de la cocaïne volée en juillet 2014, sans son emballage.

D'une valeur marchande de deux millions d'euros, elle demeure introuvable. Farid Kharraki avait assisté "de loin" à la remise de la marchandise dans la nuit du 24 au 25 juillet 2014. Ensuite, il était parti au Maroc, où il a fait des investissements immobiliers.

S'inscrivant en faux, Jonathan Guyot "comprend la tactique" de celui qui dément être son indicateur: il veut passer "d'informateur à trafiquant" pour "changer son image et assurer sa sécurité en sortant" de prison, "mais de là à dire autant de conneries..."

Jonathan Guyot fait à son tour une "révélation": l'argent, qu'il assure avoir gardé pour le compte d'un informateur dont il avait jusqu'alors tu le nom, "c'était l'argent de Kharraki".

"C'est nouveau ça!" lâche celui-ci.

"Est-ce que c'est vraiment sérieux M. Guyot?" demande l'une des magistrates du parquet, sceptique, soulignant que Farid Kharraki avait une "filière de blanchiment" au Maroc et pouvait se passer des services du policier à cet égard.

Sa collègue renchérit: "Ce que dit Farid Kharraki, ce n'est peut-être pas la vérité, mais c'est plus cohérent."

Le procès se poursuit jusqu'au 17 mars.

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