Conflit autour du poste de police La Cigale à Perpignan : le tribunal administratif suspend un arrêté de Louis Aliot

Depuis plusieurs mois, l'ancien hôtel La Cigale est au coeur d'un conflit qui oppose la ville de Perpignan au département. Le 23 septembre, Louis Aliot avait classé le bâtiment dans le domaine public communal pour y implanter un poste de police. Une décision suspendue par le tribunal administratif.

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Nouveau rebondissement dans le bras de fer qui oppose depuis plusieurs mois la municipalité de Perpignan et le département. Dans un jugement rendu mercredi, le tribunal administratif a suspendu une décision de Louis Aliot du 23 septembre dernier.

Le maire RN avait décidé d'affecter les locaux de l'ancien hôtel-restaurant La Cigale à la police municipale et nationale et de classer le bâtiment dans le domaine public communal. Il a ainsi pu démarrer les travaux de rénovation de l'immeuble dès le mois d'octobre, en vue d'y installer durablement des forces de sécurité. Mais problème : les murs appartiennent depuis l'été 2019 au département. C'est pourquoi le tribunal a condamné la commune à lui verser la somme de 1500 euros. Il n'a en revanche pas donné de consignes sur la fermeture de l'établissement : pour l'heure donc, le poste de police du quartier Saint-Jacques reste ouvert. "Une petite victoire" pour Louis Aliot, qui estime que ce lieu est aujourd'hui "au service du public". Il envisage également d'y installer un centre d'accueil pour les victimes de violences conjugales.

C'est un poste de police très fréquenté : les gens du quartier Saint-Jacques s'y rendent lorsqu'ils sont en difficulté ou simplement pour se renseigner. Comme le tribunal ne donne pas l'injonction de quitter les lieux, nous allons maintenir nos policiers et continuer à développer notre projet.

Louis Aliot, maire de Perpignan

Bataille judiciaire

Si Louis Aliot se veut optimiste, rien n'a encore été statué sur le fond quant à la future utilisation de ce bâtiment. Et c'est bien là tout l'enjeu du dossier.  

En 2019, lorsque le département décide d'acquérir l'ancien hôtel-restaurant, le projet est alors de le transformer en foyer d'accueil pour les mineurs isolés et les enfants placés. Une ambition, qui n'est pas du goût de l'ancien maire LR Jean-Marc Pujol, qui préfère y installer un poste de police. Six mois après l'acquisition, il fait donc valoir son droit de préemption au nom de la commune, mais son recours est finalement rejeté par le tribunal administratif. Il décide alors de faire appel de la décision : le dossier est à présent entre les mains de la cour administrative d'appel de Marseille.

Pour le conseil départemental, la suspension de l'arrêté de Louis Aliot est un nouveau succès dans le conflit qui l'oppose à la municipalité perpignanaise. 

C'est la troisième décision de justice qui donne raison au département. D'autres jugements doivent encore arriver, mais le tribunal administratif montre d'ores et déjà que le département a raison de continuer à se battre pour investir cet ancien hôtel de La Cigale et protéger les enfants en danger.

Hermeline Malherbe, présidente du conseil départemental des Pyrénées-Orientales

Un poste de police pour faire barrage au centre d'accueil pour mineurs ?

Le maire de Perpignan l'assure : sauf décision de justice, il n'a pas l'intention de déplacer le poste de police ailleurs.

"Le quartier Saint-Jacques, dont l'ancien commissariat de Bétriu, va être en rénonvation urbaine. Il va y avoir des travaux : on ne va pas remettre un poste de police ici ! De toute façon, tout cela avait déjà été décidé en amont. Nous ne voyons pas pourquoi Madame Malherbe nous demande aujourd'hui de mettre notre poste de police à un autre endroit. Elle aurait dû intervenir à l'époque de la décision", appuie-t-il.L'intéressée contre-attaque : "Quand on dit qu'on veut faire un poste de police dans le quartier Saint-Jacques, on le met au coeur du quartier Saint-Jacques et pas à la périphérie. Sinon, ça n'a pas de sens ! Les gens ont besoin de voir la sécurité sur place. D'ailleurs, il y a des locaux tout à fait adaptés place Cassanyes."

Mais le problème va bien plus loin qu'une guéguerre immobilière. Louis Aliot l'assume : il n'est pas pour l'installation d'un centre d'accueil pour mineurs isolés et placés dans ce quartier de Perpignan.

On ne va pas installer une telle structure à la lisière d'un quartier en grande difficulté, alors qu'on sait que cela pose un certain nombre de problèmes sociaux, économiques et même humains. D'ailleurs, Perpignan fait partie d'une agglomération de 30 communes : il serait bon que nos partenaires prennent aussi en charge une part de tout cela. 

Louis Aliot, maire de Perpignan

"Notre objectif n'est pas de monter les habitants les uns contre les autres", défend Hermeline Malherbe"L'intérêt de ce bâtiment, c'est que nous pouvons y accueillir plus de personnes et organiser optimalement l'espace." 

En attendant de trouver une solution pérenne, voire d'obtenir gain de cause, le conseil départemental continue de chercher de nouveaux locaux. "Mais à ce jour, le maire de Perpignan nous oblige à loger des jeunes dans des chambres d'hôtel", regrette sa présidente.
 
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