Le virus a circulé de façon inégale selon les quartiers pendant la première vague au printemps 2020. C’est ce que révèle une étude inédite sur le cluster de Perpignan. Dans le quartier gitan de Saint-Jacques, les jeunes ont été particulièrement touchés par la pandémie.
C’est une enquête de terrain inédite. Objectif : mieux comprendre l'attaque du coronavirus dans plusieurs quartiers populaires de Perpignan fortement touchés pendant la première vague.
Cette étude a analysé la séroprévalence, c’est à dire le nombre de personnes exposées à l’épidémie dans une population donnée. Trois quartiers ont été ciblés : Saint-Jacques, Haut-Vernet et Nouveau Logis, appelé aussi Cité Bellus.
Une forte proportion de la population appartient à la communauté gitane. Le cluster a été passé à la loupe.
700 habitants, adultes et enfants, ont participé au moyen de questionnaires et de prélèvements sanguins.
1 – À Saint-Jacques, la moitié du quartier positif à la Covid-19 en avril dernier
Au total, sur ces 3 quartiers vulnérables, le virus a contaminé 36% de la population.Mais il a circulé de façon différente selon les zones.
À Saint-Jacques, l’attaque a été massive. 47% des habitants, soit près d’un sur deux, ont été contaminés lors de la première vague.
Ils sont 17% dans le quartier du Nouveau Logis, près de 14% au Haut-Vernet.
Pourquoi une telle différence ? Le Docteur Hugues Aumaître, chef du service infectiologie à l’hôpital de Perpignan explique :
Il faut y ajouter des difficultés à mettre en place les mesures barrières, et tous ces éléments combinés ont favorisé une circulation virale intense, selon ce spécialiste.L’une des hypothèses, c’est que les conditions de logement et de vie de la population dans ce quartier (Saint-Jacques) étaient favorables à la transmission du virus.
2 – L’habitat joue un rôle dans la transmission du virus
Le mode de vie mais aussi l’habitat (petits logements, promiscuité) ont donc joué un rôle déterminant dans la propagation du virus dans ce cluster perpignanais de St Jacques. A la différence des 2 autres quartiers où il y a par exemple des extérieurs.3 – Les jeunes majoritairement touchés par la pandémie
Autre observation très intéressante de cette étude perpignanaise, ce sont surtout les plus jeunes qui ont été contaminés par le virus. Si l'on additionne la tranche des 6/14 ans et celle des 14/19 ans, on totalise 84% de jeunes positifs au coronavirus.4 – Obésité, diabète : des patients à haut risque
Les personnes hospitalisées (analyse sur 97 patients) se sont révélées aussi plus jeunes que la moyenne : 52 ans (à la même époque, la moyenne d'âge des patients hospitalisés en France était de 75 ans). Les patients du cluster perpignanais souffraient pour beaucoup d’obésité (80%) et/ou de diabète (47%). 7% sont décédés. La population des ces quartiers est plus vulnérable, avec un risque important de faire une forme grave de la maladie.5 – Les personnes âgées plutôt préservées
A l’inverse, l’étude pointe la faible proportion de personnes âgées frappées par l'épidémie dans ce cluster, soit 15 % des + de 65 ans. Elles semblent avoir été particulièrement protégées par la communauté.Mais attention, avertissent les médecins, elles restent par conséquent des personnes fragiles alors que le deuxième vague fait rage. D’où l’importance de ne pas relâcher les mesures barrières.
L’analyse des données va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2020 afin de mieux cerner les attaques du virus et tirer tous les enseignements du cluster de Perpignan.