Depuis le début de l’épidémie, le coronavirus touche durement la communauté gitane sédentarisée de Perpignan où plusieurs décès se sont produits. A l’approche du déconfinement, ils sont tous très inquiets. Les médiateurs des gitans réclament des mesures de protection.
La rentrée scolaire au coeur des inquiétudes
A l'approche du 11 mai et donc du déconfinement la communauté gitane est inquiète.
La réouverture de l’école La miranda, du quartier Saint-Jacques à Perpignan est une des préoccupations principales de cette communauté.
Elle demande par la voix de son médiateur, Jean-Baptiste Vila de reporter la rentrée :
Il y a eu beaucoup de maladies dans le quartier Saint-Jacques, alors la communauté souhaiterait être les derniers à rentrer à l’école. Cela rassurerait les familles, et si ça se passe bien alors là on pourra envisager une reprise.
Pour se préparer au mieux au déconfinement, les médiateurs du quartier Saint-Jacques ont invité les élus du département, de la région et de la ville à répondre sur place à leurs inquiétudes. Ils ont été entendus puisque l'école n'accueillera pas d'élèves sur site nous dit Laure Henry, directrice de la cohésion citoyenne à la mairie de Perpignan :
L'école ouvrira donc mardi 12 mai mais n’accueillera aucun élève, la directrice et les instituteurs seront présents et tous les après-midis les parents viendront récupérer des devoirs. Ils les ramèneront le lendemain et en récupéreront d’autres. Un processus qui va être mis en place jusqu'au 12 juin, en attendant de voir si l’accueil des enfants sur site est envisageable.On va mettre en place tout ce que l’on peut avec des partenaires pour pourvoir gérer et aider ces enfants à faire leurs devoirs, et essayer de rattraper un petit peu le manque perdu, ça c’est décidé, c’est acté.
Autre préoccupation : le marché
Il a lieu normalement tous les jours sur la place du quartier Saint-Jacques, des centaines de personnes y viennent nous dit Jean-Baptiste Vila :
Le marché ne devrait pas avoir lieu avant le début du mois de juin.Nous sommes formellement contre la réouverture de ce marché qui a lieu tous les jours. Si on accepte ça, c’est la porte ouverte pour le virus.
Rassurer les gitans touchés de plein fouet par le coronavirus
Ce dispositif de rencontre entre les élus locaux et les résidents du quartier a été mis en place pour rassurer la communauté gitane encore choquée.Car dans le quartier de Saint-Jacques, le coronavirus a frappé de plein fouet les habitants, aucun bilan officiel n'a été divulgué, mais le traumatisme est bien là :
Moi j’ai pleuré, c’était le balai des ambulances, ils rentrent d’un côté, sortent de l’autre, on n'entendait que ça, les ambulances. Les morts qui se succèdent, c’était terrible. Nous on était là, on ne pouvait rien faire, pas bouger.
"Le confinement a dans l’ensemble été respecté ajoute Jean-Baptiste Vila, habitant du quartier Saint-Jacques et représentant de la communauté gitane. Mais là avec l’annonce du déconfinement il va y avoir des centaines de gens dans les rues. Et nous on veut sensibiliser. On veut dire aux gens faites attention la guerre n’est pas finie, sortez avec un masque, respectez les gestes barrières. Le virus est toujours là, et il faut apprendre à vivre avec lui, s'il n’y a pas l’école et le marché c’est déjà une bonne chose."
D’ailleurs il aimerait que le port du masque soit obligatoire dans son quartier :
Ils veulent que le port du masque soit obligatoire dans les lieux publics mais le quartier Saint-Jacques c’est un lieu public, les gens vivent dehors.
Vers une nouvelle explosion des contaminations ?
La crainte des médecins est de constater une nouvelle explosion des contaminations après le déconfinement, comme nous le dit François Olivet, médecin du quartier :
Désormais il faudra accompagner les gitans du quartier Saint-Jacques vers le déconfinement.Le problème c’est que là, on va leur demander non pas d’anticiper un fléau qui s’abat sur eux, ça ils savent très bien le faire, mais d’éviter qu’un fléau n’arrive sur eux. On va leur demander de faire de la baisse d’interaction sociale, de porter des masques, alors que l’épidémie reste basse.
C'est pourquoi des représentants de la communauté gitane avec le soutien des médecins et des associations de quartiers vont relayer le discours de prévention et de précaution auprès des 5 000 habitants du quartier.