Déménagement exceptionnel de sept sarcophages du Ve siècle, un "chantier phénoménal" dans les Pyrénées-Orientales

Les quatre sarcophages découverts à Elne (Pyrénées-Orientales) en avril 2022 ont désormais une nouvelle demeure. Ils seront visibles au musée Terrus, avec trois autres sarcophages datés eux aussi entre le IIIe et le Ve siècle, jusqu'ici exposés dans le cloître de la cathédrale.

"Je pense que les services de la ville n'ont pas beaucoup dormi cette nuit", annonce d'emblée Annie Pezin, adjointe à la mairie d'Elne en charge du patrimoine. La raison de cette insomnie collective ? L'emménagement périlleux de sept sarcophages, datés entre le milieu du IIIe siècle et le tout début du Ve siècle, dans le musée Terrus, au cœur du centre historique de la ville.

Parmi eux, les quatre tombeaux de calcaire découverts au hasard d'un chantier souterrain dans la rue Mazagran en avril 2022. Après un an et demi de fouilles, d'études et de restauration par le service archéologique du département, ils ont une nouvelle demeure, où ils sont rejoints par trois autres sarcophages de la même période, entreposés depuis un siècle dans le cloître de la cathédrale.

"L'idée est de les regrouper pour les présenter avec une muséographie qui donnera un contexte", précise Annie Pezin. "Ces sarcophages témoignent du début de la christianisation du Roussillon", rappelle l'élue de cette commune qui fut le siège du premier évêché de la région. Les ossements d'au moins onze personnes y ont été retrouvés. Aucune indication n'existe sur leur identité ni sur leur fonction, mais la nature de ces sarcophages montre qu'il s'agissait probablement de personnes importantes.

Leur déplacement pour être mieux exposés au public représente donc un "chantier phénoménal". En plus d'être un témoignage historique inestimable, ces sarcophages sont fragiles, certains présentant même des fissures.

De mémoire d'homme vivant, personne ne les a vus bouger. C'est un moment de grosse tension parce qu'on a toujours peur qu'il y ait un pépin durant le transport, mais c'est très excitant et c'est le premier pas vers la nouvelle muséographie qui présentera les sarcophages du cloître et ceux qui ont été découverts l'année dernière.

Annie Pezin, adjointe à la mairie d'Elne 

La mairie a donc fait appel à une entreprise spécialisée pour transporter ces trésors historiques, avec une difficulté toute particulière pour les monolithes installés dans le cloître. Lourds chacun d'une tonne et demie en moyenne, ils doivent en effet quitter le cloître, traverser le sol inégal et glissant de la cathédrale et franchir la marche de marbre marquant le seuil, avant de serpenter dans les rues étroites, pavées et pentues de la ville.

"Une fois dans une vie"

Là, tout se joue au millimètre. "Il y a eu un "aller-voir", on n'arrive pas comme ça sans avoir mesuré, tout est réfléchi", rassure Jean-Claude Canals, le superviseur de l'opération gérée par la société Bovis. Malgré la casse d'un chariot, vite remplacé, et l'énorme pression reposant sur leurs épaules, Jean-Claude et ses collègues ont conservé un calme olympien tout au long de l'opération. "En gardant le calme, on arrive toujours à trouver la ou les solutions au problème qu'on rencontre", philosophe-t-il.

Le déménagement à haut risque s'est fait en toute discrétion, sans autre communication préalable que des interdictions de circulation et de stationnement. Pas question d'avoir trop de monde sur le trajet des sarcophages et de risquer un accident dans ce parcours minutieusement étudié. Les passants chanceux de se trouver là par hasard savourent donc ce moment. "On ne verra ça qu'une fois dans sa vie", reconnaît une employée du cloître. "Ah oui, on ne recommencera pas de sitôt", lui répond en plaisantant l'adjointe au maire.

Les sept sarcophages d'Elne seront à découvrir au musée Terrus dans les prochaines semaines, avec une ouverture souhaitée pour les journées du patrimoine. Un symbole fort pour présenter ces joyaux illibériens.

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