L'ampleur du "scandale" sanitaire lié au valproate de sodium, la substance active de l'antiépileptique Dépakine, a été révélée mercredi par le ministère de la Santé, qui a reconnu que plus de 14.000 femmes enceintes avaient été "exposées" entre 2007 et 2014 à ce médicament nocif pour le foetus.
Sous la pression des familles de victimes, le ministère de la Santé a également annoncé une série de mesures dont la mise en place d'un dispositif d'indemnisation pour les victimes qui devrait être voté au Parlement d'ici à la fin de la l'année.
"Scandale d'Etat"
Marine Martin, la présidente de l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac), qui habite Pollestres, dans les Pyrénées-Orientales, et qui alerte depuis 2011 sur les dangers du valproate et n'hésite pas à parler de "scandale d'Etat", s'en est pris mercredi au laboratoire Sanofi.
"J'attends que Sanofi s'exprime"
J'attends que Sanofi s'exprime car aujourd'hui ils sont dans un silence total et le mépris des victimes. J'espère que le gouvernement saura être ferme et les obligera à participer au fonds d'indemnisation", déclare Marine Martin.
Une habitante de Pollestres porte plainte contre X
C'est donc une nouvelle victoire pour cette habitante de Pollestres, dans les Pyrénées-Orientales. Elle avait déjà porté plainte contre X en mai dernier pour dénoncer la mauvaise information des patientes traitées avec l'anti-épileptique de Sanofi.
Invitée dans le journal régional, Marine Martin présidente association de victimes de la Dépakine
Marine Martin, présidente association de victimes de la Dépakine dans le journal de France 3 Languedoc-Roussillon le 23 février 2016.
La réaction de Sanofi
Sanofi a réagi à l'étude en rappelant que la prescription du valproate était déconseillée chez les femmes enceintes pendant toute la période couverte par l'étude. "La question plus générale qui se pose est celle de la prise en compte de l'information par les différents acteurs de santé", a ajouté le laboratoire.
Risque élevé de malformations congénitales
Commercialisée depuis 1967 en France, la Dépakine est sur la sellette comme tous les médicaments à base de valproate de sodium, à cause d'un risque élevé - de l'ordre de 10% - de malformations congénitales mais également d'un risque accru d'autisme et de retards intellectuels et/ou de la marche, pouvant atteindre jusqu'à 40% des enfants exposés.
Connues depuis les années 1980, les malformations portent principalement sur le coeur, les reins, les membres, la colonne vertébrale (spina bifida) et incluent des becs de lièvre.
"Des dizaines de milliers de victimes"
"Les chiffres confirment l'intuition de l'Apesac, il y a beaucoup de victimes, vraisemblablement des dizaines de milliers de victimes" a commenté Me Charles Joseph-Oudin, le principal avocat des victimes après la rencontre au ministère de la santé.
Marine Martin extrapole pour sa part à 50.000 le nombre des victimes du valproate depuis le début de sa commercialisation en France en 1967 par le laboratoire Sanofi sous la marque Dépakine.
Un dispositif pour la prise en charge des soins
Le ministère de la Santé a promis dans les six mois un dispositif permettant de prendre en charge "en totalité" par l'Assurance maladie les soins des patients reconnus dans le cadre d'un "protocole de dépistage et de signalement".