Les Catalans votaient ce jeudi pour élire leurs nouveaux députés. Après le dépouillement de plus de 99,8% des bulletins, les mouvements indépendantistes disposent d'une majorité absolue, alors même que le parti anti-indépendance Ciudadanos remporte le plus grand nombre de voix.
À l'issu d'un vote au dénouement particulièrement indécis, les trois formations indépendantistes disposent désormais d'une majorité absolue au parlement régional avec 70 sièges sur 135. "L'Etat espagnol a été vaincu. Rajoy et ses alliés ont perdu !", a lancé le leader Carles Puigdemont depuis Bruxelles, dont la liste arrive en tête au sein du camp indépendantiste. Le Parti populaire du chef du gouvernement n'a obtenu qu'un faible score de 4,24% et trois sièges.
Catalogne: les indépendantistes retrouvent la majorité https://t.co/eN5vwAridR #AFP pic.twitter.com/MOyuY9kbtf
— Agence France-Presse (@afpfr) 22 décembre 2017
Pour autant, par le jeu des pondérations de voix, profitant aux régions rurales où ils sont bien implantés, les indépendantistes ont la majorité au parlement sans avoir la majorité des voix: 47,6 % des Catalans ont voté pour ces formations, mais 52 % contre. Le parti libéral anti-indépendance Cuidadamos a ainsi été désigné comme première force politique de la province et obtient 37 sièges.
À ce stade, et à moins qu'ils ne parviennent pas à s'entendre pour former une coalition, les indépendantistes reprendront les commandes de la région, que le gouvernement de Madrid leur avait retiré.
Une participation historique
Autre fait marquant de cette élection, la participation. 82% soit 5,5 millions de votants se sont déplacés dans les urnes, pour ce scrutin aux allures de plébiscite "pour ou contre l'indépendance". Un score impressionnant pour le politologue Emmanuel Négrier : "la société catalane est une société civile très puissante dans son comportement électoral et civique et ce qui est étonnant c'est que tout le monde pariait sur le fait que cette forte participation serait le signe d'un regain de force des unionistes, et cela n'a pas été le cas".
Les partis vont-ils s'entendre ?
Beaucoup de questions se posent à l'issue de ce scutin, notamment la capacité à gouverner ensemble. Au sein même des indépendantistes, les opinions divergent entre la gauche républicaine et la droite nationaliste. "Hier soir ils se sont plutôt adressés des congratulations réciproques", constate Emmanuel Négrier. "Je pense qu'ils ne vont pas laisser une autre alternative se faire, notamment autour de Cuidadamos".
Quant au premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, il s'est déclaré ouvert au dialogue en proposant "sa coopération au gouvernement qui sera constitué". Il a en revanche refusé de se réunir avec l'ex-président indépendantiste Carles Puigdemont.