Le 26 septembre, le biathlète catalan Martin Fourcade a été désigné porte-drapeau de la délégation française en Corée du Sud. Vendredi 9 février, à Pyeongchang, il défilera donc à la tête de celle-ci lors de la cérémonie d'ouverture. Un moment qui s'annonce plein d'émotions.
Fourcade ne sera pas Riner : sa nomination comme porte-drapeau a sonné comme une évidence mais le Catalan restera discret car le roi du biathlon souhaite assumer ce rôle sans se montrer trop instrusif, en "bon copain sur qui on peut compter mais qui ne prend pas toute la place".
Deux ans après le passage de la tornade Teddy Riner, qui s'était démultiplié à Rio sur les différents sites des Jeux olympiques 2016 pour soutenir les Français, le Pyrénéen va imposer un tout autre style à la délégation tricolore.
Fourcade, c'est l'incarnation de la force tranquille et un charisme naturel, loin de la furie du judoka aux deux titres olympiques chez les lourds dont l'omniprésence auprès des Bleus avait marqué les esprits au Brésil.
Un style tout en retenue que l'on retrouvera forcément dans sa façon d'aborder cette fonction honorifique de porte-drapeau.
Chacun sa touche
"Si on attend de moi que je fasse le tour des chambres le soir des compétitions, les gens seront déçus parce que je ne le ferai pas", a expliqué à l'AFP le biathlète aux six gros globes de cristal. "Je ne vais pas essayer de copier quelqu'un, Teddy (Riner, ndlr) ou Jason (Lamy-Chappuis, porte-drapeau à Sotchi en 2014, ndlr). Chacun a sa façon de voir les choses, chacun a sa patte, sa touche."
Bombardé "chef de file de cette génération", Fourcade sera donc un patron "en retrait", prêt à "distiller des conseils à droite à gauche, à écouter ceux qui en ont besoin", mais sans se mettre en avant.
Pas de superstition face au "syndrome du porte-drapeau"
"Les athlètes m'ont plébiscité en me connaissant, en connaissant ma façon d'aborder un événement, en sachant ce que je serai capable de faire ou de ne pas faire", a-t-il précisé.
Au-delà de son caractère, Fourcade est également conscient que son programme sportif très chargé (6 épreuves en 11 jours) l'empêchera de jouer les chaperons pour la "Team France".
Avec lui, rien n'est laissé au hasard dans la quête de la performance et il ne veut surtout pas dévier de sa trajectoire et se disperser alors qu'il rêve de ramener une ou plusieurs médailles d'or de Pyeongchang pour rejoindre ou dépasser le mythique Jean-Claude Killy, athlète tricolore le plus titré des JO d'hiver (3).
Et quid du fameux "syndrome du porte-drapeau", qui a souvent été fatal à ses prédécesseurs ?
"Je n'ai pas peur de ça, a-t-il déclaré. Je ne suis pas superstitieux. Je sais que je peux foirer mes Jeux mais j'ai du mal à croire que ce soit parce que j'ai accepté de porter un drapeau pendant une demi-heure dans ma vie. J'ai accepté ça en mon âme et conscience et si je ne m'étais pas senti capable de le faire, j'aurais dit non."
Un avantage psychologique
Fourcade y voit au contraire "un avantage" psychologique et une manière de bien "lancer émotionnellement (s)es Jeux", lui qui avait débarqué en Russie "tendu" il y a quatre ans et "avait mal commencé la compétition".
Pour bien prendre la mesure de son rôle, le Catalan a tout de même consulté quelques anciens porte-drapeaux dont il est proche, Vincent Defrasne (Vancouver-2010), Jason Lamy-Chappuis (Sotchi-2014) et Tony Estanguet (Pékin-2008), avant d'accepter de défiler en tête du cortège français. Tous lui ont conseillé de foncer.
"Il voulait savoir un petit peu mon expérience de porte-drapeau à Sotchi", témoigne ainsi Jason Lamy-Chappuis. "Je lui ai répondu que même si sportivement j'étais dans une phase un peu difficile et que ça a rajouté de la difficulté d'être porte-drapeau, si c'était à refaire, je referais la même chose. C'était tellement des moments incroyables, ça égale largement mon titre olympique de 2010 au niveau émotion et sensations personnelles. C'est une fierté de représenter son pays, d'être accepté et soutenu par toute la délégation française, d'être le leader de toutes ces personnes. Au Village olympique, des liens forts d'amitié se créent avec les athlètes et l'encadrement. Le côté humain de Martin avec les athlètes sera important."