Sans date d'ouverture précise et avec espoir de pouvoir démarrer à temps, les stations de skis des Pyrénées-Orientales s'apprètent à recevoir les skieurs. Sans aucune certitude.
L'or blanc est là : quelques pépites certes, pas suffisamment encore, mais les canons à neige sont prêts à produire en attendant les premiers flocons. Dans les stations des Pyrénées Catalanes, comme ici ce lundi 23 novembre au Cambre d'Aze, on révise les remontées mécaniques dans l'espoir d'un feu vert du gouvernement, que l'on souhaite au plus tard pour le 19 décembre.
Mais les professionnels de la montagne devront encore attendre pour savoir s'ils pourront débuter leur saison aux vacances de Noël, une décision qui sera prise "dans les dix prochains jours", leur a annoncé lundi Matignon. "La question d'ouvrir ou de laisser fermées les stations de ski pour les vacances de fin d'année n'est à ce jour pas tranchée, les deux options étant encore envisagées compte tenu des incertitudes sur l'évolution de la situation sanitaire", ont annoncé les services du Premier ministre dans un communiqué.
Des préparatifs en cours
" Nous croyons qu'ici, il y a moyen de profiter de la nature et du grand air et de se vider un peu l'esprit en cette période de confinement. L'économie du ski, ici, elle pèse très lourd. Quand un 1 euro est dépensé sur le forfait de remontées mécaniques, c'est 7 euros de retombées sur l'économie locale, " explique Jacques Alvarez, directeur du Cambre d'Aze et directeur adjoint de Font-Romeu-Pyrénées 2000.On ne peut pas s'imaginer tirer un trait sur la saison !
Des emplois très saisonniers
Conformément aux recommandations de la ministre du Travail, Elisabeth Borne, les stations envoient des "promesses d'embauche" à leurs travailleurs saisonniers. Dans les Pyrénées-Orientales, toutes les stations de sport d’hiver confondues cumulent près de 8 000 emplois. Ce sont des emplois saisonniers qui vont de septembre à mars. A Font-Romeu, les dameuses sont prêtes mais une partie des saisonniers attendent d'être recrutés. Dans la station, ils sont 145, souvent des habitants de la région." Ils nous tardent tous de travailler, c'est sûr ! J'ai plein de collègues qui m'appellent tous les jours en me demandant quand nous ouvrons ", témoigne Pascal Gabet, chef de secteur des remontées mécaniques. " Ces 4 mois de travail sont vitaux pour nous. On ne vit que de ça. "
Une économie touristique
Si ces saisonniers pourront être placés en chômage partiel le cas échéant, la situation paraît plus difficile encore dans d'autres métiers. Cette économie touristique regroupe les exploitants de domaines skiables, mais aussi les hôteliers, restaurateurs et commerçants. Ce propriétaire de deux restaurants a lui, d'ores et déjà, prévu une organisation totalement différente.
" On est en train de se réadapter. Aujourd'hui, par exemple , pour utiliser des salariés à de nouvelles tâches, pour pouvoir respecter les distances et surtout livrer et faire de la vente à emporter, " explique Jean-Christophe Solère, restaurateur à Pyrénées 2000.Reste une dernière inconnue : les Espagnols pourront-ils venir ? Ils représentent près de 30 % de la clientèle dans les stations des Pyrénées-Orientales. Et en Espagne, certaines stations, comme Baqueira Beret, annoncent déjà leur ouverture.
Dans les Pyrénées-Orientales, en 2017, 1 million 250 000 journées de skis ont été vendues et près de 3 millions de nuitées. A l'échelle nationale, les stations de ski accueillent chaque année environ cinq millions de skieurs et génèrent 11 milliards d’euros d’activité. On estime que 120 000 emplois saisonniers sont liés aux stations.