Le meeting géant du leader indépendantiste Carles Puigdemont à Perpignan a attiré 100.000 sympathisants ce samedi 29 février. La foule s'est rassemblée dès 8 heures pour écouter l'ex-président de la Generalitat, revenu à deux pas de la frontière catalane deux ans après le début de son exil.
L'ex-président de la Generalitat, Carles Puigdemont, est revenu pour la première fois depuis deux ans au plus près de la Catalogne pour un meeting géant au Parc des Expositions de Perpignan, ce samedi.
Les indépendantistes sont venus de toute la Catalogne pour écouter la prise de parole de l'ancien président de l'exécutif catalan, aujourd'hui eurodéputé. Ses nombreux soutiens lui ont réservé un accueil chaleureux dans cette ville toute proche de la frontière, qu'ils considèrent comme "la capitale de la Catalogne Nord".
Le site a accueilli jusqu'à 100.000 personnes au plus fort, selon les autorités, et 150.000 personnes selon les organisateurs.
La foule s'est rassemblée sur le site dès 8 heures du matin. À 13 heures, au début de l'allocution prévue à l'origine à midi, une centaine de bus étaient toujours coincés dans les bouchons à la frontière franco-espagnole, selon l'organisation.
Il s'agit de la plus grande manifestation à Perpignan depuis 1907, lors des manifestations vigneronnes.
Plusieurs milliers de Carles Puigdemont attendent déjà le leader indépendantiste catalan, certains depuis 8 heures ce matin, au Parc des Expos à #Perpignan
— France 3 Occitanie (Montpellier) (@F3Languedoc) February 29, 2020
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Un ex-président de retour en "Catalogne Nord"
La prise de parole du leader indépendantiste catalan, exilé en Belgique depuis la déclaration unilatérale d'indépendance de la Catalogne en 2017, était très attendue. Il a remercié ses amis de la "Catalogne du Nord" pour l'accueil, avant de rappeler son objectif principal : instaurer une République catalane.
"Nous ne nous arrêterons pas, ils ne nous arrêterons pas. Préparons-nous", a-t-il lancé, déterminé, à la foule en liesse.
Une république indépendante catalane est l'unique voie pour sortir de la monarchie franquiste.
- Carles Puigdemont
En Espagne, Carles Puigdemont est toujours accusé de sédition par la justice. Mais, depuis qu'il est entré au Parlement européen en juin 2019, il estime pouvoir bénéficier de l'immunité parlementaire. Il peut donc théoriquement se déplacer en France sans risque d'extradition.
Une situation qui risque de ne pas durer ; le Parlement européen a lancé, en janvier, une procédure de demande de levée de cette immunité.
Avant lui, les eurodéputés Clara Ponsati et Toni Comin ont pris le micro. Eux aussi ont participé à la déclaration d’indépendance et ont fui la justice espagnole. Des vidéos d’autres indépendantistes, notamment les prisonniers politiques Oriol Junqueras et Jordi Cuixart, restés en Espagne et condamnés à 9 et 13 ans de prison pour "sédition", ont été diffusées.
Tous ont chanté l'hymne national catalan sur la scène à la fin du meeting.
Des difficultés de circulation
Entre 12 et 15.000 voitures étaient attendues, ainsi que 600 bus et 450 camping-cars.
Une dizaine de kilomètres de bouchons ont été signalés dans la matinée à la frontière, au Perthus, par les gendarmes. Sur l'A9, des centaines de véhicules ont été bloqués au niveau de la sortie 41 vers Perpignan Nord.
13H13 : https://t.co/CIR3eRzpYv bouchon terminé entre la Frontière Espagnole et la barrière de péage du Perthus
— Autoroute A9 (@A9Trafic) February 29, 2020
Sortie N°41 Perpignan Nord trafic ralenti sur 10 km
Sortie N°42 Perpignan Sud, trafic ralenti sur 500m, suite au meeting prévue à Perpignan #A9 #InfoTraf
[ITINERAIRES ET STATIONNEMENT]
— Préfet des Pyrénées-Orientales (@Prefet66) February 28, 2020
dans le cadre de la manifestation prévue le samedi 29 février sur la parking du palais des expositions pic.twitter.com/wxebBChlxT
Des centaines de bus ont été stockés sur la D617, fermée pour l'occasion.
Certains sont venus dès la veille, pour être présents au plus tôt pour assister au meeting.
Un important dispositif de sécurité a été mis en place. Tous les effectifs de police des Pyrénées-Orientales ont été mobilisés, ainsi qu'une compagnie de CRS de Carcassonne, des tireurs d’élite sur les toits, et cinq escadrons de gendarmerie mobile en renfort, dont un à la frontière. L'Agence Régional de Santé a également été mise en alerte, pour d’éventuels cas de Coronavirus.
Les fouilles sont également systématiques. Plusieurs centaines de journalistes, notamment la presse catalane, sont présents.
Puigdemont reçu à bras ouverts par les élus locaux
Carles Puigdemont a été accueilli à 9 heures à la mairie de Perpignan par le maire Jean-Marc Pujol, avec son successeur à la tête de la Generalitat, Quim Torra. Il a remercié le maire pour son "geste républicain". "La liberté d'expression n'a pas de frontière", a déclaré Jean-Marc Pujol. Après la mairie, Carles Puigdemont était invité par le conseil départemental. Il a été reçu par la présidente Hermeline Malherbe.
Accueilli par l'Usap
Vendredi soir, Carles Puigdemont est venu assister au match de l'Usap face à Rouen, au stade Aimé-Giral. Il a été accueilli comme une rock star par le président du club, François Rivière, qui l'a invité. De nombreux journalistes de la presse catalane étaient présents. Son nom a été inscrit au tableau d'honneur.
"Je suis très heureux de pouvoir venir en terres catalanes, a-t-il déclaré à cette occasion, de voir le drapeau catalan, de partager la même culture, et enfin d’être chez moi, chez nous, c’est un honneur d’avoir cette opportunité."
Il est attendu à la Casa de la Generalitat en coeur de ville de Perpignan samedi soir. Dimanche, il se rendra au Mémorial de Rivesaltes, avant de repartir à Bruxelles.