"On n'est pas des sauvages" : dans les Pyrénées-Orientales, la souffrance des personnes âgées privées de lien social

La crise sanitaire a changé les habitudes et la physionomie des villages. Les anciens sortent peu dans les rues et sur les places. Pour beaucoup fini les rendez-vous quotidiens pour commenter l'actualité ou la vie de la commune comme à Fourques dans les Pyrénées-Orientales.

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Dans le monde d'avant, les anciens du village , "les sénateurs" comme on les appelle à Fourques, se retrouvaient sur le banc de la place pour refaire le monde ou parler du temps qui passe. Les ainés comme Lucienne 91 ans y avaient leurs habitudes.
"C'était bien",soupire Lucienne en regardant la photo d'elle et de ses amies.
Mais Lucienne ne sort plus désormais, si ce n'est pour aller dormir chez sa fille.
Finis les rendez-vous entre copines, les rifles et les lotos du dimanche.

Ca me manque lorsqu'on était toutes ensemble. Je racontais toujours des histoires... Toujours elles me demandaient : "Alors Lucienne qu'est-ce que tu nous racontes ?". On était bien tous ensemble.... Avec les copains, les copines....

Lucienne Macabiès, 91 ans

Moral en berne

Aujourd'hui restent la famille, l'aide ménagère et l'infirmière pour préserver un lien social.
"Il y a une baisse de moral en général chez nos plus âgés, confie Sandrine, l'infirmière de Lucienne. Il y a quand même un isolement. Même s'il y a les familles, il y a aussi les gestes-barrières, le port du masque et cela ne facilite pas les choses".


Changement radical

Forcément,  les habitudes changent. La lecture, les jeux à la maison avec les enfants, les petits-enfants remplacent les sorties. Mais cela ne suffit pas toujours pour garder le moral. Les personnes âgées ne sortent pas ou très peu.
"Ce n'est pas possible de rester isolés comme ça. Ils ne se rendent pas compte... Ca va revenir, j'espère... Parce qu'on n'est pas des sauvages, on a besoin de parler, de discuter, de voir du monde. Avant, je prenais le goûter avec ma petite-fille Lucie et là, depuis plusieurs semaines je n'ai plus personne. La dame avec qui je sors est plus âgée et ne sort plus, l'autre est décédée... Mes copines me manquent.

Avant on allait sur la place mais sur la place il n'y a plus personne. Même quand on va chercher le pain, on ne voit plus personne.

Caroline Granado, 79 ans

Caroline rêve de retrouver ses amies, de faire du shopping et de pouvoir à nouveau  préparer un repas pour sa famille : "On ne peut plus dicuter avec personne et ça me manque".
Sa fille Christine, elle, est rongée par l'inquiétude. Face aux risques du virus, mais elle craint aussi les conséquences de l'isolement.

 La peine, ça mine et on dirait que cela active le vieillissement.

Chrisitne Melgar, fille de retraitée

"Le confinement a des conséquences sur le physique de ma mère. Le fait de ne pas bouger lui fait perdre des facultés", s'inquiète Christine, la fille de Caroline.

Caroline et Lucienne comptent sur des fêtes entourées de leur famille. Des moments qu'elles espèrent surtout pouvoir se raconter à nouveau sur la place du village.
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