"On veut travailler correctement avec les enfants", les agents des crèches municipales en grève à Perpignan par crainte d'une privatisation

Les quatre crèches municipales de Perpignan sont en grève à compter de ce jeudi 30 mars pour dénoncer la mise en délégation de service public (DSP) de la crèche du Moulin à vent. La gestion des 33 agents de cette crèche, la plus importante de la ville, devrait être externalisée pour la rentrée 2023.

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Un appel d'offres a été publié par la mairie de Perpignan. Cette dernière se défend de privatiser l'établissement et préfère parler d'externalisation, en rappelant que seule la gestion des personnels sera concernée. François Dussaubat, adjoint au maire en charge des ressources humaines et des marchés publics, explique : "On a fait les calculs, en externalisant, on arrive à une économie de 200 000€, sans toucher aux salaires des agents".

L'élu précise aussi que la crèche du Moulin à vent a un taux d'absentéisme plus élevé que dans les autres crèches municipales : 16% contre 9%. "La loi nous interdit de faire appel à des intérimaires pour les remplacer", précise François Dussaubat, qui espère voir cette question réglée par la DSP.

Majoritairement des femmes, les agents de la crèche répondent que l'absentéisme est dû aux conditions de travail difficiles : maladies infantiles, blessures liées au porté des enfants, absences pour s'occuper de leurs propres familles… "Dans le secteur de la crèche, on sait qu'il y a un gros turn-over du personnel", confirme Bénédicte Vincent, co-secrétaire du syndicat SUD 66, en soutien de la grève.

Mais pour elle, la DSP signerait la "disparition du service public", citant l'exemple de la crèche Joan Miro "qui a été privatisée en 2014 et où seulement trois agents du service public sont encore en poste aujourd'hui". Elle s'inquiète également pour les contractuels qui pourraient perdre une opportunité d'emploi.

Les agents, eux, craignent pour l'encadrement de leur travail, qui ne relèvera plus de la fonction publique, mais du repreneur éventuel. "On nous fait beaucoup de promesses mais est-ce qu'elles vont être tenues ?", s'inquiète Julie, mobilisée ce jeudi dans les locaux de SUD 66. Salaires, tickets restaurants, primes, congés… "Beaucoup de choses seront différentes et on n'a pas de sûreté sur ce qu'on nous a dit".

 

"On est fonctionnaires, on a quand même une sécurité, et on ne l'aura sûrement plus."

 

Comme Julie, les agents pointent aussi du doigt les risques pour les enfants. "On sait très bien que dans le privé, le taux d'encadrement n'est pas le même que dans le public (un agent pour huit enfants ou cinq enfants non-marcheurs, ndlr). On n'a pas envie que ça soit l'usine et on veut travailler correctement avec les enfants."

Une pétition a été partagée auprès des familles, elles aussi préoccupées quant aux conditions dans lesquelles leurs enfants seront accueillis. Un rassemblement a été organisé devant l'hôtel de ville où se tenait, ce jeudi 30 mars, le conseil municipal.

 

Ecrit avec Marie Boscher

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