Deux ans jour pour jour après la création des gilets jaunes, un rond-point au nom de ce soulèvement populaire a été inauguré à Cabestany par le maire communiste de la commune, Jean Vila. L'occasion de faire le point sur ce que sont devenues les revendications du mouvement social.
C'est en comité très restreint que s'est tenue l'inauguration discrète du "rond-point des gilets jaunes", sur la commune de Cabestany, près de Perpignan, deux ans jour pour jour après la création du mouvement social, le 17 novembre 2018.
Un mouvement qui a marqué l'histoire
Ce mardi, le maire communiste Jean Vila, soutien du mouvement, et la conseillère municipale Rose-Marie Drouillot, membre des gilets jaunes, ont permis à l'organisation et leurs revendications de laisser une trace physique et concrète dans l'histoire de la commune. Un moyen symbolique de saluer leur combat qui a animé les ronds-points autour de Perpignan pendant près d'un an.La décision de renommer ce rond-point, sans nom jusqu'alors, a été prise en décembre 2018. Le maire avait alors expliqué vouloir laisser, pour la postérité, un souvenir de cette lutte qu'il inscrit dans la lignée des grandes conquêtes sociales françaises : la Révolution de 1789, la Libération de la 2ème Guerre Mondiale, Mai 68 et les grandes luttes de 1995. Si les gilets jaunes ont sûrement marqué l'histoire des luttes sociales en France, leur soulèvement n'a pas été suivi de l'effet escompté.Je crois que la lutte qu'avaient engagée les gilets jaunes est toujours d'actualité, on l'a toujours soutenue et on a décidé de renommer ce lieu de rassemblement de nombreux gilets jaunes par leur nom.
"La colère couve toujours"
Parmi les revendications de départ du mouvement, divisées en trois grands volets (justice sociale, justice fiscale et démocratie), peu ont en effet été appliquées. Si des gestes immédiats ont été accordés par Emmanuel Macron pour plus de pouvoir d'achat (baisses d'impôts, fin de la hausse de la taxe carbone...), les grands changements voulus par les gilets jaunes (retour sur la CSG, réintroduction de l'ISF, mise en place d'un référendum d'initiative citoyenne) sont passés à la trappe.Les mobilisations massives de plusieurs milliers de personnes, chaque samedi, dans les centre-villes, et sur les rond-points, sont bien lointaines.
"Là où il y a une semi-victoire, c'est qu'on a réussi à repousser la mise en place de la réforme des retraites", note tout de même Gilbert, un militant gilet jaune du rond-point du Près d'Arènes à Montpellier, toujours actif.
Gilbert espère que la détresse des petits commerçants, des hôpitaux et de l'enseignement face à la crise économique et sanitaire liée au Covid-19 pourra ranimer un mouvement de contestation. Selon lui, la colère couve toujours.Le mouvement a subi des assauts terribles pendant deux ans, il a été affaibli par la répression des manifestations, par la réponse judiciaire très dure et ensuite par la crise sanitaire. Beaucoup de personnes se sont mises en retrait. Sur notre rond-point, nous représentons pour les gens comme une dernière résistance.
On ne prétend pas en tant que gilets jaunes renverser la société. On ne peut le faire qu'en convergence avec d’autres couches de la population qui se soulèvent. Personnellement j’espère raviver ce mouvement. Car la seule solution, qui a été mise en lumière par les gilets jaunes, pour faire barrage à une situation intenable pour le peuple, c'est de se mettre en mouvement !