La distribution de masques à Perpignan agite les réseaux sociaux et réveille la campagne des municipales. Ils sont distribués par courrier "de la part de Monsieur le Maire". Ce qui suscite polémique et réactions des candidats au second tour contre Jean-Marc Pujol.
Le test, spectaculaire n'a rien de scientifique évidemment mais il témoigne d'une faible étanchéité. Chantal Miquel, médecin et responsable du service d'hygiène hospitalière à l'hôpital de Perpignan retourne plusieurs fois le masque dans ses mains avant d'en confirmer les limites. «Il n'a aucune capacité de filtration, il protège les autres de vos projections mais c'est tout » . Pour elle, ce masque n'est pas à recommander aux malades. Les pharmaciens que nous avons rencontrés ont tous grimacé devant le modèle que nous leur présentions. La plupart de ces professionnels d'ailleurs avaient déjà été sollicités pour un avis par des clients inquiets.
Bas les masques, la politique reprend le dessus
Comme nous sommes encore à Perpignan – ainsi que dans plusieurs milliers de villes françaises- entre deux tours d’élections municipales, la politique sur ce sujet a vite repris ses droits. « On ne peut pas distribuer des masques sans certification, proteste Louis Aliot, député du Rassemblement national, arrivé nettement en tête au premier tour. « J'ai demandé officiellement quelle était cette certification ».
Jean-Marc Pujol, maire LR de Perpignan, répond que ces premiers masques distribués sont de fabrication locale et qu'ils sont « normés AFNOR ». Et le maire sortant de s'insurger contre les réseaux sociaux, « véritable vide-ordures des rancœurs ».
Je suis halluciné par cette société d'assistés, ajoute-t-il. On distribue gratuitement des masques et les gens ne sont pas contents, Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan.
La ville de Perpignan a commencé le 7 mai la distribution de 120.000 masques - deux par boite aux lettres – avec la possibilité d'en réclamer davantage selon la taille du foyer. La moitié est de fabrication locale, provenant soit d'entreprises, soit d'ateliers de bénévoles. 50.000 viennent d'Inde.
Le contrat passé pour ces derniers pose également un problème selon Olivier Amiel, ancien adjoint de Jean-Marc Pujol et candidat contre lui aux municipales en mars dernier. Ce contrat aurait été signé avec une personne physique et non avec une société, « une sorte de mercenaire du commerce » selon l'ancien adjoint et « qui n'était même pas encore inscrit au registre du commerce au moment de la signature ». « Même si ce n'est pas totalement illégal, ce n'est pas très sérieux ». Achetés 3,78 euros l'unité, ces masques n'auraient eux non plus aucune certification puisque le marché signé ne mentionne que la fabrication et la livraison de « masques de protection lavables et réutilisables ».
Il y avait urgence et nous avons saisi toutes les opportunités », réplique Jean-Marc Pujol. « Si j'avais attendu les masques de l'Etat, nous attendrions encore ». « Moi aujourd'hui je fournis des masques et nous sommes la seule ville de France de plus de 100.000 habitants à les distribuer directement en porte-à-porte.
La campagne municipale décidément a bien repris à Perpignan et cette distribution justement agace les adversaires du maire sortant. « On a vu des candidats de la liste Pujol participer à cette distribution, affirme Louis Aliot, c'est une utilisation des moyens de la mairie à des fins électorales ». Candidate des Verts et du PS, Agnès Langevine abonde dans le même sens : « Il faudra se poser la question d’affecter ces dépenses aux comptes de campagne du candidat Pujol ».
« La distribution est faite par des bénévoles, explique encore le maire de Perpignan, certains sont candidats, d'autres non, ce n'est pas un critère». Et Jean-Marc Pujol de renvoyer la balle dans le camp de ses adversaires : « Ça ne s'est pas vu mais des candidats de ma liste ont participé aussi à la confection des masques. J'aurais bien aimé qu'il y ait des gens d'autres listes avec eux ».
Le Conseil scientifique rendra la semaine prochaine un avis sur le second tour des élections municipales. Le gouvernement prendra ensuite sa décision et envisage d'organiser un vote au Parlement sur cette question. Si la date du 21 juin est retenue, la gestion de la crise sanitaire par l'équipe sortante supplantera peut-être les thèmes de campagne du premier tour, comme la sécurité ou le stationnement. En tout cas, la plupart des candidats semblent à nouveau impatients d'en découdre.
Candidat pour LREM, Roman Grau, en position lui aussi de se maintenir pour le second tour n'a pas répondu à nos sollicitations.