Adeline Leroy est décédée en septembre dernier à Perpignan, dix jours après avoir été enfermée dans le coffre de la voiture de son compagnon, pendant de fortes chaleurs. Jusqu'ici considéré comme "témoin assisté", l'homme va finalement être mis en examen.
Le compagnon d’Adeline Leroy, décédée après avoir été enfermée dans le coffre de sa voiture, était jusqu’ici placé sous le statut de « témoin assisté ». Or, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier, dans sa décision rendue ce 2 décembre, considère qu'il existe des "indices graves et concordants" en vue d'une mise en examen de l’homme de 37 ans.
Des heures dans le coffre d’une voiture fermée
Le drame s’est produit le 15 septembre dernier. Adeline Leroy, âgée de 30 ans, est admise au centre hospitalier de Perpignan dans un état critique. Elle souffre d’une grave hyperthermie et de problèmes respiratoires, après avoir passé des heures dans le coffre d’une voiture garée en plein soleil, près d'une station-essence située avenue Julien-Panchot à Perpignan. Ce jour-là, les températures montent jusqu’à 30°C.
C’est le compagnon d'Adeline lui-même qui alerte les pompiers après l'avoir trouvée inconsciente dans la voiture. Un signalement est fait à la police. L’homme est ensuite interpellé aux urgences par la brigade anticriminalité. Dans le cadre d'une information judiciaire pour tentative d'homicide volontaire sur conjoint et séquestration, il est placé en garde à vue afin d’être interrogé sur les circonstances de ce malaise.
Après dix jours de coma, le samedi 25 septembre, la jeune femme décède à l’hôpital. Entre temps, le compagnon d’Adeline a été remis en liberté et placé sous statut de simple témoin assisté. Le parquet de Perpignan avait aussitôt fait appel de cette décision, qui avait choqué Ghislaine Gaultier et Mélanie Leroy, la mère et la sœur de la victime. France 3 Occitanie avait recueilli leurs témoignages quelques jours après le décès d’Adeline.
Sous l’emprise de son compagnon
Selon la famille d’Adeline, la jeune femme était victime de violences de la part de son compagnon, qu'elle avait rencontré au printemps 2011. "Son compagnon était extrêmement jaloux, possessif, et exerçait un contrôle sur toutes ses relations. Elle n'avait plus de réseaux sociaux. Au téléphone, je ne pouvais rien dire à ma fille, il mettait toujours le haut-parleur, explique Ghislaine.
Avant d'être avec lui, elle était forte, elle avait du caractère. Elle ne se laissait pas faire, mais il l'a mise plus bas que tout
Mélanie LeroySoeur d'Adeline Leroy
De son côté, l'homme a assuré qu’il avait emmené Adeline au travail avec lui pour qu’elle l’attende toute la journée dans la voiture. Selon lui, il s’agissait d’une habitude établie entre eux. Pour l'avocat de la famille de la victime, Me Julien Audier-Soria, cette version n'est pas plus rassurante. "Comment une jeune femme de 30 ans, décrite comme pétillante et appréciée de tous, peut-elle accepter cela ? Même s'il s'agissait d'une situation consentie, ce serait très alarmant", souligne-t-il.
Cette affaire, comme d'autres, pose la question du traitement des violences intrafamiliales. Il est difficile d'apporter des preuves car par définition, elles se produisent derrière les portes, dans un cercle très fermé. La justice travaille aujourd'hui à mieux les prendre en charge. Il est temps.
Me Julien Audier-SoriaAvocat de la famille d'Adeline Leroy
Mise en examen imminente
Le parquet de Perpignan a demandé la mise en examen pour "violences habituelles par concubin", "séquestration" et "mise en danger de la vie d'autrui". Le 28 octobre, la cour d'appel de Montpellier a examiné la requête. En présence "d'indices graves et concordants", la chambre d'instruction a retenu les motifs d'"enlèvement et séquestration" et de "mise en danger de la vie d'autrui". Le compagnon d'Adeline sera donc prochainement mis en examen. Il demeure témoin assisté pour les faits de tentative de meurtre aggravé.