Le 9 février dernier, les copropriétaires de la résidence Ruscino à Perpignan ont tapissé leur balcon de banderoles. Une action coup de poing pour évoquer selon eux, l'incompétence de leur syndic. La nomination d'un nouveau gestionnaire sera mis au vote lors de la prochaine assemblée générale.
"Nous sommes véritablement pris en otages illégalement ! " s'exclame Serge Pioli, le porte-parole des 148 copropriétaires en colère de la "résidence Ruscino" à Perpignan. " Notre gestionnaire syndic ne fait pas son travail sérieusement depuis bientôt 20 ans".
Nous avons sur les terrasses au dernier étage des infiltrations d'eau qui provoquent des dégats dans les appartements en dessous et rien n'est fait. Voilà pourquoi nous avons mis des banderoles à nos balcons pour bousculer le syndic.
Construit en 1967
Malgré les apparences, cet immeuble de standing de cinq étages construit en 1967 a besoin d'un coup de jeune surtout au niveau de l'étanchéité. " Cela fait plus de trois fois que je fais repeindre le mur de mon entrée mais quelques temps après, l'humidité ressort et provoque des tâches jaunâtres " témoigne Michelle Blanc, propriétaire depuis 45 ans. " et encore je n'ai pas à me plaindre. Dans d'autres appartements c'est pire.
Tous les plafonds se fissurent et les peintures se craquellent sans parler des cafards dans certaines cuisinent. C'est scandaleux car nous payons beaucoup trop de charges.
Et les résidents donnent l'exemple d'un F5 de 110 m2 dont les charges mensuelles s'élèvent à 350 euros eau chaude et chauffage compris.
" C'est beaucoup trop en rapport au service rendu. Le gestionnaire syndic a en charge tout le suivi administratif, financier et technique de toutes les parties communes. Et nous le rémunérons 21500 euros par an plus 3,5 % sur le montant de toutes les factures des artisans qui interviennent pour l'entretien. C'est le maximun qu'il a exigé. Cela pouvait être moins. " renchérit Serge Pioli cet ancien proviseur de lycée aujourd'hui à la retraite qui a le temps d'éplucher les comptes.
" Le gestionnaire syndic se doit être au service des copropriétaires. Pourtant lorsque nous proposons des résolutions, elles ne sont, la plupart du temps, pas prises en compte car rejettées pour vice de forme. Elles n'ont pas à être appréciées
Et ce copropriétaire récalcitrant de poursuivre: " Rien n'est démocratique. On fonctionne sous l'emprise d'une agence qui nous manipule. "
Le syndic se défend
Dès le lendemain de l'opération "banderoles", le directeur de l'agence Foncia, gestionnaire du syndicat de la copropriété Ruscino, a adressé une longue lettre listant les travaux effectués depuis 20 ans.
" Cette lettre qui se plaint de notre opération coup de poing, n'est pas honnête. Car la plupart des travaux n'ont pas été effectués. On nous mentionne le ravalement de façades mais il n'y a eu que la rénovation des nez de balcons. La façade n'a pas été peinte depuis vingt ans. On nous dit aussi que le remplacement des canalisations d'eau usée a été effectué. Faux. Pas complètement, seules les horizontales l'ont été. Il manque les canalisations verticales qui ont des fuites et qui provoquent les dégats des eaux " regrette Serge Pioli.
Contactée, la directrice de communication, Nadjet Boubeker admet que "le dernier ravalement de facade a été effectué en 2001. Et que la rénovation des eaux usées n'est pas encore achevée" et d'ajouter " L'étancheité des terrasses n'a pu être refaite en 2020 pour cause de crise sanitaire. Un point qui doit être voté lors de la prochaine assemblée générale. Par ailleurs Foncia répond présent à chacune des sollicitations de cette copropriété, mais ne peut légalement pas aller à l’encontre des décisions de l’assemblée générale, pas plus qu’un copropriétaire qui tenterait de diriger seul la copropriété."
Chaque fois que l’assemblée générale nous a donné son accord, les travaux ont été effectués et suivis. Chaque semaine, le gestionnaire Foncia Roussillon effectue une visite de la copropriété.
Vers un divorce avec le syndic ?
Le litige entre les deux parties est loin d'être résolu. Aujourd'hui près d'une cinquantaine de propriétaires veulent changer de syndic. Ils se sont rapprochés de la solution Matera, une plate forme de gestion en ligne pour traiter l'administratif et les procés verbaux des assemblées générales. " Nous deviendrions alors un syndic coopératif et autonome. Beaucoup moins cher en honoraires. Seulement 14 000 euros par an tout compris sans pourcentage à verser sur le montant des prestations des artisans." confirme Serge Pioli.
" Notre proposition de changement de gestionnaire que nous avons dû envoyer en recommandé avec accusé de réception a enfin été prise en compte sur la liste des résolutions à prendre lors de notre future assemblée générale du 22 février prochain. Les votes ont été déjà envoyés à Foncia. Et pour éviter les fraudes et toute malveillance lors du dépouillement, nous avons mandaté un huissier de justice"
Si la majorité des votes penchent pour un nouveau syndic cette fois autonome, Matera, une plate-forme coopérative de gestion en ligne prendra le relais le 23 avril prochain.
A la résidence Ruscino, le bras de fer est loin d'être terminé.