Avec la crise économique qui s'installe, les syndicats craignent une recrudescence des licenciements dans les mois à venir. La fragilité et l'incertitude du marché de l'emploi inciteraient certains chefs d'entreprise à pousser leurs salariés vers la porte, parfois même, au mépris de la loi.
A Perpignan, le syndicat Force Ouvrière a repris ces permanences juridiques hebdomadaires. Et depuis le début du déconfinement, les salariés qui sollicitent des conseils sont nombreux.
Ils témoignent de tensions entre employeurs et employés et certaines entreprises n'hésiteraient pas à recourir à des "licenciements abusifs" ou à prendre de faux prétextes pour se séparer de salariés pour faute.
Du chantage à l'emploi ?
Michel accepte de témoigner sous couvert d'anonymat. Il est inquiet pour son emploi.
Manutentionnaire depuis plus de 10 ans dans une entreprise d'agro-alimentaire, il s'est blessé en poussant une charge de plusieurs dizaines de kilos. Mais son chef de service ne veut rien entendre. Pas question d'accepter un arrêt maladie.
Mon chef de service a appelé le directeur qui lui a dit de ne pas notifier l'accident du travail. Ensuite, il m'a dit clairement que si je rentrais chez moi, c'était un abandon de poste.
Suite à sa blessure, Michel est finalement arrêté pour 15 jours. Une procédure prud'hommale doit être engagée d'ici les semaines à venir afin qu'il puisse retrouver son poste de travail.
Ces actes et ces pressions, en si grand nombre, sont du jamais vu selon le représentant syndical et délégué départemental FO 66.
On est dans une situation où l'employeur use de tout son pouvoir pour se débarrasser déloyalement d'un salarié et l'entrainer dans une situation complexe et défavorable pour lui." explique Jérôme Capdevielle.
Depuis le 11 mai et le déconfinement, le syndicat a réactivé sa permanence juridique et les appels des salariés sont de plus en plus nombreux. Une vingtaine en l'espace de 12 jours, un record !
On pense que certains employeurs peu scrupuleux vont profiter de la crise sanitaire et économique pour se débarrasser de salariés au moins disant, a peu de frais pour préserver leur trésorerie.
Pour les syndicats, tous ces contentieux devront être jugés en justice, afin de sanctionner les abus patronaux.