Ravagée par les flammes, une boulangerie renait de ses cendres pour l'été près de Perpignan

Pionnier du bio dans les Pyrénées-Orientales et véritable institution pour ses clients, le boulanger Eric Bonnet a pu trouver une solution provisoire pour continuer à fabriquer ses pains cet été. La région Occitanie lui loue les cuisines du lycée hôtelier d'Argelès-sur-Mer afin de faire perdurer l'activité, le temps de retrouver un local.

Tel un "phénix" sur le marché de Collioure ce mercredi matin, la boulangerie incendiée renaît de ses cendres. Eric Bonnet a pu revendre ses pains et retrouver sa clientèle fidèle. Pas un client ne passe sans saluer son retour ou lui adresser un mot d'encouragement. "C'est le retour à la normale", se réjouit Jo, adepte chaque matin de tartines de "pain du soleil" façonné par Eric. "Tout le monde le connaît, c'est important qu'il soit là", renchérit Dominique, baguette sous le bras.

Un contact "vital" pour le boulanger, pionnier du bio dans les Pyrénées-Orientales depuis plus de 30 ans. Son local de Camélas, qui fournit un bon nombre de magasins bio du département, a été totalement détruit par les flammes le 26 juin dernier. "Je me sens fragile, un peu diminué et écrasé moralement et physiquement", admet-il. Le feu a provoqué des dégâts si importants qu'une réouverture à moyen ou long terme n'est même pas envisageable.

Mais un peu plus d'une semaine après le sinistre, ses 14 employés ont déjà pu recommencer à pétrir, façonner et cuire les pains qui ont fait la réputation du "Pain d'Eric" à travers les années. Grâce au bouche-à-oreille dans la communauté, le gérant d'une entreprise d'expertise en bâtiment du département a eu l'idée de demander à la région de louer les locaux du lycée hôtelier Christian Bourquin d'Argelès-sur-Mer. Une solution tout de suite acceptée.

Adaptation nécessaire

Depuis lundi, les fours et les pétrins habituellement utilisés par les apprentis boulangers sont donc désormais entre les mains des salariés d'Eric Bonnet, et ce jusqu'à la fin de l'été. Du matériel d'école, pas vraiment fait pour produire de grosses quantités et qu'il faut donc apprivoiser. Pelle à la main, Jason l'a appris à ses dépens et incorpore désormais petit à petit les sept kilos de farine nécessaires à sa pâte à croissants pour ne pas tout faire déborder à nouveau. "On fait en quatre cinq heures ce que l'on fait en deux", concède son collègue Thomas tout en faisant rouler une future baguette sous sa paume, faute de diviseuse-façonneuse.

La solution est provisoire, mais elle permet malgré l'urgence de conserver une activité, à commencer par la vente sur les marchés qui représente 70% du chiffre d’affaires de la boulangerie. "Ça nous laisse un délai de deux mois pour trouver une solution, notamment la recherche de locaux qui puissent accueillir la production complète de cette entreprise", précise Sébastien Baylet de la société Assistance Expertise Bâtiment.

C'est l'espoir d'Eric Bonnet, qui envisage même d'utiliser un container pour installer sa boulangerie. En attendant, une cagnotte a été lancée pour soutenir son commerce.