La cave de Rasiguères s'est engagée à racheter les vignes des adhérents qui partent à la retraite et qui n'ont pas de repreneurs. Objectif : éviter que ces terres ne tombent à l'abandon avant de trouver des jeunes viticulteurs intéressés.
Gilbert effectue cette année ses dernières vendanges, avant de prendre sa retraite. Se pose alors pour lui, la question de la reprise de ses vignes.
"J'aurais pu vendre à une cave particulière, ces raisins et ces vignes ne seraient plus apportées à la cave coopérative. Ce serait une perte sèche pour la cave coopérative", confie Gilbert Granier, exploitant préretraité.
Il les lèguera finalement à la société coopérative d'intérêt collectif de Rasiguères, autrement dit la SCIC, afin que ces terres restent la propriété de la cave coopérative.
Au-delà de la perte économique, pour Bruno, c'était surtout un crève-cœur de se séparer de ses 11 hectares.
"Il y a 44 ans que je vendange. Arrivé à la retraite, c’est quand même difficile sentimentalement, d'abandonner les terres sur lesquelles on a travaillé, sur lesquelles nos grands-parents ont travaillé", témoigne Bruno Bedos, exploitant préretraité.
Renouveler les générations
Ces futurs retraités continueront ainsi de suivre le devenir de leur exploitation. Et la cave remédie au problème de reprise de ces terres.
"On avait listé cinq ou six coopérateurs qui partaient à la retraite et qui n'avaient pas de repreneurs, donc ça représentait à terme dans les trois à cinq ans, une soixantaine d'hectares, donc une perte éventuelle pour la cave de 2 000 hectolitres", précise Thierry Feuerstein, président de la coopérative.
Ce projet, inédit dans le département des Pyrénnées-Orientales, vient tout juste d'être lancé. Mais à plus long terme, il est un moyen de préparer la passation.
"Le but, c'est de pouvoir récupérer des hectares qui étaient voués à être perdus et de pouvoir les exploiter. Et les remettre à disposition sur de nouvelles générations, c'est aussi renouveler les générations de viticulteurs", conclut David Bleuze, directeur de la coopérative.
La SCIC aura même droit à sa propre cuvée, qui sera commercialisée dès l'été prochain à Rasiguères.