Un Mexicain de 39 ans, en rétention administrative à Perpignan-Rivesaltes, est dans le coma et son pronostic vital est engagé depuis jeudi lorsque cet homme s'est volontairement crevé un oeil avec un stylo, a-t-on appris de source policière et auprès de la Cimade mardi.
L'homme était en centre de rétention depuis cinq jours et devait être présenté ce jour-là au juge des libertés et de la détention pour statuer sur son cas, quand il s'est crevé un oeil avec un stylo, a-t-on appris de source policière.
Le geste a été si violent que le stylo a atteint le cerveau et que le malheureux a dû être opéré d'urgence et placé en coma artificiel.
La Cimade, association d'aide aux étrangers, dit "sa tristesse et son indignation", mardi dans un communiqué.
L'association souligne que "pour refuser d'être expulsé vers son pays d'origine, cet homme qui s'était déjà opposé cinq fois à des embarquements forcés, n'a trouvé d'autre solution que ce geste d'une violence extrême".
Une enquête a été confiée à l'inspection générale de la police nationale (IGPN).
Selon les premiers éléments de l'enquête, on est déjà sûr que les blessures n'ont pas été provoquées par un tiers et qu'il n'y a pas eu défaut de surveillance. Christophe Guédon, secrétaire régional de l'UNSA police, a indiqué à une correspondante de l'AFP que la possibilité de détenir un crayon, un stylo et du papier est prévue par une circulaire ministérielle de juin 2010. "Sans l'intervention expresse des policiers de garde, cette personne n'aurait pas survécu", a-t-il ajouté.
De son côté, la Cimade estime que "cet acte de dernier recours n'est malheureusement pas isolé".
Elle a recensé "nombre d'automutilations, de grèves de la faim, voire de suicides" parmi les "60.000 personnes enfermées chaque année en rétention".
La Cimade y voit un "ultime recours contre une expulsion" et souligne que "les solutions ne résident pas dans une surveillance accrue des prisonniers".
"Toute personne enfermée endure des souffrances psychologiques aggravées par la perspective d'une expulsion", estime l'association, en déplorant que "la politique d'immigration continue de reposer pour une large part sur ce dispositif très coercitif".
La Cimade estime que cet enfermement "doit devenir l'exception".
"Le gouvernement n'a ni annoncé ni mis en place de véritable changement de cap alors qu'une vraie rupture est aujourd'hui nécessaire et urgente", conclut la Cimade.