VIDEO. "On m'a privé de mon père toute ma vie" : comment la fille cachée d'un curé récupère son héritage, disputé par l'Eglise

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Isabelle Ballesteros et son père Lucien Camps, curé du diocèse de Perpignan/Elne, lors de l'un de ses anniversaires en famille.
Isabelle Ballesteros, une Catalane fille cachée d'un prêtre du diocèse de Perpignan/Elne, avait hérité 450000 euros de son père au décès de celui-ci. Mais un second testament, rédigé selon elle sous abus de faiblesse, léguait la moitié de la somme à l'Eglise catholique. Cette dernière a finalement renoncé à réclamer l'argent. ©Philippe Georget et Joan Lopez, France 3 Occitanie/Pays catalan

Isabelle Ballesteros, une fille cachée d'un prêtre du diocèse de Perpignan/Elne, avait hérité de 450 000 euros de son père à la mort de celui-ci. Mais un second testament, rédigé six mois avant le décès, léguait la moitié de la somme à l'Eglise catholique. Cette dernière a finalement renoncé à réclamer l'argent.

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A la mort de son père il y a deux ans, la Catalane Isabelle Ballesteros découvre que le défunt lui lègue 450 000 euros. Un testament dans lequel il la reconnaît aussi, pour la première fois, comme sa fille légitime.

Une enfant restée jusque-là cachée, car l'homme est prêtre. C'est là que les choses se compliquent : dans un second texte, rédigé à dix ans d'intervalle, il exprime sa volonté d'attribuer la moitié de la somme au diocèse de Perpignan/Elne. Elle aura finalement gain de cause.

Isabelle Ballesteros a rencontré son père, l'abbé Lucien Camps, pour la première fois lorsqu'elle avait six ans. Les albums photos de son enfance témoignent ensuite d'une famille unie, mais auprès de laquelle la présence de Lucien Camps ne pouvait être qu'intermittente, comme l'explique sa fille.

Il venait le samedi soir et repartait le dimanche matin dire la messe à l'église. Il fallait nous cacher, nous éloigner jusqu'à Narbonne pour aller au cinéma.

Isabelle Ballesteros, fille de l'abbé Lucien Camps

L'ancien et le nouveau testament

Isabelle Ballesteros restera une enfant du silence jusqu'au décès de son père en 2021. Chez le notaire, deux testaments sont alors lus. Dans le premier, écrit en 2011, Lucien Camps la légitimise et lui transmet tout son patrimoine.

Dans le second, rédigé près de dix ans plus tard, quelques mois avant sa mort, il en lègue une moitié au diocèse. Pour la désormais quadragénaire, c'est le choc.

On m'a privé de mon père toute ma vie et au moment de son décès, quand enfin il me reconnaît, on a ce testament qui arrive. Je l'ai vécu comme une injustice.

Isabelle Ballesteros, fille de l'abbé Lucien Camps

Le diocèse renonce au legs

Elle décide alors de contester en justice ce nouveau testament. Car pour son avocat, maître Jean Codognès, du barreau de Perpignan, l'abbé souffrait de la maladie d'Alzheimer au moment de sa rédaction. Alors âgé de 87 ans, il vivait dans une maison de retraite du diocèse et n'était pas en état de signer quoi que ce soit.

Dans un communiqué, le diocèse de Perpignan/Elne déclare ne pas souhaiter polémiquer sur "certains propos infondés voire malveillants qui ont pu être exprimés".

Monseigneur Thierry Scherrer a pris connaissance de ce dossier à son arrivée le 18 juin 2023 et a pris la décision de renoncer purement et simplement au legs dont le diocèse était bénéficiaire, ceci, au seul profit de Mme Isabelle Ballesteros.

Communiqué du diocèse de Perpignan/Elne

Prise de conscience

Le nombre d'enfants de prêtres dans l'Eglise catholique française reste difficile à évaluer. Dans un article du 12 juin 2019, le journal La Croix rapporte l'organisation d'une rencontre inédite entre ces descendants et des évêques, sous l'égide de la Conférence des évêques de France. L'occasion de raconter leur besoin de reconnaissance et leur souffrance liée au poids du secret. L'association "Enfants du silence, Enfants de prêtres" fédère nombre d'entre eux

Ecrit avec Philippe Georget et Joan Lopez.

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