Le brigadier originaire de Perpignan, suspecté d'avoir dérobé 52 kg de cocaïne est toujours en garde à vue. L'enquête se poursuit pour déterminer l' existence de complicités notamment dans le milieu perpignanais. Le ministre de l'Intérieur demande un audit au sein de la brigade des stupéfiants.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a demandé à 'IGPN un audit de la brigade des stupéfiants après l'affaire du vol présumé de
plus de 52 kg de cocaïne placés sous scellés au siège de la Police judiciaire parisienne, annonce-t-il ce matin dans un entretien au Parisien.
"La police doit être aussi irréprochable qu'efficace", martèle le ministre. "J'ai décidé, dès son interpellation, de suspendre à titre conservatoire le policier mis en cause. J'ai également demandé à l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, "police des polices" ndrl) de procéder à un audit rigoureux et approfondi de la brigade des stupéfiants."
"Au-delà des accès, je souhaite que les méthodes, les pratiques professionnelles soient passées au crible", explique-t-il. "Il s'agit d'une démarche de progrès collective, protectrice des policiers, qui nécessitera la participation active de tous. De tels actes ne doivent plus être possibles."
Concernant la durée de conservation des scellés, Bernard Cazeneuve souhaite une "évolution" de la règle mais "je ne peux pas décider seul", souligne-t-il.
Le brigadier de 34 ans interpellé samedi, est soupçonné d'avoir dérobé la drogue au sein même du 36 Quai des Orfèvres dans la nuit du 24 au 25 juillet. Il est entendu sous le régime de la garde à vue dans les locaux parisiens de l'IGPN.
S'agissant de stupéfiants, la garde à vue peut durer jusqu'à quatre jours.
Qui est le suspect ?
Agé de 34 ans, il a fait toute sa scolarité à Perpignan au collège Pons, au lycée Lurca. Il a été formé à l'école de police de Perpignan.
Samedi le suspect a été interpellé nau centre commercial de la porte d'Espagne à Perpignan où il faisiat ses courses avec son épouse et sa fille.
Brigadier de police, il était en poste à la brigade des stupéfiants du "36", depuis quelques années. Il donnait satisfaction et ce "beau gosse", sportif aguerri, téléphonait encore récemment à ses collègues de son lieu de vacances pour "se tenir au courant des affaires".
Domicilié à Paris, il possède - grâce au patrimoine de son épouse notamment, selon des sources policières - sept biens immobiliers à Perpignan
et sa région. Un train de vie qui intrigue.
Amateur de course à pied, il confiait il y a deux ans sur un site de trail : "Elevé à la dure, j'ai un goût prononcé pour les épreuves difficiles".
Evoquant une course au mont Canigou dans les Pyrénées, lorsqu'il était "à l'école de police de Perpignan", il ajoute : "J'ai envie de participer
à de nombreuses courses pour grandir et dès 2014 m'attaquer aux plus grands défis du monde", notamment le Mont-Blanc. "Je suis tellement motivé que je n'en dors pas la nuit".
Où est-il depuis son arrestation ?
Il est entendu sous le régime de la garde à vue dans les locaux parisiens de "la police des polices" (l'Inspection générale de la police nationale, IGPN) situés dans le XIIe arrondissement. Il est "peu disert" sur les faits, "quasi muet" même et se "comporte comme un cador", dit une source proche de l'enquête.
Sa garde à vue peut durer jusqu'à quatre jours, selon une source judiciaire.
Des perquisitions ont eu lieu samedi dans ses appartements à Perpignan ainsi qu'à Paris et pourraient reprendre dimanche, selon des sources policières.
Des sommes d'argent en liquide ont été saisies, "pas dans des proportions importantes", selon la source proche de l'enquête.
Comment a-t-il pu accéder à la salle des scellés et dérober la drogue ?
La salle des scellés, où étaient entreposés les 52 kg de cocaïne saisis début juillet par la brigade des Stups', n'a pas été forcée et seules trois personnes
possédaient les clés de cet endroit ultra sécurisé.
Le brigadier s'y est rendu "sous des prétextes futiles", selon la source proche de l'enquête, avant le vol présumé perpétré dans la nuit du 24 au 25 juillet où il a été vu ressortir du "36", par un femme policier planton, avec des sacs pleins à ras bord.
La sécurité du "36" et de la brigade des Stups' est "à revoir", selon les sources policières.
Où est la drogue et quid de complices ?
Samedi soir, elle n'avait pas été retrouvée et une course de vitesse est engagée pour mettre la main sur ce pactole : la drogue est estimée à deux millions d'euros à la revente, elle "attire les convoitises" disent prudemment les sources policières.
Selon elles, la drogue ne serait "pas sur le marché". En revanche, il y aurait des complicités dont "certaines", sans doute, "dans le milieu perpignanais".
Dans la police, sans doute pas, selon les sources, même si un agent de la police aux frontières (PAF) a intrigué les enquêteurs. Mais ce serait juste un ami, rien d'autre et, en l'état de l'enquête, l'IGPN penche plutôt pour un "acte isolé" ajoutant que "rien n'est exclu à ce stade".
Quelles suites au "36" ?
Des tensions inter-services ont été évoquées par des sources policières vendredi mais pas de nature à influer sur l'affaire, ont-elle assuré dimanche. Reste que la réputation du "36" en prend un sérieux coup. Difficile de savoir s'il y aura, ou non, des sanctions à ce stade mais le suspect a déjà été suspendu à titre conservatoire, avait annoncé l'Intérieur samedi.