Le procès a repris ce lundi matin, à 9h, avec les plaidoiries des avocats des victimes puis les réquisitions de l'avocat général. Laurent Couderc a requis vers 12h20, 30 ans de réclusion criminelle, contre Joachim Toro. Le verdict est attendu dans les heures qui viennent.
Le procès d'assises a repris ce lundi matin, à Perpignan, avec les plaidoiries des parties civiles.
Joachim Toro, un ancien plombier de 83 ans, est accusé d'avoir le 3 mars 2011 tiré au fusil de chasse sur sa jeune maîtresse de 29 ans et sa cousine, en périphérie de Rivesaltes, avant, une demi-heure plus tard, de tuer, au hasard, semble-t-il, trois connaissances avec qui il n'avait aucun contentieux dans le centre de la commune.
Il avait ensuite retourné l'arme contre lui, pour tenter de se suicider.
L'avocat général, Laurent Couderc, insiste sur la responsabilité de l'accusé malgré son âge. Martelant à plusieurs reprises, "Personne ne l'a contraint à.....". "Il a agi avec calme, froideur et détermination...".
"Personne ne l'a obligé à se rendre sur le chemin de l'autoroute A9. Personne ne l'a obligé à s'y rendre avec un fusil chargé. Personne ne l'a contraint à courir après Halima". "Personne ne l'a contraint à ramasser ce fusil". "Personne ne l'a contraint à prendre des munitions dans son fourgon et à recharger son fusil". "Personne ne l'a contraint à réarmer son fusil".
Il conclut son réquisitoire d'une quarantaine de minutes, par ces phrases aux jurés :
Je veux lui faire comprendre que l'âge qui est le sien, 83 ans aujourd'hui, ne change rien à la gravité des faits qui lui sont reprochés. Le crime de meurtre ou de tentative de meurtre est puni de 30 ans de réclusion criminelle. Là, ce sont cinq crimes qui lui sont reprochés. Je vous demande de le condamner à 30 années de réclusion criminelle.".
Après les plaidoiries de la défense, Joachim Toro a pris la parole, il a dit simplement, "je m'excuse pour tout le mal que j'ai fait", puis le jury s'est retiré pour délibérer.
Le verdict est attendu en soirée.
"Nous avions nourri l'espoir que Joachim Toro s'explique véritablement sur l'ensemble des aspects de ce dossier. Nous restons sur notre faim", a déclaré l'avocat général, Laurent Couderc, déplorant l'attitude d'un accusé qui "invariablement feint de ne pas entendre" ou "feint de ne pas comprendre".
"En réalité depuis le départ, il a élaboré une version qui lui est la moins défavorable possible, et tout ce qui déborde de ce cadre est complètement tabou", a affirmé le magistrat.
A l'audience, la femme blessée a parlé des abus sexuels que lui avait fait subir Toro lorsqu'elle était enfant. Elle a également raconté avoir entretenu plus tard des relations sexuelles avec lui contre d'importantes sommes d'argent.
Tout en soulignant que M. Toro n'était pas poursuivi pour les faits d'abus sexuels sur mineur, tous prescrits, l'avocat général a évoqué "un passé trouble, une relation malsaine à la gent féminine, aux enfants et aux adolescents".
On peut dire que ce n'est pas le sujet, mais dans cette histoire ancienne, très présente dans les esprits, peut-on expliquer ce qui s'est joué le 3 mars 2011?", s'est-il interrogé.
Au premier jour de son procès, M. Toro avait déclaré être "coupable, mais pas le seul responsable". Il avait accusé de "chantage" et d'"extorsion" la jeune femme et sa cousine sur laquelle il avait également tiré.
Pour le magistrat, Toro a tenté de "diluer sa responsabilité" mais sans y parvenir. "Il est le seul responsable de ce qu'il s'est passé", a conclu le magistrat.