La défense de Diane Mistler parle d'erreur grave et d'innocence, l'avocate de Frantz Diguelman parle, elle, de peine juste face à un crime passionnel.
La cour d'assises des Pyrénées-Orientales a condamné en appel à 18 ans de réclusion Diane Mistler, 45 ans, pour avoir "commandité le meurtre" de son mari, exécuté en 2007 par un de ses amants, Frantz Diguelman, qui a été condamné de son côté à 15 ans.
Ces peines sont en léger retrait par rapport aux réquisitions de l'avocat général Pierre Denier, qui avait demandé vendredi 22 ans contre Diane Mistler et 18 ans pour l'auteur du meurtre.
Mais comme en première instance Mme Mistler a été condamnée plus lourdement que Frantz Diguelman, pour avoir manipulé son amant. En 2011 la cour d'assises de l'Hérault l'avait condamnée à 25 ans de réclusion et M. Diguelman à 23 ans.
Dans une ambiance extrêment tendue, les avocats de Mme Mistler, Mes Eric Dupond-Moretti et Nguyen Phung, qui plaidaient l'acquittement, se sont refusés à toute déclaration à la presse, tandis que leur cliente restait de marbre.
Me Françoise Delran exprime sa colère.
Frantz Diguelman, ancien barman de 45 ans, a tiré le 22 avril 2007 avec un fusil
harpon sur le mari de Mme Mistler, banquier à la retraite de 60 ans, alors qu'il
sortait d'une boîte échangiste de La Grande-Motte (Hérault).
Il lui avait ensuite porté 20 coups de couteau de boucher.
Mme Mistler, femme élégante originaire de Madagascar, avait été remise en liberté
sous contrôle judiciaire entre les deux procès. Elle a admis une vie sexuelle libertine,
mais sa défense a affirmé qu'elle "n'avait donné aucune instruction pour faire
tuer son mari" et qu'on ne pouvait la "condamner au nom de l'ordre moral".
Quant aux avocats de Frantz Diguelman, Mes Iris Christol et Simon Cohen, ils ont
plaidé le "crime passionnel".
la réaction de Me Isis Christol
Mme Mistler a toujours affirmé qu'elle aimait son mari, alors que l'accusation,
les parties civiles et la défense du barman ont soutenu qu'elle avait commandité
l'assassinat de son époux en faisant croire à son amant, fou d'amour pour elle,
que son mari la contraignait à la prostitution et à l'échangisme.
À 10 minutes de l'énoncé du verdict, maître Dupond-Moretti reste figé assis et les mains jointes. Diane Mistler sur le banc de droite, de dos, console son fils. La famille de Diane Mistler ne se fait pas d'illusions. Elle redoute la mauvaise nouvelle.
Le reportage de Céline Llambrich et Frédéric Savineau à Perpignan France 3 Pays catalan