La petite station balnéaire de Saint-Cyprien, dans les Pyrénées-Orientales, organisait ce jeudi et vendredi, son référendum sur la réforme territoriale, dans une sorte de pied de nez à Paris, où l'Assemblée nationale a massivement rejeté une consultation sur le sujet.
Mercredi soir, les députés nationaux ont repoussé, à 102 voix contre 27, un référendum sur la fusion des régions, mais à Saint-Cyprien, transformé en village d'irréductibles Gaulois, une petite file d'attente s'est formée, jeudi dès la matinée, au seul bureau de vote installé à la mairie, a constaté un correspondant de l'AFP.
En milieu d'après-midi, "812 votants" avaient répondu "oui" ou "non" à la question "Etes-vous favorable au rattachement de la région Languedoc-Roussillon à la région Midi-Pyrénées?", a indiqué Thierry Del Poso, maire UMP de cette cité méditerranéene de 10.000 habitants environ.
La consultation se prolongera jusqu'à vendredi soir, pour tenter d'attirer les 9.000 Cyprianais inscrits sur les listes électorales.
"Je me doute que ce n'est pas l'avis de la population de Saint-Cyprien qui va faire pencher la balance. Mais on est dans le symbole. C'est une petite sonnette d'alarme", ajoute le maire à l'AFP, espérant que ce "micro-sondage" montre qu'on "ne peut pas passer outre l'avis de la population".
Le maire n'est "pas contre une évolution des frontières des régions" mais exprime sa "vive inquiétude" de voir sa ville, appartenant actuellement au Languedoc-Roussillon, se perdre dans une super-région qui inclurait également les Midi-Pyrénées voisines.
Toulouse aurait ainsi toutes les chances de devenir la "capitale", au détriment de Montpellier.
"Saint-Cyprien est aujourd'hui très écoutée par le Languedoc-Roussillon", dirigé par le PS, dit le maire UMP. "Mais que vont devenir les projets de Saint-Cyprien" si Toulouse devient la capitale, se demande-t-il. La région Midi-Pyrénées est elle aussi contrôlée par les socialistes.
Mais c'est avant tout "la méthodologie" que le maire critique: "le gouvernement veut absolument aller vite sans prendre le temps de consulter les premiers intéressés", dit-il, suggérant aux départements de faire fi de Paris et d'organiser leur propre référendum.
L'opposition municipale, emmenée par l'ex-préfet Jean Jouandet (sans étiquette), dénonce dans une lettre adressée au préfet des Pyrénées-Orientales une "caricature de démocratie populaire" qui ne vise qu'un "impact publicitaire" pour le maire en place.
Selon un sondage LH2, réalisé en juin auprès de 420 personnes dans les deux régions, les habitants du Languedoc-Roussillon ne sont que 41% à être favorables à la fusion, contre 55% en Midi-Pyrénées.
Le projet de réforme territoriale doit ramener de 22 à 14 le nombre de régions métropolitaines.