Un Russe prêt à tout pour ne pas être expulsé de France vers la Russie menait lundi une grève de la faim au centre de rétention de Perpignan.
Deux jours après avoir été empêché de prendre la mer sur un radeau affublé d'affiches anti-Poutine, Andreï Ivanovich Novoselov, né il y a 52 ans dans la région de Krasnodar (Sud de la Russie) et qui a vu toutes ses demandes d'asile politique rejetées en France depuis 2006 se trouve sous le coup d'un arrêté préfectoral d'expulsion.
En mer sur un radeau
Samedi, à Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales), des gendarmes l'avaient empêché de prendre la mer à bord d'un radeau de sa fabrication sur lequel il assurait vouloir voguer vers l'Espagne puis les Etats-Unis. Sur l'embarcation de bric et de broc, l'homme avait "placé des affiches anti-Poutine", a expliqué à l'AFP son avocate à Perpignan, Me Gabrièle Summerfield.
"C'était un vrai geste de désespoir", a plaidé l'avocate, au sujet de cette folle expédition. Selon elle, l'homme campait ces derniers temps au bord de la rivièreTêt, plus ou moins comme un sans abri. "Il est à bout, terrorisé à l'idée de retourner en Russie. C'est pourquoi il a entamé samedi une grève de la faim au centre de rétention administrative".
La prison en Russie
L'avocate assure que son client, s'il rentrait en Russie, pourrait y être aussitôt arrêté, notamment pour purger une peine de six mois de travaux collectifs prononcée en 2004 pour offenses envers un représentant de l'administration.
"Il a déjà fait de la prison en Russie, c'est sûr", a fait valoir l'avocate, assurant qu'"il avait fait condamner la Russie par la Cour européenne des droits de l'homme en 2003 pour les traitements inhumains subis durant sa détention à Novorossiisk (sud de la Russie)". Selon elle, il y avait purgé une peine de six mois de prison infligée en 1998 dans le cadre d'une affaire de corruption alors qu'il accusait quelqu'un de s'être emparé de sa maison.
Critique envers Poutine
Andreï Novoselov n'était pas un journaliste professionnel en Russie mais était actif sur internet pour la défense des droits de l'homme, fait valoir Me Summerfield. Puis, en exil à partir de 2005, il avait tenu un journal électronique critique envers le régime de Vladimir Poutine.
Bien décidée à faire jouer tous les mécanismes juridiques, l'avocate préparait lundi un recours contre l'arrêté de rétention.