Lors d'un fastueux gala, et en présence du Roi Émérite Don Juan Carlos accompagné de l'Infante Doña Elena - symboles de l'appui de la Couronne à la tradition taurine -, Simon Casas a dévoilé ce mercredi 7 mars le programme de la plus longue et plus prestigieuse feria du monde.
On lira par ailleurs le détail des 34 spectacles (27 corridas de toros, 3 novilladas et 4 corridas de rejón) qui se succèderont à Las Ventas du 8 mai au 10 juin prochains.
Le cycle qui ne surprend guère par son audace "souffre" de l'absence - hélas prévisible - de deux toreros considérables : Morante de la Puebla qui semble s'orienter vers une saison dans des arènes de moins de responsabilité et José Tomás dont on ne sait toujours pas s'il a décidé de reprendre l'épée en Europe.
Sur le papier, les deux seules innovations sont le mano a mano El Juli / Ginés Marín (jeudi 24 mai, corrida dite "de la Culture") et la corrida "des 6 nations" où 6 toreros représentant six pays taurins estoqueront chacun un exemplaire d'El Pilar.
Quatre toreros français sont au programme.
Juan Bautista est annoncé trois fois : le 9 mai avec les toros de La Quinta, le 25 avec ceux de Cuvillo et le le 31 avec la ganadería El Pilar.
Sébastien Castella (dont l'apoderado est Simon Casas lui-même) fera lui aussi trois paseos : le 18 mai (Jandilla), le 30 mai pour ce qui se présente comme un des sommets du cycle (toros de Garcigrande, confirmation d'alternative de Colombo avec Enrique Ponce comme parrain) et le 1er juin (Victoriano del Río).
Thomas Dufau est programmé le 28 mai (toros de Partido de Resina) et Lea Vicens le 2 juin (aux côtés de Pablo Hermoso de Mendoza).
Aucun novillero français n'a été appelé.
Quant aux matadores arlésiens Juan Leal, Thomas Joubert et Andy Younès, ils n'ont pas non plus retenu l'attention des organisateurs.
Le moment sans doute le plus émouvant de cette cérémonie de gala, on le doit au matador madrilène Gonzalo Caballero, 26 ans. En 2017, le jury lui avait décerné le prix de la meilleure estocade de la saison dans les arènes de Madrid. Il estimait donc avoir droit à une programmation correcte pour la San Isidro 2018 et a refusé les corridas difficiles que lui proposait l'organisateur. Lors du gala de présentation, on lui a également remis le prix "Aux valeurs humaines" en hommage à une corrida de bienfaisance qu'il avait organisée aux bénéfices des enfants malades. Il a décidé d'offrir ce trophée à … Simon Casas, 71 ans, à qui ce "geste" plein de panache a dû rappeler quelques souvenirs.
Dans son discours de présentation, Simon Casas avait en effet fait appel aux grands sentiments, sincérité et vérité. Usant de l'anaphore chère au candidat Hollande (moi, président…), il avait notamment déclaré :
Il n'est que sincérité, le novillero qui débute, plein d'envie et de désirs. Il n'est que sincérité, le jeune torero qui mise tout, quel qu'en soit le prix, pour ouvrir cette Grande Porte derrière moi. Elle n'est que sincérité, la vedette qui, n'ayant plus rien à démontrer, n'en continue pas moins à se livrer corps et âme. Il n'est que sincérité, le rejoneador qui parvient à chevaucher en toréant et à toréer en chevauchant. Il n'est que sincérité, l'éleveur qui joue en un après-midi le travail de tant d'années. Il n'est que sincérité, le banderillero qui vole au secours de son compagnon.
Es pura sinceridad el novillero que debuta con sus ganas y sus ansias. Es pura sinceridad la joven promesa que se la juega, cual sea el precio, para abrir la puerta que tengo a mis espaldas. Es pura sinceridad la figura que, sin ya nada por demostrar, aun así sigue entregándose en cuerpo y alma. Es pura sinceridad el rejoneador porque sin ella no lograría cabalgar toreando y torear cabalgando. Es pura sinceridad el ganadero que se juega en una tarde el trabajo de tantos años. Es pura sinceridad el banderillero que acude al quite.
Et Gonzalo Caballero a répondu en usant de la même figure rhétorique :
No sé si es muy inteligente devolver un premio, pero yo sé, al igual que el público de Madrid, que c... me sobran -añadió- para ser el novillero de esta década con más orejas en esta plaza; me sobran para matar aquí un toro sin muleta para reivindicar la alternativa que buscaba...; los tuve para matar aquí un toro con el muslo abierto, y para dormir siete meses en un hospital, enterrar a mi padre y veinte días después dar una vuelta al ruedo y llevarme el premio a la mejor estocada" .
Il n'est peut-être pas intelligent de rendre un trophée, mais moi je sais, tout comme le public de Madrid que j'ai eu assez de c… pour être le novillero qui dans cette décennie a coupé le plus d'oreilles dans cette arène; assez de c… pour tuer un toro sans muleta afin d'obtenir l'alternative que je recherchais; assez de c… pour mettre à mort un toro avec la cuisse en sang, pour passer sept mois à l'hôpital, enterrer mon père et 20 jours plus tard faire un tour de piste et et emporter le prix de la meilleure estocade.