Stations de ski à l’arrêt : la double peine pour le domaine de Porté-Puymorens situé à 200 mètres de l'Andorre

Les professionnels de la montagne accusent le coup, les remontées mécaniques ne rouvriront pas ce jeudi 7 janvier. Pour la station de ski de Porté-Puymorens, c’est la double peine. Sa clientèle met le cap en journée sur l’Andorre, "une concurrence déloyale et un risque épidémiologique".

En cette période de pandémie, l’Andorre est devenue une échappée belle au cœur des Pyrénées, le "pays de la liberté" témoigne Eric Charre, directeur de la station de ski  Porté-Puymorens.

En 15 minutes à peine vous accédez au Pas-de-la-case, les gens ont réservé des logements chez nous mais s’échappent la journée en Andorre.

En Andorre, les contraintes sanitaires liées à l’épidémie de coronavirus sont moins strictes qu’en France, les domaines skiables sont ouverts, les restaurants et terrasses de cafés accueillent du public et le couvre-feu a été levé. Si les Français n’ont pas le droit de skier sur ce territoire ils peuvent néanmoins y accéder en journée. "Pour nous c’est effectivement la double peine, les remontées mécaniques restent toujours à l’arrêt et nous n’avons aucune retombée économique. Cette clientèle se rend en Andorre la journée, elle côtoie beaucoup de monde ce qui accentue le risque épidémiologique chez nous. Il y a énormément de gens qui ont fait le réveillon là-bas".

"Concurrence déloyale et incohérence"

En raison de la crise sanitaire, dans la vallée les restaurants sont fermés. Difficile aussi pour les professionnels de la restauration de maintenir une activité de repas à emporter, "les clients vont passer la journée en Andorre, pourquoi prendre un repas à emporter alors qu’ils ont accès aux bars, restaurants et restauration rapide", explique Eric Charre, le directeur de la station.

Autre problématique : le forfait saison.

Le plus grave c’est que notre clientèle locale qui prenait un forfait à la saison chez nous l’a pris de l’autre côté, en Andorre. L'Andorre qui va capter et fidéliser cette nouvelle clientèle avec certainement des offres commerciales intéressantes, c’est de la concurrence déloyale. Une incohérence supplémentaire qui finit de nous mettre à terre

explique désarmé, le directeur de la station de Porté-Puymorens.

"Rien n’empêche cette clientèle de louer ses skis et de skier en Andorre. Il n’y a pas de contrôle au retour sur notre territoire. A Porté Puymorens, deux loueurs de ski sur trois ont fermé, le troisième ne loue que des skis de randonnées. C’est une fuite économique dont la commune est victime".

La peur de l’année blanche

Les professionnels de la montagne espèrent désormais une reprise de leur activité pour les vacances de février. Mais rien n’est encore acté, la décision de rouvrir les remontées mécaniques pourrait être prise lors du prochain conseil de défense, le 13 janvier prochain.

A la station de ski Porté-Puymorens, 100% du personnel est en activité partielle et le domaine maintient une activité pour amorcer une éventuelle reprise. Neige de culture, sécurisation des pistes, déneigements, ces préparatifs ont eu coût et malgré les aides de la région et le soutien de la préfecture, la crise économique est réelle. Eric Charre espère plus de visibilité et une réouverture annoncée pour le 20 janvier afin de préparer le domaine pour les vacances de février.

C’est aussi une question de survie, au 20 janvier on enregistre une perte de 47% de notre chiffre d’affaires annuel. A cette période de l’année on devrait afficher un chiffre d’affaires de 850 000 euros pour un chiffre d’affaires annuel de deux millions d’euros.

Une trésorerie bientôt dans le rouge. "Ce n’est malheureusement pas le cas pour toutes les entreprises et commerces de la vallée mais nous avons pu puiser dans notre trésorerie. Mais à la fin du mois de février, le matelas de protection que nous avions mis en place pour faire face à un mois d’activité sans neige est épuisé.  On compte sur les hypothétiques aides de l’Etat qui ne sont pas encore là et une reprise rapide de l’activité mais tout est incertain".

Aide gouvernementale

Le 12 décembre dernier, le gouvernement de Jean Castex s’est engagé dans un courrier adressé aux professionnels de la montagne à prendre des mesures économiques en faveur des stations de ski. "Des mesures de soutien exceptionnelles et sans précédent pour aider les entreprises de la montagne impactées par la fermeture des remontées mécaniques pendant la période des fêtes de Noël".

Ainsi, "les exploitants de remontées mécaniques bénéficieront d’un fonds de soutien leur permettant de compenser 70% des charges fixes liées à l’exploitation des remontées mécaniques".

Sous condition, les commerces, moniteurs de ski, les activités touristiques et hôtelières liées à l’activité du domaine skiable pourront bénéficier de ces mesures. Mais pour le moment, l’incertitude règne toujours, "ce fond de soutien doit être validé par la commission européenne qui a un délai d’un  mois pour le valider".

"Des aides cruciales pour notre survie à court terme" précise Eric Charre. Des aides très attendues mais sur le long terme, les professionnels de la montagne restent dans le brouillard. La station n’a pas investi depuis deux ans et pourrait être confrontée à un problème d’attractivité de territoire face à ses voisins andorrans et espagnols qui eux ont investi.

De nombreuses incertitudes qui plongent les directeurs des stations de ski des Pyrénées dans l’angoisse avec cette peur de l' année blanche qui pourrait engendrer "un effondrement de l’économie" sur des territoires déjà fragiles.

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