Canicule. "On s'adapte, on écoute beaucoup notre corps" : pic de chaleur, les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle ne renoncent pas

Sur les différents chemins de Saint-Jacques, les pèlerins qui marchent vers Compostelle s'adaptent au pic de chaleur. L'enjeu : tenir jour après jour. Ils revoient parfois la longueur des étapes, s'hydratent et font des pauses. Rencontre avec deux marcheurs qui traversent le Tarn-et-Garonne.

Marie Régallet et Jules Roussey sont partis tous les deux du Puy-en-Velay voilà une semaine. Ils se sont croisés sur une étape et chemin faisant, ils ne se sont plus quittés. Elle a 30 ans, Lui 27. La chaleur ? Ils font face. "Là, je trouve que justement elle s'est un peu calmée par rapport au début de semaine, explique Marie. Mais ça va, on est dans le dépassement ! On apprend à écouter son corps ses ressentis et c'est une belle évolution déjà". 

"On s'adapte, on écoute beaucoup notre corps oui donc il y a des fois, on va faire des journées moins longues parce qu'il fait très chaud et d'autres journées, on marchera plus longuement peut-être, complète Jules. C'est vrai qu'il fait chaud, mais pas exceptionnellement chaud pour le sud de la France non plus. On va à notre rythme et surtout on s'hydrate beaucoup. Pour ma part, je bois 4 à 5 litres par jour".

S'ils ne se définissent pas comme sportifs, Jules et Marie sont quand même entraînés. Marie par la marche active dans les rues et escaliers de Paris, elle va à pied au travail. Jules, lui, court régulièrement et il a fait quelques randos pour se préparer. Tous les deux sont d'accord pour ne pas forcer.

"Au début, j'étais dans une ascèse, explique Marie... je viens d'apprendre le mot. Une sorte de privation de plein de choses, de pousser son corps. Mais c'était beaucoup trop ! Il fallait calmer le jeu. Surtout que le corps te le fait payer après. Il faut ménager sa monture, ça revient beaucoup entre pèlerins ! Donc on prend soin de nos pieds, de nos jambes comme jamais".

"Pour l'instant, on est épargné..."

Les marcheurs affirment avoir un atout non négligeable. "On a une chance en France, on trouve beaucoup de chemins ombragés, poursuit la jeune femme. Depuis le début, on a traversé beaucoup de forêts. Ça ne va peut-être pas être le cas en Espagne, on nous parle soit de marche sur le goudron, soit de boulevards interminables où il n'y a rien. Mais pour l'instant, on est épargnés... Une reconnaissance éternelle au GR65 !" conclut-elle avec un rire communicatif.

"Il y a beaucoup de végétation, beaucoup de points d'eau aussi de village en village. On fait des journées de 25 à 30 kilomètres, précise Jules. Qu'importe le temps. Parfois on dépasse le village dans lequel on avait prévu de s'arrêter".

Le couple bivouaque à la belle étoile ou sous la tente. Marie et Jules ne prennent un gîte que lorsque l'orage gronde ou si la pluie s'invite avec insistance. L'objectif alors : faire sécher les affaires. Ils s'octroient des variantes dans le programme.  "Si on a une étape de 33 km le lendemain, on pousse un peu plus loin pour couper la poire en deux, s'avancer un peu... Un peu de stratégie".

Départ à la fraîche

"Avec les jobs sédentaires qu'on a, moi j'étais aucunement préparée à cette accumulation, confie Marie pour qui la chaleur n'est pas vraiment le problème. Avec le sac sur le dos, le plus marquant, ce sont les journées qui s'enchaînent et le dénivelé...". "On ne s'attendait pas en fait à une telle intensité, confirme Jules. C'est difficile quoi de pousser son corps alors on part à la fraîche. On se lève à 6h-6h30 et, le temps de replier la tente et de bien petit-déjeuner, on part à 7h maximum".

Le tandem dit supporter la chaleur avec le chapeau, l'eau et tout ce qu'il faut pour se protéger du soleil mais il s'accorde des pauses. Et quand on évoque la suite, l'Espagne et ses températures particulièrement élevées cet été : "on est tellement dans l'instant présent que c'est compliqué de se projeter. C'est vraiment la providence ! On ne sait pas où on va dormir. On suit le chemin. C'est ça qui est magique et hyperlibérateur. On s'affranchit de tout, on s'émancipe !"

"L'Espagne, c'est assez loin encore. Mais on est confiants, on a foi en nous, en nos capacités, on est dans l'écoute, on se ménage. on se découvre aussi, donc c'est fascinant !".

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