Construire une stratégie territorialisée pour les abattoirs et établir un maillage pertinent, tel est l'objectif du Ministère de l'Agriculture. Au moment où il précise les modalités de son action, le dernier abattoir du Tarn-et-Garonne vit sans doute ses dernières heures à Montauban en ce mois de décembre 2023.
Et si c'était un de plus et tout bonnement le dernier abattoir du Tarn-et-Garonne à suspendre ses crochets ? Le tribunal de commerce de Montauban a placé l'abattoir en liquidation judiciaire le 22 novembre dernier. Sauf miracle de dernière minute, il n'y survivra pas.
Le dernier abattoir du Tarn-et-Garonne bientôt fermé
Ce pourrait être l'ultime nettoyage. Car ce mercredi matin 6 décembre 2023, l'abattoir de Montauban a peut-être abattu ses derniers cochons. Le tribunal de commerce de la ville l'a placé en liquidation judiciaire le 22 novembre dernier et pourrait bien prononcer sa fermeture définitive le 12 décembre. Malgré les efforts de toute la filière de l'élevage du département, le coup est dur à encaisser, d'abord pour les 16 salariés. "Je suis le plus ancien, déclare Umberto Salvadore, chef de chaîne. Voilà 25 ans que je suis là donc ça fait quelque chose. C’est une partie de la vie qui s’arrête là. On savait bien qu’on ne pouvait pas continuer longtemps comme ça."
Matériel vieillissant, départ des plus gros clients, depuis plusieurs mois, l'abattoir est en perdition. En juillet dernier, la société gérante déposait le bilan. Depuis, un projet de reprise devait aboutir entre la Communauté d'Agglomération du Grand Montauban, le Conseil Départemental et la Chambre d'Agriculture. Mais le dossier, jugé incomplet, a été retoqué par le tribunal. Les financements promis n'ont pas été au rendez-vous.
Les 1 000 éleveurs que compte le département du Tarn-et-Garonne vont devoir parcourir de plus grandes distances pour faire abattre leurs bêtes. Pour aller à Saint-Gaudens, l'unique survivant de la Haute-Garonne situé à 2 heures de route, ou encore plus loin vers le Tarn, l'Aveyron ou le Lot-et-Garonne. "On se sent tout à fait abandonné au niveau des pouvoirs publics ou je ne sais qui, reconnaît Claude Mourgues éleveur à Puycornet (82). C’est vraiment une catastrophe et ça va nous coûter du temps, de l’argent et des kilomètres en plus. On parle beaucoup de carbone et bien, nous allons en produire plus !
Une réunion de la dernière chance devait avoir lieu entre les différents acteurs de ce dossier avant la liquidation tant redoutée. Un exemple des difficultés rencontrées par les abattoirs de l’ex Midi-Pyrénées comme partout ailleurs en France. Sur cette zone, ils étaient 26 abattoirs en 2013, 19 en 2022. Quant aux volumes de viandes, on est passé de 197 714 tonnes à 89 251 tonnes sur les mêmes périodes.
Le gouvernement précise son plan stratégique territorial
Ce jeudi, le Ministère de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire de Marc Fesneau tenait un point presse pour préciser son plan territorial stratégique lancé le 9 juillet 2023. Le communiqué de presse parlait alors de 233 abattoirs ; ils ne sont plus que 230 aujourd'hui.
Agriculture : Stratégie abattoirs : lancement des diagnostics territoriaux pour déterminer le maillage pertinent en abattoirs de boucherie dans chaque territoire https://t.co/nBJTsCsVIq
— Direct Politique (@DirectPolitique) December 7, 2023
Le Ministère de l'Agriculture a défini 4 axes :
- Établir un diagnostic et un constat sur chaque territoire. Cette première étape devrait être terminée en janvier
- Faire ensuite un diagnostic individuel pour chaque abattoir : public ou privé, la vétusté, l'activité, le personnel, atelier de découpe ou pas, les apporteurs réguliers, la conformité par rapport aux normes, les données économiques, etc. Ces diagnostics seront faits à la demande des gouvernances territoriales et non imposés par l'Etat
- Mettre en place une boîte à outils pour aider ces structures et les coordonner avec des gouvernances territoriales
- Au sein de l’Etat, s’assurer du suivi des abattoirs et de leur viabilité économique. Avec un fonds de garantie annoncé de 50 M€
Un précédent plan avait été porté par le prédécesseur de Marc Fesneau (Julien Denormandie) en 2021. 181 abattoirs ont été soutenus à hauteur de 115 M€ dans un souci de modernisation et d’amélioration des conditions de travail, comme de bien-être animal.
(Benoît Roux avec Christophe Romain)