Des échanges vulgaires et insultants entre deux magistrats du parquet de Montauban et des policiers ont été découverts par la justice, à l’aune d’une précédente enquête. Face à cette affaire qui s'ébruite et qui n’en est qu’à ses prémices, police et justice se retrouvent dans l’embarras.
Conversations et photos à connotation sexuelle, propos sexistes et déclarations racistes. Voilà le type de messages échangés par plusieurs hommes sur un groupe Whatsapp lors de l’exercice de leurs fonctions… en tant que magistrats du parquet de Montauban et policiers de la préfecture du Tarn-et-Garonne. Les quatre fonctionnaires font désormais l’objet d’une enquête de la police judiciaire qui consiste à éplucher le fil de la conversation.
“Le tout est actuellement en cours d’analyse quant à leur suite éventuelle”, précise le procureur général de Toulouse, Franck Rastoul, avant de compléter : “D’une part sur l’aspect déontologique, d’autre part sur l'éventuelle qualification pénale dont ces échanges peuvent relever.” L’affaire a été portée à la connaissance de la justice en fin d’année dernière, quand s’achevait une première procédure concernant le policier qui pourrait être à l’origine de ce groupe Whatsapp, Julien B.
Quand une affaire en cache une autre
Ce brigadier de 43 ans était jugé le jeudi 11 mai dans le cadre d’un procès pour “harcèlement”, “faux en écriture publique” et “détournement de données à caractère personnel” à l’encontre de son ex-compagne. Il est soupçonné de l’avoir inscrite sur un site de rencontres et d’avoir fait venir un homme nu sur sa terrasse, à l’insu de cette avocate de 44 ans, ce qu’il dément. Alors que le tribunal a requis deux ans de prison avec sursis, le parquet devrait rendre sa décision en juin.
“C’est dans le cadre des réquisitions numériques que les nouveaux éléments ont été mis en exergue, contextualise Franck Rastoul. Cette affaire initiale a donc donné lieu à des procédures incidentes.”
“Je fais le groupe afin de partager du fion à gogo.”
Message de la conversation Whatsapp
Outre les commentaires graveleux sur des femmes fréquentées par les intéressés, l’un des premiers messages partagé en janvier 2022, d’après Le Parisien, donne le ton : “Je fais le groupe afin de partager du fion à gogo.” Autant d’éléments compromettants, notamment au vu du statut des présumés concernés : deux hauts magistrats et deux policiers, rejoints plus tard par deux autres membres des forces de l’ordre.
Exemplarité entachée
Tandis que les communautés judiciaires et policières occitanes commencent à avoir vent de ces échanges quelque peu embarrassants, une source judiciaire fait état d’un “effet de sidération” dans la profession, puis ajoute : “On ne peut que condamner et être choqué par ce genre de situation.”
Constat partagé par une source policière : “Ça pue pour tout le monde”, flaire-t-il, en soulevant toutefois la question de la frontière avec la vie privée : “Chacun sa façon de vivre. Mais quand ça sort sur la place publique, ça fait tache”. Il regrette ainsi le “discrédit” qu’une telle affaire jette selon lui sur la profession, alors qu’un devoir d’exemplarité est collectivement requis, comme il le rappelle : “On se doit d’être exemplaire à tout moment.”