Tarn-et-Garonne : la députée Valérie Rabault demande une enquête ministérielle sur les adoptions illégales au Sri Lanka

La députée PS-Nupes du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault, a déposé une demande d'enquête ministérielle alors qu'elle a été sollicitée par des parents adoptifs, Véronique et Jean-Noël Piaser. Ils ont découvert voici quatre ans que le bébé qu'ils avaient adopté au Sri Lanka en toute légalité, en 1985, avait été volé à ses parents. Une filière que d'autres pays européens ont mise au jour et dénoncée. La France, pas encore...

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Constatant que l'adoption internationale a connu de graves dysfonctionnements des années 1970 à 1990, notamment au Sri Lanka, Valérie Rabault, députée PS-Nupes du Tarn-et-Garonne demande une enquête ministérielle. Elle a été sollicitée par Véronique et Jean-Noël Piaser, des parents adoptifs de Montauban.

Ils ont découvert voici quatre ans que leur fille, le bébé qu'ils avaient adopté au Sri Lanka en toute légalité en 1985, avait été volé à ses parents. Un cataclysme pour eux, parents de deux premiers enfants, qui vivaient l'adoption comme une démarche humaniste. "Nous estimions qu’il y avait suffisamment d’enfants sur la planète et que nous agissions en citoyens responsables en adoptant un enfant qui avait besoin de parents", retrace Véronique Piaser.

"C'était les mêmes escrocs pour toute l'Europe"

Or quand leur fille, en 2018, veut rechercher ses parents biologiques, la famille découvre avec stupeur que l'enfant a été arrachée à ses parents. Elle n'est pas la seule. D'autres pays ont enquêté, la Suisse, les Pays-Bas, et les mêmes intermédiaires ont été démasqués : la soi-disant directrice de l'orphelinat, ses assistants, les locaux... Tout y est. "C'était les mêmes escrocs pour toute l'Europe, explique Jean-Noël Piaser. La Suisse, les Pays-Bas, la Belgique il y a quinze jours ont reconnu les faits et l'Etat a fait part de ses regrets". En France, rien. Malgré les démarches et plaintes des époux Piaser.

"Il est regrettable que la France n’ait à ce jour pas suivi ce mouvement de transparence, affirme la députée Valérie Rabault dans les motivations de sa demande d'enquête ministérielle. Le 15 décembre 2021, le secrétaire d’État chargé de l’Enfance s’est pourtant engagé, devant le Sénat, à "mettre en place, au premier trimestre de 2022, avec le ministère des affaires étrangères et le ministère de la justice, une mission interministérielle inspirée du modèle de la Commission d’information et de recherche sur les enfants de la Creuse" pour enquêter sur ces adoptions illicites. Néanmoins, cette mission n’a pour l’heure pas été formellement mise en place". 

A l'insu des familles adoptives

Dans les années 1970 à 1990, 11 000 et 14 000 enfants sri lankais ont été adoptés, dont environ 1 500 en France.  La députée poursuit : "il est désormais avéré, comme le gouvernement sri lankais l’a lui-même reconnu en 2017, que de nombreux abus et manquements ont émaillé les procédures d’adoption dans le pays, à l’insu des familles adoptives : faux documents dans les dossiers, mères de substitution engagées pour donner le consentement à l’adoption devant le tribunal, existence de "fermes à bébés". Tous les pays accueillant des enfants adoptés sont aujourd’hui concernés par ces questions".

Pour la députée, la France a un devoir de vérité et il passe par la mise en place d’une mission d’enquête ministérielle. Son objectif : que toute la lumière soit faite sur ces pratiques illégales et sur les mécanismes qui les ont rendues possibles. 

"On a été manipulé"

"Si on se bagarre en tant que parents adoptifs, c'est qu'on veut la reconnaissance de ces faits, explique de son côté Jean-Noël Piaser. Tant qu'elle n'aura pas eu lieu, nos enfants peuvent penser qu'on les a achetés". Les époux Piaser n'ont strictement rien soupçonné à l'époque. Leur dossier était complet, en règle. "On a adopté légalement, ajoute Véronique. On est victime car on a été manipulé. L'Etat français aurait dû vérifier un certain nombre de documents".

"La France est la patrie des droits de l’Homme, rappelle Valérie Rabault. Sur ces questions, elle ne peut rester sans agir. Il est donc de notre devoir impérieux de permettre à ces enfants adoptés, aujourd’hui devenus adultes, de connaître la vérité sur leurs origines. Il est également primordial d’apporter des réponses aux familles françaises concernées qui pensaient avoir adopté en toute légalité".

D'autres Etats européens ont pris leurs responsabilité et reconnu les faits. La Suisse et les Pays-Bas en 2020 et 2021 ont même présenté leurs regrets aux familles trompées. La Belgique vient de reconnaître ces dysfonctionnements. La Suède a lancé une enquête en octobre 2021. Les témoignages se recoupent. Les acteurs de ces filières sont les mêmes dans toutes ces affaires d'une gravité extrême... On parle de vols d'enfants.

L'Etat français, alerté depuis plusieurs années par les familles, l'est désormais par les parlementaires. Restera-t-il dans le déni ou fera-t-il le choix de la transparence et de la responsabilité ? Pour ces familles en souffrance, cette enquête ministérielle est le dernier espoir.

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