Le tribunal de Montauban a condamné à 2 ans de prison dont 18 mois avec sursis, Gilles Lejeune, professeur de gymnastique à Moissac et dans les villages alentour. Le quinquagénaire a été reconnu coupable d'attouchements pédophiles sur des fillettes auxquelles il donnait des cours.
Le tribunal correctionnel de Montauban n'a pas totalement suivi les réquisitions de la procureure : lors du procès qui s'est tenu le 18 mai dernier, elle avait requis 3 ans de prison ferme à l'encontre d'un professeur de gymnastique de Moissac, poursuivi pour des attouchements entre 2013 et 2018, sur des fillettes de 6 à 12 ans, auxquelles il donnait des cours.
Au total, ce sont 11 petites victimes qui ont été recensées, à Moissac et dans les villages alentour de Lavilledieu-du-Temple, Castelsarrasin et Montesquieu : leurs 22 parents se sont portés partie civile avec elles dans ce procès.
Il écope de 2 ans de prison, dont 18 mois avec sursis.
Sanctions multiples
Les trois juges ont reconnu Gilles Lejeune, 57 ans, coupable de tous les faits qui lui étaient reprochés. Sa condamnation à 2 ans de prison s'articule sous de multiples formes :
- il écope de 6 mois de prison ferme qu'il effectuera à domicile sous la forme du port d'un bracelet électronique
- il est également condamné à 18 mois de prison avec sursis simple (donc sans mise à l'épreuve)
- en revanche, il est astreint à 3 ans de suivi socio-judiciaire : s'il ne s'y soumet pas, il écopera d'une peine d'un an de prison
- il fait l'objet d'une injonction de soins
- il sera inscrit dans le fichier des délinquants sexuels
- il lui est interdit d'exercer auprès d'enfants mineurs, que ce soit à titre professionnel ou bénévole
- il est également condamné à indemniser ses onze victimes : 1 000 euros pour chacune et 500 euros pour chacun de leurs parents
- à ces 22 000 euros s'ajoutent 500 euros pour chaque partie civile en remboursement des frais de justice
- enfin il devra également indemniser le "préjudice matériel", par exemple les consultations de soins psychologiques, sur factures.
Un jugement de compromis ?
Il s'en tire plutôt à bon compte : le tribunal a décidé de ne pas faire de différence entre les parties civiles, même si les faits reprochés n'étaient pas tous identiques. C'est une sorte de "jugement de compromis", mais au bout du compte, il est finalement plutôt satisfaisant pour les victimes et leurs familles. Au vu de ce jugement, il ne devrait pas faire appel de sa condamnation.
Les actes commis par Gilles Lejeune se sont produits entre 2013 et 2018 : originaire de Dieppe en Normandie, il a d'abord exercé en tant qu'éducateur sportif à Valence d'Agen. Des "gestes déplacés" dénoncés par certains parents d'élèves ont conduit la mairie à mettre fin à son contrat, sans que pour autant ses agissements n'aient été signalés à la justice.
Deux ans plus tard, c'est dans le cadre d'une association de Cazes-Mondenard, à 30 kilomètres de là, que ces faits se renouvellent : des mains "baladeuses" sur des parties sexuelles de l'anatomie de ses jeunes élèves - uniquement des filles - qui amènent leurs parents à demander son éviction.
Un soir de février 2018
Il a fallu attendre février 2018 pour qu'une fillette du village de Montesquieu près de Moissac, âgée de 8 ans, déclare à ses parents qu'elle refusait d'aller au cours de gym de ce professeur, parce qu'il la touchait aux fesses, la caressait sur tout le corps, et lui mettait même la main dans le pantalon.
De fil en aiguille, ce sont au total huit familles du village qui ont découvert que leurs enfants étaient victimes des mêmes agissements. Elles ont porté plainte, Gilles Lejeune a été placé en garde à vue puis mis en examen pour agressions sexuelles sur mineures de 15 ans.
Les enquêteurs ont découvert qu'il détenait environ 1 500 images pédopornographiques sur son ordinateur : de quoi le qualifier clairement de prédateur sexuel.
Chronique de la pédophilie ordinaire
Son mode opératoire entre tout à fait dans la catégorie de ce qu'on pourrait appeler la "pédophilie du quotidien".
"Ce n'est pas un primo-délinquant, même si on ne peut pas parler de récidive, seulement de réitération, parce qu'il n'avait pas été pris avant", explique Me Tempels Ruis.
Notre regret, c'est qu'il n'ait pas été dénoncé avant. Il ne faut pas banaliser ces agissements : nous espérons que le fait que nous soyons allés jusqu'au bout de notre combat donnera l'exemple à d'autres familles. La procédure est longue et douloureuse mais elle est nécessaire. Et les dégâts sur nos enfants mettront des années à guérir.
La fédération française de gymnastique devrait s'appuyer sur ce jugement pour prononcer à l'encontre de cet éducateur sportif une interdiction d'exercer à vie.
Des affaires d'agissements de prédateurs sexuels touchent non seulement le secteur de la gymnastique féminine, mais aussi du patinage artistique et de la natation. Même dans le milieu du football, des langues commencent à se délier, la parole à se libérer.