Un mois après avoir été accusé de viols sur une mineure, commis il y a 40 ans, Jean-Michel Baylet a nié ces faits dans une interview publiée dans le quotidien La Dépêche. Son accusatrice Nathalie Collin lui a répondu dans "le petit journal" du Tarn-et-Garonne, et maintient ses accusations.
L'affaire avait été révélée par l'Agence France Presse avant que France 3 Occitanie et Médiapart ne donnent plus d'explications et de détails sur cette histoire. Jean-Michel Baylet a été entendu le jeudi 25 février par la brigade de protection des mineurs après le dépôt d'une plainte pour viols et agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par Nathalie Collin, 52 ans, fille de l'ancien sénateur du Tarn-et-Garonne, Yvon Collin.
Jean-Michel Baylet accusé de viol : Nathalie Collin veut que "la honte change de camp"https://t.co/dLUvjS7VJW pic.twitter.com/XLMWF5UC0m
— franceinfo (@franceinfo) March 10, 2021
Un mois après avoir été accusé de viols sur une mineure de 12 ans, au début des années 80, il y a donc plus de 40 ans, Jean-Michel Baylet nie ces accusations dans une interview publiée dans le quotidien "La Dépêche" vendredi dernier 26 mars : un journal dont il est le PDG et l'un des propriétaires.
Pour l'élu et patron de presse, cette procédure judiciaire n'est qu'un règlement de comptes de la part d'un ancien "ami de la famille", Yvon Collin, ancien maire de Caussade et sénateur du Tarn-et-Garonne, devenu depuis quelques années un adversaire politique.
L’objectif est clair : à travers elle, cet homme veut me détruire, et l’entreprise de destruction commence par tenter de compromettre ma participation aux prochaines échéances électorales (...). Yvon Collin a été condamné en octobre 2019 pour « trafic d’influence ». Pour une raison qui m’échappe totalement, il est persuadé que je suis à l’origine de la saisine de la justice, alors qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. La justice a fait son travail, mais il cherche un coupable. Je savais qu’il voulait m’atteindre par tous les moyens, il n’en a jamais fait mystère, mais je n’imaginais pas qu’il emploierait les plus indignes.
D'amis à adversaires
En effet, bien qu'ayant été son directeur de cabinet au début de sa carrière, puis lui aussi élu du PRG (parti radical de gauche), Yvon Collin a contribué - lors des élection départementales de mars 2015 - à faire perdre la présidence du Tarn-et-Garonne à celui qui occupait ce siège depuis 8 mandats.
Depuis lors Yvon Collin a été condamné pour "trafic d'influence" à 2 ans de prison et 5 ans d'inéligibilité, jugement confirmé par la Cour d'Appel de Lyon mais invalidé en janvier dernier par la Cour de Cassation : il devra être rejugé par une autre Cour d'Appel. L'ancien sénateur est persuadé que Jean-Michel Baylet est à l'origine de ses ennuis judiciaires et de la fin de sa carrière politique.
Des week-ends et un bateau
Nathalie Collin, l'accusatrice de M. Baylet, kinésithérapeute âgée de 52 ans et fille d'Yvon Collin, lui a répondu ce lundi 29 mars dans une lettre intitulée "le temps n'excuse pas le crime" et publiée par "le petit journal" du Tarn-et-Garonne : elle y maintient ses accusations et appuye sur certains détails qui, selon elle, les confirment.
Le crime a bien eu lieu : j’ai été violée alors que j’étais une enfant de 12 ans, et ce, durant près de deux ans. De nombreux documents, photos, témoignages de l’époque, lieux, détails anatomiques fournis à la brigade des mineurs corroborent mes propos. Ce n’est pas de la calomnie. C’est simplement mon histoire, celle que je porte encore douloureusement quarante après les faits.
Dans la suite de son texte pour appuyer son propos, Nathalie Collin détaille les actes qu'elle aurait subi alors qu'elle n'avait que douze ans. Des photos auraient été fournies à la brigade des mineurs ne laissant, selon elle, "place à aucun doute quant à la nature de la relation qu’il m’a imposée". Quant aux accusations de complot politique, elle les réfute en bloc.
Je ne suis la marionnette de personne. J’ai 52 ans aujourd’hui et les querelles et conflits entre mon père et M. Baylet ne sont pas mon sujet. C’est bien moi qui aie pris la décision de porter plainte. C’est une décision mûrement réfléchie et pour laquelle je n’ai subi aucune influence. La démarche que j’accomplis aujourd’hui, et qui est difficile, je la fais pour moi et uniquement pour moi.
Poursuites ou prescription
Après son audition, Jean-Michel Baylet, toujours présumé innocent, est ressorti libre affirmant avoir apporté des réponses satisfaisantes aux questions des enquêteurs pour étayer ses dénégations. M.Baylet assure qu'il ne cédera pas à ce qu'il considère comme de "la calomnie".
De son côté, Nathalie Collin maintient ses accusations. Même si elle sait que les faits qui la concernent sont prescrits, elle espère aujourd'hui que sa "démarche permettra également de donner de la force à d’autres victimes de parler parce que c’est indispensable pour "faire la paix" avec soi même, pour se reconstruire. Le traumatisme ne bénéficie pas de prescription dans la vie d’une victime".