Excédés par des dégagements nauséabonds et nocifs d'ammoniaque, des habitants de Lescout dans le Tarn manifestent ce jeudi 29 juillet devant la préfecture à Albi. Ils protestent contre le permis de construire accordé à l'extension d'un poulailler qui compte déjà plus de 200 000 poules pondeuses.
Non seulement les odeurs sont pestilentielles à plus de 700 mètres, mais en plus elles sont le résultat d'un dégagement d'ammoniaque, un gaz des plus nocifs pour la santé humaine.
A Lescout dans le Tarn, les habitants sont éxcédés par la présence d'un poulailler, qui compte déjà plus de 200 000 poules pondeuses.
Les écoliers privés de récré
Depuis son implantation en 2011, au gré des vents, l'odeur nauséabonde des déjections de ces volailles leur rend la vie parfois franchement insupportable : c'est au point que l'institutrice de l'école du village préfère parfois garder ses élèves en classe, plutôt que de les laisser sortir dans la cour de récréation.
Malgré l'opposition du conseil municipal du village, la communauté de communes a accordé à l'entreprise un permis de construire pour une nouvelle extension de ses bâtiments, afin d'accueillir 30 000 poules pondeuses supplémentaires, soit 15% de plus.
Alerter le préfet
Pour protester contre cette décision, validée en juin dernier, une importante fraction des 700 habitants que compte la petite commune a manifesté ce jeudi 29 juillet devant la préfecture du Tarn, à Albi.
Il faut savoir que l'ammoniaque est un gaz (de formule chimique NH3) irritant pour les yeux et le système respiratoire humain : il provoque la plupart du temps des irritations, les yeux qui pleurent, l'inflammation de la gorge, des bronches et des poumons voire des vomissements.
Des risques de cancer
A un haut degré de concentration, il peut entraîner des conséquences bien plus graves pour la santé : un expert de l'organisme "Santé Publique France" - désigné par le tribunal d'Albi - a rédigé en 2018 un rapport, dans lequel il écrit que le taux de cancers dans le village a été multiplié par 4 dans un délai de 30 ans par rapport aux communes environnantes.
Depuis lors, l'entreprise "Galles" a obtenu de cette juridiction que ce rapport soit invalidé, au prétexte que l'expert en question n'en avait pas préservé la confidentialité.
Objectif : analyser l'air
Depuis la création de leur collectif, les habitants ne cessent de réclamer la mise en place de capteurs, pour la réalisation de l'analyse de la qualité de l'air ambiant : cette démarche a été actée en novembre 2020.
Pour autant, le permis de construire, qui a été accordé pour l'extension de cet élevage, l'a été avant que des dispositions concrètes ne soient prises, pour que cette analyse soit effectuée.
Cest la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de la contestation : à l'occasion du rassemblement devant la préfecture du département du Tarn ce jeudi, une délégation doit être reçue par le sous-préfet et Secrétaire Général, en l'absence du préfet en titre, pour cause de congés.
La demande d'oeufs en forte hausse
Cette manifestation toute pacifique, s'appuyant essentiellement sur le déploiement de banderoles, est le point d'orgue d'une mobilisation qui ne cesse de s'amplifier depuis quatre ans.
Pour autant le "poulailler" en question - baptisé "ferme-usine" par les habitants du village - respecte les normes : il élève des poules "en batterie" mais aussi "au sol" et même en plein-air ; sa production s'élève à 5 millions d'oeufs par an et c'est pour faire face à l'accroissement de la demande - alors que la consommation générale de viande est en baisse en France - que cette extension a été demandée.