La justice doit rendre ce jeudi son jugement dans l'affaire qui a coûté la vie à un père de famille, mort d'un surdosage médicamenteux. Son ophtalmologiste et son pharmacien sont poursuivis.
Le tribunal correctionnel d'Albi rendra ce jeudi son jugement à l'encontre d'un ophtalmologiste et d'un pharmacien. Ils sont poursuivis après la mort d'un patient, père de deux enfants, à la suite d'une surdose de médicaments.
La victime avait contracté en octobre 2014 la toxoplasmose, maladie parasitaire acquise au contact des chats ou par la viande mal cuite. Cette maladie est généralement bénigne, même si elle est redoutée des femmes enceintes non immunisées.
Jugés pour homicide involontaire
David Combes, 34 ans, était directeur d'école à Trébas (Tarn), il avait deux enfants de 18 mois et 4 ans et allait se marier. Son ophtalmologiste albigeois Henri-Philippe Fabre, médecin reconnu par sa profession et aujourd'hui retraité et Pierre Gausserand, pharmacien à Arthès (Tarn), sont jugés pour homicide involontaire.
Le procureur d'Albi Pascal Suhard a requis contre l'ophtalmologiste huit mois de prison avec sursis et contre le pharmacien un an de prison avec sursis
avec interdiction d'exercer pendant six mois.
Deux erreurs
L'ophtalmologiste a reconnu ses erreurs à l'audience du 16 octobre, qui s'est tenue quatre ans, jour pour jour, après la mort du jeune père de famille. Une première inversion du dosage de deux médicaments a été faite sur l'ordonnance de l'ophtalmologiste, début octobre 2014.
Une deuxième erreur a été faite par l'ophtalmologue quand son patient est revenu consulter trois jours après pour de graves effets secondaires. Le médecin n'a pas revérifié l'ordonnance et n'a pas vu son erreur de prescription.
8 fois la dose prescrite
Il a conseillé à son patient de continuer le traitement. Ce qui lui a été fatal. Le pharmacien a douté mais a délivré les médicaments prescrits. A l'audience du 16 octobre, le pharmacien s'est réfugié derrière "la Bible" médicale, le Vidal :
"J'ai consulté le Vidal car je n'avais jamais délivré du Malocide"
mais il n'a pas su expliquer pourquoi il n'a pas vu le surdosage. La dose de Malocide était 8 fois supérieure à la dose couramment prescrite.
Le juge avait longuement questionné le pharmacien: "vous n'avez pas appelé le docteur Fabre? C'était le minimum et maintenant, vous dites ne pas avoir commis d'erreur !
"Si votre rôle de pharmacien, c'est juste ouvrir le Vidal, on peut tous être pharmacien !"
Le procureur d'Albi a également eu des mots très durs à l'audience en expliquant au pharmacien "qu'il n'avait servi à rien et surtout qu'il n'avait respecté aucune des obligations de sa profession".
Me Sophie Ruffié, avocate du pharmacien, a durant sa plaidoirie de relaxe expliqué qu'il "avait fallu cette affaire pour réformer en 2016 le dosage maximal du Malocide dans le Vidal".
La relaxe plaidée
Me Ruffié pour le pharmacien et Me George Cathala pour l'ophtalmologiste ont, tous deux, plaidé la relaxe pour leur client. Selon eux, il n'y a pas de faute pénalement sanctionnable dans cette affaire.