Alors que Guerric Jehanno est jugé en appel à partir de lundi 15 novembre par la cour d’assises de Haute-Garonne dans la disparition d'Amandine Estrabaud, Cédric Jubillar et ses avocats demandent mardi 16 novembre sa remise en liberté dans le dossier Delphine Jubillar.
Condamné il y a un an à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre et le viol d’Amandine Estrabaud, disparue en 2013 dans le Tarn, Guerric Jehanno est jugé en appel à partir de ce lundi par la cour d’assises de Haute-Garonne. Mis en examen dans la disparition de sa femme Delphine, Cédric Jubillar va lui demander mardi 16 novembre sa remise en liberté.
Deux suspects dans deux affaires qui présentent de nombreuses similitudes. Deux femmes, Amandine Estrabaud 30 ans et Delphine Jubillar 33 ans, disparues à une trentaine de kilomètres l'une de l'autre à vol d'oiseau, dans le département du Tarn, à quelques années d'intervalles (7 ans) sans que leurs corps n'aient jamais été retrouvés, et sans l'existence de véritables preuves matérielles.
Deux disparitions dans le Tarn en sept ans
C'est le 18 juin 2013 qu'Amandine Estrabaud, 30 ans, disparaît de son domicile de Roquecourbe, dans le Tarn. Sur place, les gendarmes découvrent que la porte de sa maison est restée ouverte. Des traces d'un véhicule, des chaussures de la jeune femme et ses boucles d'oreilles sont retrouvées à proximité de l'habitation.
Sa voisine rapporte avoir vu arriver la jeune femme à bord d'un fourgon blanc, accompagnée d’un homme, qu'elle ne distingue que de dos. Il est à peine plus grand qu’Amandine Estrabaud d’un gabarit charpenté, les cheveux châtain clair et porte un pantalon de chantier avec une bande orange. Cette description et les aveux en détention à plusieurs codétenus feront de Guerric Jehanno, maçon originaire de Roquecourbe, le principal suspect de cette affaire. Le corps d'Amandine Estrabaud n'a jamais été retrouvé et aucune preuve matérielle n'est venue étayer cette hypothèse.
Sept ans plus tard, Delphine Jubillar se volatilise dans la nuit du 15 décembre 2020, à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, à cinquante kilomètres du domicile d'Amandine Estrabaud. L'attention se porte très rapidement sur son mari, Cédric. En instance de séparation, le plaquiste est soupçonné par la justice d’être l’auteur du meurtre de sa compagne. La séparation tendue en raison de l'existence d'un amant, une voiture déplacée la nuit de la disparition de Delphine Jubillar, les menaces et le comportement de Cédric Jubillar à l'encontre de sa femme pèsent dans le choix des juges d'instruction. Là encore, le corps de la mère de famille n'a pas été retrouvé. Aucun indice factuel n'est venu corroborer la responsabilité de son mari dans son enlèvement.
Un tueur dans la région ?
Des points communs que Maître Simon Cohen, avocat de Guerric Jehanno, a souligné à la veille du procès en appel de son client. "Il n’y a aucune info nouvelle donc, mais un fait divers mérite de retenir l’attention, et qui permet de ne pas exclure une hypothèse, à savoir que peut-être un tueur évolue dans la région" a déclaré à la Dépêche du Midi, l'avocat toulousain avant de rajouter :
"Ce qui est absolument exceptionnel dans l’affaire Estrabaud, c’est que plus de 8 ans plus tard, malgré des recherches minutieuses, très longues et approfondies, il n’a pas été retrouvé un seul indice indiscutable qu’Amandine est morte. Et je pense que nous sommes face à un cas à peu près unique dans les annales judiciaires françaises (...) "Généralement, même quand on ne découvre pas le corps, on met en évidence des indices indiscutables, des brides de vêtements, de cheveux etc. Dans cette affaire, il n’y a rien."
Cédric Jubillar n'a pas avoué
Une comparaison entre les deux affaires que n'a jamais voulu faire le conseil de Cédric Jubillar, Maître Jean-Baptiste Alary. Le département du Tarn offre par son histoire, comme les mines de Carmaux, et sa géographie, comme ses nombreuses forêts, ses cours d'eau et ses montagnes, des lieux pour cacher des corps.
Au contraire de Guerric Jehanno, Cédric Jubillar n'a jamais avoué et a toujours clamé son innocence. Mis en examen dans la disparition de sa femme Delphine, il va d'ailleurs demander mardi 16 novembre sa remise en liberté.
Se remémorant, peut-être, que dans une autre histoire de disparition, mais cette fois-ci à Toulouse, Jacques Viguier, après neuf mois de prison et avoir nié farouchement les faits, a été remis en liberté et acquitté par deux fois devant la cour d'assises dans la disparition de sa femme, Suzie Viguier, le 27 février 2000.