Confinement : les mairies du Tarn, ayant pris des arrêtés pour autoriser les commerces à ouvrir, font marche arrière

Dans le Tarn, les municipalités ont multiplié ces derniers jours les arrêtés pour maintenir l’ouverture des commerces de proximités. Mardi 3 novembre dans la soirée, plusieurs d'entre elles annoncent faire marche arrière.

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La fronde des maires du département du Tarn contre la fermeture des commerces avait mis la préfecture sous pression. Mais la tendance s'est inversée dans le courant du mardi 3 novembre. 

C'est tout d'abord la maire d’Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil qui après avoir annoncé l’adoption d’un arrêté, s’est rétractée, préférant adresser un courrier au premier ministère Jean Castex afin de :

" réexaminer cette mesure de fermeture des commerces dits " non essentiels" en demandant à ces commerces de veiller à ne pas accueillir un nombre de personne supérieur à celui permettant de réserver à chacun une surface de 4 m2(...) Le confinement ne saurait être un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage mais une réponse différenciée à une crise globale qui emporte la plus large adhésion de nos concitoyens."

Un peu plus tard, c'est le maire de Lavaur, Bernard Carayon qui tout en décidant de "maintenir les arrêtés" invite " avec regret, et à partir de demain, les commerçants et les salles de sport concernés, à ne pas prendre le risque d’une contravention (à supposer qu’elle soit légale !). Ils ont assez de difficultés financières comme cela ".

Pourtant, ces derniers jours, les municipalités tarnaises ont multiplié les arrêtés pour maintenir l’ouverture des commerces de proximités. Le maire de Lavaur avait ainsi décidé de signer pas moins de quatre actes administratifs pour s’opposer à la décision du gouvernement de fermeture des commerces qualifiés de "non essentiels".

Les maires des communes du Bout du Pont de l’Arn, de St Juery, de Mazamet avaient pris des mesures similaires. En Ocitanie, une dizaine de communes sont concernées.
Face à cette hémorragie, la position de la préfecture a été claire, les arrêtés seront déférés devant le tribunal administratif "car ils sont considérés comme illégaux" :
 

A chaque arrêté on défèrera et la justice dira si c’est le décret pris jeudi par le gouvernement qui reste supérieur à l’arrêté municipal.

Frédéric Roussel, directeur de cabinet de la préfète du Tarn


Camille Chaize, porte parole du ministère de l'intérieur soulignait ce samedi qu'un décret pris par le gouvernement ne pouvait se soustraire à un arrêté municipal, le décret actuel n'ayant pas vocation a être modifié.
 

Des arrêtés qui exposent les commerces à des amendes

Le directeur de cabinet de la préfète du Tarn, Frédéric Roussel, avait rappellé que "les commerçants qui souhaitent ouvrir s’exposent à des sanctions", la première amende est fixée à 135 euros avec une fermeture immédiate de l'établissement. En cas de récidive la note peut être majorée et se chiffre à plusieurs milliers d'euros."Par ces arrêtés, les maires exposent leurs commerçants à l’amende".

Des maires qui eux, assuraient pourtant, ne pas craindre la sanction.
 
Le maire de Lavaur, Bernard Carayon, assurait que ses arrêtés étaient destinés "à rétablir des conditions d’équité dans la vie commerciale, et la liberté d’accès aux activités sportives et culturelles de Lavaur".
 

Favoriser les petits commerces

Dans le Tarn, il y a "trois fois moins de malades qu’ailleurs. Nous n’avons  pas observé de cluster dans les petits commerces" argumentait Bernard Carayon.

On reste dans le cadre du confinement dans le respect de précautions sanitaires renforcées, mais au lieu de conduire des bataillons de clients dans les grandes surfaces on favorise la consommation dans les petits commerces de la ville. Il y  a beaucoup moins de proximité dans un commerce que dans un grand magasin où les gens entrent un par un et où les conditions sanitaires sont optimales.

Bernard Carayon, maire de Lavaur

De son côté, le directeur de cabinet de la préfète du Tarn avait rappelé les chiffres de l’agence régionale de santé (ARS), "dire qu’il y a moins de contamination dans le Tarn qu’ailleurs n’est pas un argument, les taux d’incidences sont là pour le prouver, le coronavirus circule malheureusement, lundi 2 novembre on comptabilisait dans le département , 21 personnes en réanimation et 106 personnes hospitalisées. Le taux d’incidence est de 387 pour 100 000 habitants et il est de plus de 337 pour la ville de Lavaur, ce sont les chiffres arrêtés à ce samedi".

Pour le maire de Lavaur, "le gouvernement crée le trouble en traitant de manière illégale les commerces de proximité avec les grandes surfaces et fait la promotion du commerce en ligne. "Le gouvernement interdit les pratiques sportives alors que dans ma commune les salles de sport respectent scrupuleusement les mesures sanitaires imposées".

L'ancien député du département déplorait "le code génétique d’un gouvernement jacobin, centralisé et ultra présidentiel au mépris des collectivités locales ce qui provoque la défiance des exécutifs locaux qui eux font preuve de bon sens, en respectant les gens soucieux d’équité".

Arrêtés "électoralistes, populistes, poujadistes"

Pour l’élue de l’opposition, Pauline Albouy-Pomponne, (Lavaur Citoyenne) ces mesures prises par la municipalité n'étaient pas une bonne solution car elles brouillaient le message autour de la pandémie.

Ce n’est pas responsable ! Ce ne sont que des arrêtés électoralistes, populistes, c’est du poujadisme, cela me dérange profondément, la vocation des élus est d’accompagner les citoyens dans un monde où l’on doit apprendre avec des virus qui émergent. Là on agite le chiffon rouge, c’est l’extrême droite qui se prépare aux élections. Robert Ménard, Brigitte Barèges… on reconnait la couleur politique marquée.

Pauline Albouy-Pomponne, élue d'opposition à la mairie de Lavaur

Les "frondeurs tarnais" rentrent finalement ce soir dans le rang. 
Taux d’incidence pour 100 000 habitants des communes du Tarn
Données du 24 au 30 octobre 2020
  • 387,4 : Albi
  • 288,8 : Castres
  • 363,2 : Lavaur
  • 495,9 : Mazamet
  • 474,3 : Saint-Sulpice-la-pointe
  • 253 : Gaillac
  • 302,9 : Graulhet
Taux de positivité dans le Tarn :
  • 20% Albi
  • 20,9% Castres
  • 21,6 % à Lavaur
  • 28,9% Mazamet
  • 21,1% Saint-Sulpice-la-Pointe
  • 14,2% Gaillac
  • 18,4% Graulhet
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