Une tourbière, un chaos granitique, des cascades, le Tarn offre une mosaïque de paysages. Beaucoup sont protégés par le département depuis plus de 30 ans. 81 sites sont classés espaces naturels sensibles. Un schéma départemental va être élaboré pour permettre de poursuivre cette préservation.
Des vaches écossaises paissent tranquillement dans la tourbière. Les pieds dans les hautes herbes, ce sont elles qui entretiennent la zone humide de Canroute à Fontrieu. Un parcours pédagogique y est aménagé pour randonner et découvrir ce milieu. Et tout l’enjeu de ces espaces naturels sensibles est là : les conserver tout en assurant une gestion durable du site et permettre un accès au public. « Pour Canroute, sans l’intervention humaine, comme ici avec le pâturage avec les vaches Higland Cattle, cet espace sensible s’appauvrirait de sa biodiversité, » explique le président du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond.
Mieux comprendre ces espaces naturels
L’élaboration d’un schéma départemental va permettre d’actualiser les données sur tous ces sites sensibles, 81 au total dans le Tarn. Une feuille de route sera établie sur 4 ans.
Notre objectif est de mieux connaître, mieux protéger et mieux valoriser ces espaces
complète le président.
Des zones humides utiles au territoire
Les zones humides, par exemple, font partie de ces sites à préserver. De petites dimensions elles couvrent 0,5 % du territoire mais sont indispensables à l’écosystème. Les tourbières, comme celle de Canroute, sont de véritables « éponges ». Elles peuvent stocker de grands volumes d’eau en période humide pour les restituer en période sèche en aval.
La tourbière de Canroute, l'une des plus vaste des Monts de Lacaune, abrite ainsi 8 espèces différentes de mousses qui emmagasinent l’eau et la régulent de manière naturelle. Depuis 1998, le Conservatoire des espaces naturels en a la gestion et a installé les vaches écossaises.
Ce schéma de préservation des espaces naturels sensibles s’inscrit dans une démarche politique plus large engagée par le conseil départemental depuis plusieurs années. Le développement durable est au coeur de cette politique. En aménageant des sites naturels, en organisant la conservation des espèces fruitières anciennes, en facilitant la plantation de haies champêtres, en luttant contre les perturbateurs endocriniens ou encore en créant 4700 kms d’itinéraires de randonnées et voies vertes, le département entend faire face au changement climatique.
La vallée de Bonnan : site d’intérêt écologique de grande valeur
Ses versants secs,caillouteux, similaires au maquis méditerranéen contrastent avec le fond de la vallée, humide et verdoyant. La rencontre de ces 2 écosystèmes a fait naître un lieu à la riche biodiversité. La vallée de Bonnan au nord du Tarn, sur la commune de Milhars est classé espace naturel sensible depuis 2002. C’est également une zone de protection spéciale pour la conservation des oiseaux.L’une des particularité du site : la mégaphorbiaie. Il s’agit d’une zone humide avec de hautes herbes. L’angélique des bois est l’une de ses hôtes, elle peut atteindre 3 m de haut. On y observe également les prêles ou les salicaires ornées de leurs épis fleuris d’un rose soutenu.
Un chemin de randonnée de 4 kms permet d’arpenter ce site plein de surprises. Ainsi, au détour du chemin apparaîtra la cascade pétrifiante. L’eau s’infiltrant dans la roche dépose peu à peu du calcaire sur la mousse l’enrobant de cristal.
Des papillons rares, plusieurs espèces d’orchidées, des insectes à foison, des sangliers, renards, cerfs ou encore des rapaces, l’espace naturel abrite une faune et une flore diversifiée et abondante.
Protégée, la vallée n’est plus habitée, seuls les randonneurs, chasseurs, cueilleurs et curieux parcourent le site en toutes saisons.