Delphine Jubillar est introuvable depuis la nuit du 15 décembre 2020, à Cagnac-les-Mines (Tarn). Incarcéré depuis quatre mois, son mari, Cédric, est entendu vendredi 15 octobre 2021 par les juges d’instruction en charge de ce dossier. Voici les cinq éléments qui font de lui, le principal suspect de la justice.
Cédric Jubillar est le principal suspect dans la disparition de son épouse Delphine, introuvable depuis la nuit du 15 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (Tarn). En instance de séparation, le plaquiste est soupçonné par la justice d’être l’auteur du meurtre de sa compagne. Incarcéré depuis quatre mois à l’isolement, le Tarnais est sorti de sa cellule afin d’être entendu par les deux magistrats instructeurs. Un rendez-vous que ses avocats appréhendent avec « sérénité ». Mais quels sont les « indices graves et concordants » qui valent à Cédric Jubillar d’être mis en examen pour « meurtre aggravé sur conjoint »? Voici cinq éléments de réponse.
1-Une séparation source de tensions
Delphine et Cédric Jubillar étaient en instance de séparation. Une situation génératrice de conflits concernant notamment la question de l’argent. Comme l’a évoqué la Dépêche du Midi, l’infirmière tarnaise a le jour de sa disparition, le 15 décembre, eu un rendez-vous au sein de son agence bancaire, située à Albi (Tarn), afin « de demander le changement des codes secrets de sa carte bleue afin de priver son époux de son utilisation ». Un acte qui aurait provoqué un « clash », comme l’aurait reconnu lui-même Cédric Jubillar, lors de sa première audition devant les gendarmes.
L’existence d’un amant de Delphine Jubillar était semble-t-il également connu de Cédric Jubillar. Comme rapporté par Le Parisien, plusieurs captures d'écran du soupirant de l’infirmière étaient enregistrées sur le portable de l’artisan-plaquiste. Une autre source de conflit entre les deux Tarnais. Le soir du 15 décembre, la mère de famille correspondait via son téléphone avec l’homme du Tarn-et-Garonne avec lequel, elle envisageait de refaire sa vie. Les disputes, parfois violentes, se seraient multipliées au cours des semaines précédentes.
"Cédric Jubillar vivait très mal la séparation et tentait de reconquérir son épouse, expliquait le 18 juin 2021 le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzeari. Il pouvait se montrer agressif, y compris avec ses enfants. Il a mis en place une véritable surveillance de son épouse, essayant même de la géolocaliser."
Retrouvez la conférence de presse du procureur de Toulouse, le 18 juin 2021 :
2-La voiture déplacée
Chaque soir, en revenant du travail, Delphine Jubillar garait sa voiture "dans la montée". Une habitude confirmée par les voisins auditionnés par les enquêteurs. Pourtant, au lendemain de sa disparition, le véhicule était placé dans le sens inverse. Il pourrait avoir été déplacé dans la nuit du 15 décembre.
Le 18 juin, lors de la mise en examen de Cédric Jubillar, l'ancien procureur de Toulouse expliquait : "De plus, les gendarmes ont constaté que la vitre côté conducteur était ouverte et qu’il y avait de la condensation. Pour l’expert spécialiste, la condensation correspond au fait d’une présence humaine dans le véhicule."
Élément, pouvant paraître, à décharge : Cédric Jubillar n'a pas le permis de conduire.
3-Le témoignage du fils
Agé de 7 ans, Louis, le fils de Cédric et Delphine Jubillar, est l'un des témoins clés de cette affaire. Ses déclarations, jugées "nuancées" et "crédibles", évoquent ce qui peut être "assimilé à une dispute", comme l'a déclaré à la Dépêche du Midi, l'avocat des enfants du couple. Interrogé deux fois en un mois. Louis aurait rapporté la volonté exprimée par ses parents, le soir du 15 décembre, de se séparer mais reconnait "n'avoir rien vu".
4-La couette et la machine à laver
La scène parait incongrue. Le 16 décembre, à 5 heures du matin, Cédric Jubillar effectue une machine à laver lors de l'arrivée des gendarmes. À l'intérieur de la machine, une couette qui n'est autre que celle de Delphine Jubillar. Pour justifier cette tâche ménagère matinale, le père de famille explique que les chiens auraient sali la couette.
Les enquêteurs attendront fin juillet avant de se décider à analyser ce qu'ils considèrent comme un "élément à charge".
L'expertise réalisée sur l'eau de la machine à laver n'a révélé aucune trace de sang ni d'urine. Les analyses de la couette ne sont toujours pas connues.
5-Les menaces et le comportement de Cédric Jubillar
"Elle m'énerve. Je vais la tuer, je vais l'enterrer et personne ne la retrouvera." Cette phrase aurait été tenue par Cédric Jubillar à l'un de ses proches, quelques jours à peine avant la disparition de l'infirmière de 33 ans. Des propos qui pèsent lourd sur la perception de l'artisan-plaquiste par la Justice.
Son comportement, très agressif et provocateur, vis à vis des amies et des collègues de sa femme, depuis sa disparition, n'a pas joué en sa faveur. Son importante consommation de cannabis, sa relation avec une nouvelle femme quelques semaines à peine après la disparition de Delphine Jubillar, et une forme de désinvolture face à sa situation judiciaire semblent également jouer en sa défaveur.
Au point où sa propre mère, Nadine F, affirmera aux journalistes de 100% Radio, être persuadée de la culpabilité de son fils, avant de se rétracter.
Les avocats de Cédric Jubillar rejettent ces informations qui ne sont pas pour eux des preuves. Tous soulignent l'absence d'éléments matériels et rappellent que depuis le début de cette affaire, Cédric Jubillar clame de façon constante son innocence.