Face au loup dans le Tarn, des éleveurs de brebis réclament la possibilité de faire des tirs de défense

Les attaques répétées de loups dans le Tarn inquiètent les éleveurs de brebis de la vallée du Thoré. Ils demandent l'autorisation de procéder à des tirs de défense.

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Les attaques répétées de loups dans le Tarn inquiètent les éleveurs de brebis de la vallée du Thoré. Dans cette zone rurale du sud du Tarn, limitrophe de l'Hérault et de l'Aude, les éleveurs lancent un appel à l'Etat pour que des tirs de défense puissent être opérés à l'encontre du loup quand il s'approche des troupeaux.

Le 17 décembre dernier, une réunion organisée à Saint-Amans-Valtoret (81) rassemblait une soixantaine d'éleveurs, la Direction Départementale des Territoires (DDT), l'Office Français de la Biodiversité (OFB), Fédération des chasseurs et élus du département pour faire le point sur la présence du loup dans la vallée du Thoré et ses conséquences sur l'élevage.    

30 attaques de loup en 2021

Il apparait selon l'OFB, qu'en 2020, trois constats d'attaques de loup ont été répertoriés dans le Tarn. Au 1er décembre 2021, ce chiffre a été multiplié par 10. Sur ces 30 constats, la moitié serait attribuée aux loups et l'autre moitié serait d'origine indéterminée.

Philippe Jougla est président de la Fédération Régionale des Syndicats des Exploitants Agricoles d'Occitanie (FRSEA). Il estime que ces chiffres sont sous évalués. "Quand quatre brebis sont croquées, un seul constat est établi, mais à chaque attaque une à cinq brebis sont concernées".  De plus, toutes les attaques d'animaux d'élevage ne sont pas répertoriées car tous les agriculteurs ne déclarent pas systématiquement les pertes. Dans ce département rural beaucoup d'habitants ont des brebis tondeuses sur leurs propriétés. Des animaux d'agrément, selon Philippe Jougla, qui amplifient l'appétit du loup pour les animaux domestiques. Les attaques de ces moutons quand elles surviennent, ne font pas l'objet d'un constat.

La nécessité de protéger les troupeaux passe selon lui par l'adoption de mesures efficaces pour éloigner le loup des élevages.   

Quatre étapes pour utiliser un fusil face au loup 

Pour la protection des troupeaux face aux grands prédateurs, on distingue plusieurs étapes énonce Philippe Joucla :

  • les tirs d'effarouchement. Ils sont autorisés partout dans le département du Tarn. "On tire en l'air mais avec des balles en caoutchouc".  
  • le tir de défense simple qui autorise à tirer en direction du loup pour tenter de le tuer. 
  • La troisième étape consiste à être toujours en défense autour du troupeau mais dix personnes sont présentes en battue et on essaye de tuer le loup. 
  • Et enfin la quatrième : le préfet coordinateur du loup à Lyon autorise le prélèvement de ce loup. Dans ce cas, les louvetiers peuvent le chasser et le traquer.

"L'étape qui intéresse les éleveurs est la deuxième, indique le président régional du syndicat, où en présence du troupeau, on a le droit de tirer sur le loup. Pour cette étape, il faut soit être chasseur et détenir un permis de chasse en règle soit désigner un chasseur à qui on va déléguer son droit à se défendre et qui viendra faire quelques rondes. S'il voit le loup à proximité du troupeau, il peut lui tirer dessus. Cette étape, dans la vallée du Thoré, les éleveurs (essentiellement de vaches allaitantes et de brebis à viande) ne peuvent le faire qu'en deuxième intention, seulement après avoir pris les mesures de protection après avoir été attaqués. Par mesures de protection on entend la pose de clôtures électriques ou la présence de chiens patou auprès des animaux".

La profession demande que les éleveurs de la vallée du Thoré puissent accéder à cette deuxième étape avec l'accord de l'administration.

Des réglementations distinctes

Cette autorisation par arrêté préfectoral de procéder à des tirs de défense est déjà mise en oeuvre dans les monts de Lacaune, situés en zone de production de lait pour l’appellation Roquefort. Avant l'attaque des troupeaux, les éleveurs de brebis de Lacaune peuvent procéder à des tirs de première intention de défense s'ils possèdent un permis de chasse ou confier cette mission à un chasseur détenteur d'un permis.  

"Séparer le sauvage du domestique"   

De Lacaune au Pic de Nore, l'Office Français de la Biodiversité (OFB) recense entre trois et quatre loups, établis sur ce secteur entre 2014 et 2020. Selon le président de la FRSEA, un loup ou deux auraient un comportement déviant puisqu'ils ne chasseraient plus le chevreuil mais uniquement le mouton. Un problème pour les éleveurs qui demandent que ces individus soient abattus et que l'éleveur puisse procéder aux tirs de défense. "Il faut séparer le sauvage du domestique, affirme Philippe Jougla, ce qui est important c'est qu'à l'approche du troupeau le message de danger soit intégré par le prédateur et qu'il essaye de manger autre chose". La situation des éleveurs reste suspendue à un arrêté national rédigé par le préfet coordinateur du loup à Lyon. Ils attendent la signature de cet arrêté au 1er Janvier 2022.  

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